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381ème semaine politique: Hollande, "le président de personne" ?

Publié le 23 août 2014 par Juan
381ème semaine politique: Hollande, président personne

La semaine avait mal commencé, comme une centaine d'autres depuis que Hollande est à l'Elysée. Les temps sont durs. Les nouvelles économiques détestables. Hollande se décide à parler dans la presse, il s'enfonce. Le lendemain, Cécile Duflot, ex-ministre, achève la tentative.


"Allo ? François ? C'est Cécile."
Cécile Duflot s'est rappelé au bon souvenir de François Hollande. Ce fut un choc médiatique, une agitation générale. La trash-presse retient quelques remarques anecdotiques sur le compagnon. Le Figaro s'attarde sur les tenues. Le Monde insiste sur le fond. Cécile Duflot balance ses salves.
L'attaque frontale de Cécile Duflot n'intéresse les médias que pour les phrases les plus assassines d'un livre que le grand public ne découvrira que plus tard. C'est de bonne guerre, et une sinistre habitude de Sarkofrance.
L'attaque frontale de Cécile Duflot divise Europe Ecologie Les Verts. Leur université d'été, cette même semaine, fut l'occasion d'afficher des divisions. Il y a encore des écologistes qui espèrent des strapontins ministériels. Certains signent un appel pour revenir au gouvernement. A moins qu'il ne s'agisse d'inquiétudes pour leur poste de député, obtenu par la sainte alliance de 2012 suite à l'accord Duflot/Aubry... Cette opposition de gauche ne convainc pas. Elle ne peut pas convaincre. Elle est éparpillée. Il y a les durs de la première heure; les hésitants de la dernières qui ne s'appellent que frondeurs, les écologistes en grand écart. Il n'y a qu'une convergence, l'opposition. Il y a des hésitations, non pas sur les constats politiques d'une impasse politique et idéologique au sommet de l'Elysée, mais sur la suite à donner.
L'actuel président pouvait l'ignorer. La réaction rageuse de Manuel Valls montra qu'il en était rien. Son crime, avoir écrit un brulot sur ses désillusions politiques après deux années au ministère du logement. Le procès n'est même pas écologiste. Pour preuve, la loi prochainement défendue par Ségolène Royal au parlement sur la Transition énergétique a reçu un premier accueil des écologistes plutôt positifs, même si le volet budgétaire, clé pour sa mise en oeuvre, suscite de nombreuses inquiétudes. Cécile Duflot attaque sur le fond d'une politique qu'elle n'est pas seule à critiquer sur la gauche du président, une politique qui ne se saisit pas suffisamment de l'angoisse sociale, et qui préfère même sacrifier le pacte initial en faveur du redressement des comptes publics au profit de réductions massives de charges sociales pour les entreprises.
L'affront est lourd, car il saborde aussi une tentative présidentielle. La veille de la publication des meilleures feuilles du bouquin, et d'un entretien savoureux dans les colonnes du Monde, François Hollande livre une interview qu'il espère décisive. A l'Elysée, on a donc pensé que la sortie de Duflot ne serait pas un obstacle. A moins qu'on ne fut pas au courant.
Aveuglement ou ignorance ? 
L'alternative résume la situation présente. Bienvenue chez Zombieland ?
Mercredi, François Hollande confie donc ses annonces de rentrée: aller plus vite, plus loin et dans la même direction. C'est-à-dire dans le mur.
Il concède pourtant que la demande, moteur de la croissance, est atone. Mais il maintient sa politique de l'offre, avec obstination. Sans même demander des garanties d'embauches contre les 40 milliards d'euros de réductions de charges sociales qu'il va accorder aux entreprises: "la volonté politique de François Hollande s'arrête là où commence le bon vouloir du patronat" commente un éditorialiste de Marianne.
L'ANI, cet accord de janvier 2013 transformé en loi quelques mois plus tard qui flexibilise le travail et assouplit les licenciements, n'a rien changé, rien produit. Le chômage progresse encore: 15 à 20% des ménages français sont directement confrontés au chômage. Qui dit mieux ?
Hollande promet des mesures pour le logement, et des assises sur l'investissement " pour mieux orienter l'épargne vers l'économie productive et pour assurer le financement de grands projets collectifs".  Et même des efforts pour les ménages modestes après la censure par le Conseil constitutionnel, ou une dose de proportionnelle pour les législatives de 2017. Mais il y a pire, Hollande soutient qu'il légifèrera sur l'abaissement des seuils sociaux de représentation des salariés si les partenaires sociaux ne tombent d'accord.
Jeudi, François Hollande n'est plus là. Il s'est envolé pour l'Océan Indien, une visite à Mayotte, puis à la Réunion. Il avait 38 millions d'euros à lâcher à la filière sucrière. Et il renforce même le Pacte de Responsabilité, avec des taux plus favorable pour les entreprises des départements d'outre-mer.
François Hollande, si loin, comprend son coup d'épée dans l'eau, ses annonces ratées la veille, sabordées et sans effet. Il promet à quelques journalistes qui l'accompagnent qu'il y aura d'autres annonces la semaine prochaine. C'est un jeu qui peut durer jusqu'en 2017.
Vendredi, Jean-Luc Mélenchon abandonne la co-présidence du Parti de Gauche. On le savait découragé depuis l'été. Il explique vouloir rester "en pointe pour aider à la formation d'un mouvement pour la VIe République".
Pierre Moscovici ne désespère pas. Finalement, ce 30 août, il va devenir commissaire européen. L'Europe semble maudite pour la Sarkofrance. Le pays lui a envoyé un gros contingent de députés frontistes europhobes; un ministre dénommé Désir exfiltré du parti socialiste pour incompétence, et, maintenant, un ancien ministre des finances soclib au moment où l'Europe s'enfonce dans la crise.
Sarkozy revient trop tard. 
La droite n'est pas en reste en matière d'annonce. Alain Juppé grille la politesse, façon suppositoire pour gros rhume, à Nicolas Sarkozy, en annonçant sur son blog ce mercredi de rentrée qu'il se présentait à la primaire UMP pour la désignation du candidat à l'élection présidentielle de 2017.
François Fillon, autre rival, applaudit aussitôt.
L'ancien monarque peut et doit se déclarer vite.
Il y a urgence.
Sur l'international, seul terrain où Sarkozy pensait avoir quelque chose à dire de présidentiel pour 2017, François Hollande l'a évincé du jeu. Sarkozy sillonne encore le monde, payé par des banksters. Hollande fait le job, en l'occurrence en Syrie. Aux rebelles anti-Bachar el Assad, et en Irak contre le Califat Islamique, la France livre des armes.  Et depuis longtemps.  Le secret était bien gardé, même mes sous-ténors UMPistes de Sarkofrance n'y ont vu que du feu.
"Il reste trois ans. La responsabilité, c'est de s'exprimer maintenant quand il est encore temps d'éviter l'iceberg." Cécile Duflot, 21 août 2014.

A bon entendeur...
Crédit illustration: DoZone Parody

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