Aujourd'hui, plus de 80 % de la population mondiale vit dans des pays qui utilisent plus de ressources que ce que permettent les écosystèmes de leur territoire national. On les appelle les pays " débiteurs écologiques ". Ces pays détruisent soit leurs propres ressources naturelles soit celles des autres. Il faudrait 7,1 Japons pour répondre aux besoins des japonais. Les italiens consomment quant à eux l'équivalent de 4 Italies, les égyptiens 2,4 Egyptes et les français, 1,6 Frances.
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Tous les ans, l'ONG environnementale Global Footprint Network calcule " le jour du dépassement " : la date à laquelle l'empreinte écologique de l'humanité dépasse la biocapacité de la planète à savoir sa capacité à reconstituer les ressources de la planète et à absorber les déchets, y compris le CO2. Cette date symbolise ainsi un budget disponible épuisé pour l'année.
Depuis le 19 août, l'humanité a d'ores-et-déjà dépassé son quota en ressources naturelles pour l'année 2014, soit un jour plus tôt qu'en 2013.
En huit mois, 231 jours exactement, nous avons déjà épuisé l'équivalent des ressources naturelles que peut produire la Terre en un an et allons donc devoir finir l'année "à crédit".
Depuis 2000, ce dépassement ne cesse d'avancer, selon les calculs réalisés par le Global Footprint Network. En 1961, nous n'utilisions encore que les trois-quarts de la capacité régénératrice de la Terre pour satisfaire notre consommation annuelle de ressources. Beaucoup de pays présentaient des biocapacités plus grandes que leurs propres empreintes respectives. Or, au début des années 70, un seuil critique a été franchi : la consommation de l'homme a largement pris le pas sur ce que la nature est en capacité de fournir en une année, en termes de recyclage du CO2 libéré et de production de nouvelles matières premières. C'est à cette époque-là que nous sommes entrés en situation de dette écologique.
Aujourd'hui, 86 % de la population mondiale vit dans des pays qui demandent plus à la nature que ce que leurs propres écosystèmes peuvent renouveler. Selon les calculs du Global Footprint Network, il faudrait une planète et demie pour produire les ressources écologiques renouvelables nécessaires pour soutenir l'empreinte actuelle de l'humanité. Selon ces même calculs, nous aurons besoin de deux planètes d'ici 2050 si les tendances actuelles persistent.
Quelles conséquences pour l'Humanité ?
Le fait que l'on consomme les ressource naturelles plus rapidement que la Terre n'est capable de les renouveler est équivalent à avoir des dépenses qui sont en permanence plus élevées que le revenu. Les conséquences de ce cet endettement écologique sont de plus en plus évidentes.
Le changement climatique par exemple est un produit d'une accumulation des gaz à effet de serre plus rapide que la capacité d'absorption des forêts et des océans. Il y a aussi d'autres exemples tels que la déforestation, la pénurie d'eau douce, l'érosion des sols, le recul de la biodiversité, la surpêche, ou l'augmentation du prix des matières premières essentielles.
Le dépassement écologique contribue ainsi également aux conflits et guerres liés aux ressources entraînant des migrations massives, des famines, des épidémies et autres tragédies humaines. Il tend à avoir des impacts particulièrement importants pour les plus pauvres qui ne peuvent affronter la crise en achetant des ressources ailleurs.
C'est en effet un cercle vicieux qui est en train de se mettre en place : plus on vit à crédit, moins la Terre pourra produire l'année suivante. On a donc, d'un côté, une hausse de la demande (nous sommes de plus en plus nombreux chaque année sur la Terre) et, de l'autre, une baisse de la production. L'écart deviend donc de plus en plus important, avançant chaque année " le jour de dépassement ". À ce rythme-là, nous consommerons toutes les ressources renouvelables de la Terre en une journée avant 2074...
Il est encore possible d'inverser la tendance
"Même si les chiffres montrent clairement que la demande en ressources de l'humanité dépasse la capacité de notre planète à les produire, nous pouvons encore prendre des mesures audacieuses et construire un avenir prospère, fondé sur l'utilisation durable des ressources. Mais il faut agir dès maintenant" explique la directrice des programmes de conservation du WWF France, Diane Simiu. Cela implique de modifier considérablement les politiques des gouvernements, le comportement des entreprises et les modes de consommation du grand public... ce changement passera par des innovations, voire des transformations radicales.
De nombreuses solutions sont disponibles et permettent de s'attaquer au problème: passer massivement à l'énergie renouvelable, opter pour des régimes alimentaires moins riches en viande, consommer des produits de saison locaux, viser une économie circulaire sur la base du recyclage et de la réutilisation, repenser l'urbanisme en privilégiant l'éco-construction,...
Si ne changeons pas nos modes de vies, l'humanité court à sa perte. A travers le monde, individus et institutions doivent (enfin) commencer à reconnaître les limites écologiques.
Ainsi, l'humanité doit aujourd'hui évoluer vers un schéma plus durable de consommation et de production. Nos économies doivent continuer à croître et à se développer, mais ce développement ne peut plus se faire aux dépens des systèmes dont dépend la vie sur terre, dans les océans ou dans l'atmosphère... et qui permettent finalement à nos économies d'exister et donc à chacun d'entre nous. L'économie verte ne consiste pas à étouffer la croissance et la prospérité, mais à se reconnecter à la véritable richesse, à réinvestir dans le capital naturel au lieu de l'exploiter. Il s'agit de mettre en place une économie mondiale durable consciente de la responsabilité des nations à transmettre une planète productive, en bonne santé et en bon état de fonctionnement à la jeunesse d'aujourd'hui et aux générations future.
Stella Giani