Les Combattants // De Thomas Cailley. Avec Adèle Haenel, Kevin Azaïs et William Lebghil.
Voilà l’un des films que j’attendais avec le plus d’impatience cet été. Après avoir récemment vu Adèle Haenel dans Suzanne puis L’homme qu’on aimait trop, elle revient avec Les Combattants, le premier long métrage de Thomas Cailley (Paris Shanghai, A domicile) présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du Festival de Cannes 2014. Si Adèle Haenel n’est pas forcément l’héroïne de ce film (alors que la bande annonce le laissait penser), le petit Kevin Azaïs (La Journée de la Jupe, Vandal) parvient à sortir du lot et à nous offrir une belle prestation, à la fois touchante et drôle. Car le but de ce film n’est pas d’être soit une comédie soit un drame pur mais le mélange des deux. On parle de tout un tas de choses, à la fois de l’amour et des problèmes relationnels mais aussi de l’Armée de Terre et de la manière dont elle tente d’enrôler et séduire des jeunes qui n’ont pas encore d’objectif dans la vie. Les Combattants ne cherche pas pour autant à être une comédie frappante et donc à tirer dans la fourmilière mais le tout fonctionne suffisamment bien pour ne pas nous laisser espérer quelque chose de malheureux. Bien au contraire.
Entre ses potes et l’entreprise familiale, l’été d'Arnaud s’annonce tranquille…
Tranquille jusqu'à sa rencontre avec Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire.
Jusqu'où la suivre alors qu'elle ne lui a rien demandé ?
C’est une histoire d’amour. Ou une histoire de survie. Ou les deux.
Ce qui est appréciable avec l’histoire de Les Combattants c’est que tout est fluide. De la rencontre entre Arnaud et Madeleine à la fin du film, tout se suit de façon logique. On n’a pas l’impression de s’ennuyer tant le rythme vient apaiser le spectateur. On navigue donc de scènes en scènes de paysages en paysages sans que le tout ne nous semble complètement incongru. Alors que parfois le film part sur une idée et puis revient sur une autre avant de repartir dans un tout autre sens. C’est quelque chose que j’ai beaucoup aimé qui change de ce que l’on a l’habitude de voir. C’est une comédie qui se distingue par son caractère et son corps. Elle ne veut jamais faire comme les autres et parvient à séduire, tout simplement. Thomas Cailley a mis en scène un objet étrange mais fascinant, ne serait-ce que pour sa façon de dépeindre le quotidien troublant de ses deux héros. A la fois de Madeleine, persuadé que son objectif dans la vie est de survivre pendant que Arnaud ne sait pas vraiment ce qu’il veut faire et se laisse alors porter plus ou moins par son destin et où il sent qu’il peut être. Le film est aussi touchant, démarrant sur une scène qui sèche directement le spectateur et son envie potentielle de rire.
Quoique l’on peut malgré tout rire. Car les dialogues sont savoureux et se dégustent sans faim. Ensuite tout est aussi une question de musique. Celle-ci cadre très bien le film et son univers. C’est un moyen de donner à Les Combattants de l’élégance naturelle sans chercher à trop en faire. Car justement, Thomas Cailley ne veut pas trop en faire avec Les Combattants et cela se voit. Sa mise en scène est très simple, utilisant énormément le décor naturel et ce que la nature peut faire de beau devant une caméra. Je retiens notamment une scène de sexe ou encore des moments en contre-jour avec le soleil couchant. Pour son premier long métrage, Thomas Cailley brise donc les codes et les conventions et, sans nous offrir de leçon de cinéma (là n’était pas la démarche), il nous fait comprendre que la vie ce n’est pas que des objectifs ou le destin mais beaucoup plus que ça car l’amour là dedans est plus fort et plus beau que tout au monde. Il faut dire qu’il est tellement libre et beau ce film que l’on en sort tout retourné.
Note : 9.5/10. En bref, magnifique.