Deux prototypes d'éoliennes flottantes seront testés dès 2015 au large de Port-Saint-Louis-du-Rhône dans le cadre du projet "Mistral". En 2030, si tout se passe comme prévu, la Méditerranée arborera une centaine de ces éoliennes flottantes.
La France investit massivement dans le développement de l'éolien offshore, comparativement aux autres sources d'électricité verte. Même si ses coûts d'installation et d'exploitation sont plus élevés, une éolienne offshore profite en effet d'un vent plus continu que celui d'une éolienne terrestre (avec un facteur de charge de 34%, contre 24% pour l'éolienne terrestre), ce qui la rend plus intéressante sur le long terme. Or, plus on s'éloigne de la côte, plus les vents sont forts, et donc plus le potentiel énergétique est important. Seul problème : le plancher marin, à mesure qu'on s'éloigne de la côte a tendance à descendre, ce qui complique l'installation des fondations de l'éolienne.
Et cela est d'autant plus vrai en Méditerranée, qui dispose pourtant d'un réel potentiel pour les éoliennes du fait du vent soutenu qui la balaie. Dans la Manche et en Mer du Nord, les éoliennes offshore sont installées sur pilotis, avec des fondations qui s'enfoncent dans le sol marin à une profondeur de 5 à 40 mètres, et jusqu'à 100 mètres au maximum. Mais dans la Méditerranée, la profondeur du plancher sous-marin est en moyenne de 1500 mètres et plonge rapidement dès les premiers kilomètres en s'éloignant de la côte.
Une forme innovante, et aucune fondation
Pour résoudre ce problème, un projet est aujourd'hui à l'étude à proximité de Port-Saint-Louis-du-Rhône, à cinq kilomètres de la côte, qui se fonde sur une technique innovante d'éoliennes flottantes. Il s'agit du projet Mistral, monté par la filiale Energies Nouvelles du fournisseur historique EDF, la société Technip et la start-up Nénuphar.
Le projet consiste en deux prototypes d'éoliennes à axe vertical, d'une puissance unitaire de 2MW, et de 107 mètres de haut. Leur forme spécifique leur permettra de capter les vents provenant de toutes les directions. Leur stabilité sera assurée par une structure de flottaison immergée imposante, en l'absence de toute ancre les reliant au plancher marin. Un des grands avantages de ces éoliennes est donc leur structure légère, qui ne compte pas de fondation plongeant jusqu'au fond de la mer, ce qui permet d'économiser beaucoup d'énergie autrement utilisée pour la production des pièces (l'énergie grise).
Des développements importants en perspective
Le projet, qui verra le jour en 2015, est un premiers dans le domaine, et permettra d'étudier le modèle en fonctionnement et d'évaluer son potentiel. Il s'agira notamment d'évaluer la résistance des éoliennes aux intempéries. Plusieurs industriels planchent aujourd'hui sur des projets d'éoliennes flottantes, y compris les groupes pétroliers. Ceux-ci disposent d'une longue expérience dans le développement de plateformes pétrolières flottantes, et se lancent aujourd'hui dans la production d'électricité verte. Eux aussi porteront un oeil attentif sur les résultats.
Si le projet est concluant, un autre parc expérimental de 13 éoliennes de 2MW sera implanté, cette fois à 20 kilomètres des côtes. Ces éoliennes, appelées "far-shore", ont l'avantage de ne pas être visibles pour les habitants du front de mer, et donc de ne représenter aucune gêne.
En 2030, si tout se passe comme prévu, la Méditerranée arborera une centaine de ces éoliennes flottantes, ce qui permettra de couvrir la consommation en électricité d'environ 100 000 foyers.
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