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Chroniques de l’ordinaire bordelais – Episode 113

Publié le 24 août 2014 par Antropologia

Portraits de la Pointe de Raz  (3)

A chacun son langage…

Au fond d’une crique à 30 mètres de la plage de galets, fouettées par le vent du Nord les jours de tempête…. Les deux petites maisons blanches aux volets bleus se sentent quelquefois seules… Sans beaucoup d’ouvertures vers l’extérieur, elles ressemblent à toutes les petites maisons de la Lande. Une discrète pancarte « buvette » au dessus de la porte d’entrée et quelques tables à l’extérieur invitent les touristes à une halte sur le GR. Mais en ce jour de grand beau temps, la fraîcheur de la salle est plus attirante. La tenancière lit le journal local attablée à la grande table. Elle se lève avec peine à notre arrivée. Elle nous sert mais n’engage la conversation que sous la question. On s’excuse de lui prendre sa place à la table. « Qu’importe » dit-elle déjà assise sur le tabouret derrière le bar. C’est un comptoir sommaire avec deux petits frigidaires sous les étagères des sirops et des alcools forts. Les bolées pendent sous l’étagère du dessus. Il est 12h30, la machine à expressos a fini sa tournée du matin, un chiffon sèche dessus. Une fois nos boissons apportées et payées, notre petite dame retourne sur son tabouret. Questionnée, elle nous explique que c’est sa mère qui a construit cette buvette dans les années soixante, et qu’elle a pu faire construire une annexe accolée à la première maison dans les années 80. « C’était avant maintenant on ne pourrait plus » ajoute-t-elle. Elle a repris la buvette après sa mère. L’hiver, il y a toujours du monde, pas les touristes mais les habitués. Rien à ajouter.
La salle est séparée en deux parties. Il y a quatre ou cinq tables en tout, une cheminée. A gauche, des toilettes sont aérées et étonnamment propres. De l’autre côté de l’entrée, on devine deux petites pièces qui semblent être une petite cuisine et peut être une chambre.
Après notre pique-nique, nous revenons pour un petit café. Notre petite dame n’a pas bougé mais un vieux monsieur est maintenant accoudé au comptoir. Lui, à 14h, préfère le ballon de rouge au café que nous commandons. Il le laisse s’aérer dans son verre… Visiblement il est plus enclin à causer qu’à boire. Il est le local de l’étape et tous les deux s’entendent fort bien… en breton. On réalise que c’est la première fois qu’on entend parler le breton en Bretagne. On ne comprend pas un mot, ne devine même pas le sens de leur conversation… Elle qui ne fut pas très loquace le matin, cet après midi avec son acolyte elle retrouve son entrain… ce qui nous laisse nous, les touristes, sans voix !

Virginie Perchais



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