Alors que l'auteur de ce blog continue à négocier pour la publication de son livre "l'écologie au service de l'économie", il entame par cet article, un nouveau travail de rédaction autour de la notion centrale d'Urbaculture. Cet article a pour objectif d'en définir le sens, les articles suivants permettront de préciser les différentes composantes de ce nouveau concept.
Le mot d'Urbaculture s'inspire de celui de permaculture. Ce mot-valise,a été inventé par les australiens Mollison et Holmgren en 1978. Il désigne un mode d'agir et un art de vivre qui cherche à concilier culture de la terre, habitat et aménagement du territoire, dans une logique systémique qui travaille sur les interactions entre les différentes éléments d'un écosystème et sur la place de l'homme dans son environnement.
La permaculture n'est pas une science, dans la mesure où elle ne s'appuie pas sur la méthode scientifique, mais plutôt une démarche empirique et pragmatique qui s'appuie sur une éthique et des grands principes. Le permaculteur Rob Hopkins initie, à partir de 2005, le mouvement des villes en transition qui change l'échelle de la réflexion: la permaculture avait, au début, travaillée autour de la maison, Hopkins l'élargi à la ville, cherchant, face à la double menace du pic pétrolier et du déréglement climatique, à créer des communautés résilientes.
Le concept d'Urbaculture vise à chercher une échelle intermédiaire entre la ville et la maison, autour du système de l'immeuble. Pourquoi ce choix?
La dynamique de la ville en transition s'intéresse à une notion, celle de la ville, qui est celle de l'action politique. Même si Hopkins insiste sur l'importance de l'implication citoyenne, cette échelle n'est pas forcément pertinente car elle n'est pas celle où peuvent agir la grande majorité des habitants de façon concrète.
D'autre part, la maison individuelle entourée par un jardin n'est plus le lieu de vie de la grande majorité de nos concitoyens. Au XXéme siècle, exode rurale et augmentation des populations se sont conjugés pour que la très grande majorité de nos populations vivent dans le monde urbain, dans des ensembles collectifs, les immeubles. La fin prévisible des hydrocarbures va favoriser les processus de densification au détriment des dynamiques d'étalement urbain.
Le principal lieu, enjeu de la résilience collective, d'adaptation aux bouleversements à venir, sera celui de la vie de la majorité de nos concitoyens: l'immeuble. Comme l'adapter et le faire évoluer pour qu'il nous permette de conserver notre qualité de vie dans les décennies à venir? Comment construire des stratégies collectives qui facilitent son évolution?
L'urbaculture vise à inventer des démarches et des méthodes qui nous permettent de considérer l'immeuble comme un système complexe dont on va travailler les interactions pour adapter ce lieu de vie aux enjeux du siècle qui débute: comment le faire évoluer pour qu'il s'adapte aux déréglements climatiques et à la raréfaction des ressources de la planète?
Les prochains articles permettront d'abord de préciser l'intérêt de mener ce travail. Il faudra ensuite décrire précisement les différents éléments de la démarche de l'Urbaculture, en explorant successivement les aspects technologiques d'aménagement de l'immeuble et de son environnement, puis de travailler aux démarches politiques et méthdologique nécessaires à son déploiement.
Dans le mot d'Urbaculture, le mot de culture a deux sens: il désigne à la fois la nécessité d'une agriculture urbaine qui nourrit les résidents de l'immeuble mais il précise aussi la nécessité de changer leurs mentalités pour qu'ils puissent intégrer une des idées principale de l'urbaculture: l'immeuble n'est pas seulement la juxtaposition d'habitations emboîtées. Il est aussi un système écologique, énergétique, qui doit gérer ses déchets, ses productions, et ses interfaces avec son environnement.