La Silver Economy à l’ère du contexte

Publié le 22 août 2014 par Diateino

Aujourd’hui, 15 millions de français ont plus de 60 ans ; en 2030, ce chiffre excédera les 20 millions. La transition démographique déjà bien entamée fait indubitablement partie des défis de l’époque, et des gisements d’opportunités. Après celui de « génération Y », le concept de « Silver Economy » est aujourd’hui sur toutes les lèvres.

Rien à voir avec l’ « économie grise » : la silver economy est un vaste secteur émergent recouvrant l’ensemble des activités économiques liées au vieillissement de nos sociétés. Entre les premières rencontres internationales de la silvereco prévues à Paris ce mois de septembre et le salon BtoB des technologies et services pour les seniors en décembre, il n’a pas fini de faire parler de lui.

Concrètement, les biens et services de la silver economy peuvent relever aussi bien du sanitaire ou du social que de l’habitat ou des loisirs. Pour répondre aux défis nouveaux de l’amélioration du confort de vie et de l’autonomisation, les outils de l’ère du contexte ont toute leur place.

En 2040, 1,2 millions de personnes seront dépendantes ; dans cette perspective, les technologies intelligentes et les objets connectés ouvrent à des possibilités inédites en termes de maintien à domicile.

La rencontre de la silver economy et de l’ère du contexte pose la question de l’inclusion des seniors dans notre société numérique. Il faudra attendre les années 2060 pour rencontrer les premiers seniors digital natives. En attendant, les nouvelles technologies restent rébarbatives ou intimidantes pour beaucoup. Tout le défi des innovations visant à réinventer la vie des plus âgés et de leurs proches est de créer des solutions qui répondent à des besoins réels et correspondent aux usages. La génération concernée aujourd’hui par les questions de vieillissement et de dépendance a horreur du gaspillage et n’est pas séduite par les gadgets. Les services liés aux objets et l’accompagnement à la prise en main sont essentiels et nécessitent souvent d’associer l’entourage, qu’il s’agisse de la famille ou des aidants professionnels.

Dans le chapitre 7 de L’Ere du contexte de Robert Scoble et Shel Israel, intitulé « le soi contextuel », les auteurs citent des dispositifs wearable liés au domaine de la santé, ayant en commun une « extrême facilité d’uti­lisation alors que certaines personnes âgées n’ont jamais été à l’aise avec la technologie personnelle et que d’autres souffrent de maladies cognitives ». La plupart accompagnent le mouvement de fond du maintien à domicile par la télémédecine : pendentif avec un capteur intégré qui envoie un signal si un patient fait une chute (Tunstall Vi), système de télé-santé utilisant des capteurs pour signaler les mouvements, l’activité et les signes vitaux du patient au service médical, ou bracelet GPS (Vega Everon) avertissant si une personne atteinte de troubles cognitifs s’aventure hors d’une « zone de sécurité » définie.

La société française Withings, qui s’est fait connaître du grand public par ses balances connectées, développe des applications qui mesurent des paramètres vitaux tels que la fréquence cardiaque ou la tension. Dans ce cas, la rupture technologique est liée à la démocratisation du smartphone qui permet à chacun d’avoir sur lui une boite communicante, et rend accessibles des objets autrefois réservés à la télémédecine. Les applications permettent à chacun d’accéder à tout son historique et d’envoyer ces données à un professionnel ; la facilité de transmission de l’information permet d’aller au-delà de la prévention pour faire de la détection précoce. Elle permet également de créer des bases de données épidémiologiques.

Un autre pan important de la jonction entre ère du contexte et silver economy est la domotique. L’entrée du numérique dans les maisons peut aider à redonner de l’autonomie à des personnes dépendantes, en rendant leur logement intelligent. Pour l’essentiel, il s’agit aujourd’hui de capteurs : des détecteurs de fumée connectés à un service d’assistance pour personnes qui ont des pertes cognitives, ou des détecteurs de gaz avec des électrovannes de coupure. On peut aussi réduire par trois le nombre de chutes avec un balisage lumineux intelligent entre la chambre à coucher et les toilettes

On peut espérer que la généralisation d’innovations de ce type apporte une réelle simplification au quotidien des plus âgés, et contribue à rompre la solitude en laissant plus de temps pour le lien humain que pour les tâches d’intendance.