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Critique Ciné : The Double, double face

Publié le 24 août 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

The Double // De Richard Ayoade. Avec Jesse Eisenberg, Mia Wasikowska et Wallace Shawn.


The Double est une adaptation d’un chef d’oeuvre de Dostoïevsky qui a failli être adapté en 1996 par Roman Polanski sous ce même titre. John Travolta devait même incarner le rôle principal aux côtés d’Isabelle Adjani, Jean Reno et John Goodman. Malheureusement, le film ne s’est pas fait à cause d’une dispute entre Travolta et Polanski. Mais le projet éclos enfin avec un casting complètement différent et un réalisateur tout aussi différent. Le prestige est lui aussi bien différent dans le sens où point de Roman Polanski mais un Richard Ayoade déjà à l’origine du brillant Submarine (2010). Un second long métrage réussi pour le réalisateur britannique. Un film que je n’attendais pas du tout mais qui tend aussi à démontrer à quel point Jesse Eisenberg tente de donner un autre sens à sa propre carrière (après le film écolo Night Moves ou encore Free Samples). Quoi qu’il en soit, c’est une bonne nouvelle puisque même si je n’ai pas aimé les deux titres que je viens de citer, j’ai bien aimé The Double. Le film a beau être légèrement perché par moment il n’en reste pas moins fascinant, notamment de par ses références. On ressent du David Cronenberg mais aussi du Alfred Hitchcock (impossible de ne pas y voir un peu de La Mort aux Trousses ou encore Fenêtre sur Cour).

Garçon timide, Simon vit en reclus dans un monde qui ne lui témoigne qu'indifférence. Ignoré au travail, méprisé par sa mère et rejeté par la femme de ses rêves, il se sent incapable de prendre son existence en main. L'arrivée d'un nouveau collègue, James, va bouleverser les choses, car ce dernier est à la fois le parfait sosie de Simon et son exact contraire : sûr de lui, charismatique et doué avec les femmes. Cette rencontre amène James à prendre peu à peu le contrôle de la vie de Simon…

D’un point de vue de l’histoire, The Double est assez complexe sans véritable raison. Disons que le film aurait très bien pu creuser la psychologie des personnages de façon légèrement différente. Mais l’on retrouve malgré tout le style de Roman Polanski, un peu comme si Richard Ayoade voulait rendre un hommage au cinéaste. C’est très fort cette empreinte et en même temps, The Double se veut si original, si décalé. J’ai pensé donc à David Cronenberg, le réalisateur en avant sur son temps, sans parler du fait que j’ai aussi pu penser à Brazil de Terry Gilliam (bien que la référence soit un peu tarabiscotée, j’en conviens). Mais étant avant tout un très grand fan du cinéma de Hitchcock, je dois avouer qu’en retrouver une infime partie dans The Double était une très bonne idée. Surtout que Richard Ayoade parvient à maîtriser son film au diapason. C’est beau, c’est sombre et cela suinte justement le thriller un peu indépendant qui cherche à mordre constamment le spectateur. Il y a des passages un peu tirés par les cheveux où l’on perd un peu la boucle mais elle nous rattrape malgré tout à temps afin de nous faire vivre d’autres bons moments.

Plus le temps passe et plus les mystères s’éclaircissent ce qui permet de mieux cerner les personnages de James et Simon. L’idée de base a beau venir d’un livre très connu et l’ambition est forcément démesurée, je trouve que The Double s’en sort royalement bien. Jesse Eisenberg (The Social Network) est parfait dans cette dualité qui l’emporte au fil du film. On ne sait pas trop où il va mais l’on ne se pose pas trop de questions et l’on suit le mouvement. Mia Wasikowska (Des hommes sans loi) récemment vu dans le David Cronenberg : Maps to the Stars, nous joue à nouveau un rôle de femme perdue (bien que pour le coup elle est beaucoup moins tordue). On se rapproche donc un peu du cinéma de Hitchcock à la fois pour la dualité de Simon et James mais aussi pour cette ambiance Fenêtre sur Cour-esque qu’il y a avec ces deux immeubles qui se font face et d’un côté la longue vue et de l’autre des scènes qui vont rapidement faire monter la pression chez Simon alors qu’il ne comprend pas forcément ce qui se passe en lui. Ce n’était certainement pas ce qu’il y avait de plus simple d’adapter une oeuvre aussi connue mais défi relevé haut la main.

Note : 8/10. En bref, un film étrange mais fascinant mélangeant les genres et les références.


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