Magazine Info Locale
"Voilà tout et pour la prose
Il n'y a plus la prière
du matin ça tache et c'est
beau toujours dans le rétro
de la pensée du voisin
le quartier méconnaissable
désossé mais frais d'hier"
-Pierre Alferi- "Journal"
illustration: Pierre Alferi- "Enseignes"
Je suis
sous
sous,
sous
ton sous-bois.
Bois
Zique du mercredi passée au shaker multiculturel est offerte par Serge qui tape en rythme de son pied cévenol.
"Sur la crête, la vision
change. La ligne claire
de la côte ne connaît pas
ses limites,
elle qui tient tête ,
vague après vague,
au déferlement. C'est
un monde déjà
découvert, un monde
préétabli. On ne sait
de qui se méfier; Je
suis divisé,
formé,
mû. J'ai
été décidé
par avance. voyant un, deux,
trois, au-delà de six l'imagination
renonce, invente
un mot pour
chacun de ses projets. Je
pose ma ligne
là où c'est drôle, autour
des contradictions d'un,
deux, trois. Tu
es l'expression de ma
pensée nue, qui fait et
défait la
distance
entre nous. Ici,
le long de tout
et de rien. Après
ce moment qui
forme un angle
mystérieux, le coin
le plus étrange, quelque chose
est à l'affût. Son absence
anime l'arrière-plan.
Il va apparaître, si jamais
il apparaît, forme
mouvante, issue d'un
désert, d'un brouillard
désolé. La dignité
délimite notre
terrain. Nous sommes
sur un sol miné de contestations. L'existence
est terrible quand il n'y a
plus de découvertes, seulement
des révélations
Défends-moi.
Des rangées de chiffres
tirent leurs
conclusions jusqu'à ce que
pas un seul trait ne subsiste. Je
te reconnais à ton
ombre. Tu t'approches en
détours. Les mondes près
du centre échappent
à ma saisie, bien que mon
appréhension demeure. Une
ligne de mire traverse
l'un après l'autre les
objets
que j'ai aimés. Elle
n'a plus d'importance la denière
parole que je
trouverai, puisque selon toute probabilité, on
se souviendra de moi, et
qu'à coup sûr on
m'oubliera. La pupille
élimine les banalités. Les images que j'
espère
projettent sur la brume un
naufrage, des épaves. Nous
venons ensemble de
lieux
voisins, suivant
des lignes de conjecture sur des
plans supposés. Comment
détacher mon regard? Nous
éprouvons, chacun, la
peur de la perte, la peur de
la collision, et d'être
finalement
mis au rebut. Les lentilles
donnent une image
nette mais les alentours sont
flous. Quelle direction
risquer? un interminable son inarticulé,
inconnu envahit
le rivage. Ce qui
paraissait être la Vérité aidant
le Temps à lever le Voile
ressemble maintenant à la
Nuit
empêchant tout développement. Je
renonce à certaines
possibilités d'existence. Qui est
derrière moi, ne perds rien
de vue? Travaille-t-il pour
les archives nationales, tient-il
les registres d'une
compagnie? µLe bruit
est permanent, même dans
les yeux; Je
suis captivé par les bords
qui, soit
émoussés, soit effilés, définissent
jusque-là une
surface et
donnent l'impression de
la profondeur. Une absolue
mondanité est
acceptable au niveau
du microcosme; J'
aime les chansons qui
distancent leur texte et remplissent
le vide avec des la-la-la- ou
les noms des saisons et
des étoiles.
Une loi précise régit
les marées
approximativement. voir sa
propre mort, là où
les rivières remontent leur cours et les miroirs
reflètent l'envers
de l'image, demanderait
un oeil
dans le dos. Je
compte mes mots, ces
plaies toujours
en train de se fermer, toujours à vif. Ma
mémoire qui veille
n'est pas remarquable. C'est
un monde comme
donné. J'ai
refusé
tous les remèdes sauf
toi. Sur la
crête, la lumière, dure
souligne
les mouvements rapides, un
deux, trois, seule
réponde aux
courbes sans fin.
Dans mes services ridicules, j'
ai dévoilé mes
défenses. Sur moi, les rides du rire
ne s'expliquent pas; Je ne suis
pas encore dé-
fini."
-Keith Waldrop-
photo source: Toile
Le texte de Keith Waldrop et celui de Pierre Alferi ont été délicatement (enfin j'espère) empruntés à:
Tout le monde se ressemble" -Une anthologie de poésie contemporaine de Emmanuel Hocquard-Editions P.O.L.
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^[[[[[[[[[[[