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Va y avoir du sang : le capitalisme et son double…

Publié le 28 mars 2008 par Cdsonline
Va y avoir du sang : le capitalisme et son double…

Quinze à vingt premières minutes sans aucune parole permettent à la musique d'occuper avec brio le champ de Martin Heidegger*, l'un des tout meilleurs lecteurs de Nietzsche a donné le nom de L'intelligence plasticienne du réalisateur (Paul Thomas Anderson) parvient à dévoiler de façon subtile le noyau mystico-délirant qui sous-tend l'excès brut d'avidité du dernier homme : la dimension verticale (collines du début, puis forages, derricks et hommes...) se met à scander rythmiquement l'infini de l'espace américain (animé des prêches horizontaux du pasteur fondamentaliste répétant, dans son chantier, la chorégraphie toute gestionnaire de ses prédications) jusqu'à former une croix, désormais désaxée (sortie de son axe) devenant progressivement un * signifiance comme c'est rarement le cas au cinéma : le spectateur, acoustiquement sensibilisé, assiste à un événement inquiétant : la naissance d'un monstre... Cette forme qui s'extrait finalement avec difficulté du trou de la terre, en traînant la patte, est probablement le prototype du dernier homme (au sens nietzschéen), l' homo capitalistus. Étrange, mystérieuse, fascinante créature... Gestell (arraisonnement) à cette exploitation devenue brutale et jusqu'au boutiste de la terre, car il ne s'agit même plus d'une exploitation de la surface terrestre où déjà plus rien ne pousse (" le désert croît") il s'agit de l'exploitation de la terre directement dans son fondement, dans son essence, jusqu'à en (é)puiser le sang (le pétrole) et le sens (celui de notre civilisation ravalée au rang de société de consommation où le dernier homme finit par se consommer/consumer lui-même).
X, pervertissant de façon obscène l'héritage chrétien et son authentique noyau subversif. Car le capitaliste, soi-disant matérialiste et rationnel - mais en vérité dans un rapport fétichisé à l'argent et à la "marchandise" - est indissociable de son autre, son prochain, son double, le sujet supposé croire, abîmé dans ses lubies religieuses... C'est ainsi que Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis) dans une faillite absolue de la filiation, passe l'essentiel de sa vie à "déquiller" son voisin (synonymes libéraux : concurrent et "Quand nous considérons la technique comme quelque chose de neutre, c'est alors que nous lui sommes livrés de la pire façon : car cette conception, qui jouit aujourd'hui d'une faveur toute particulière, nous rend complètement aveugles en face de l'essence de la technique."
>Martin Heidegger, La question de la technique (1953), in Essais et Conférences, trad. A. Préau, Gallimard, coll. Tel, 1980, p. 10. ennemi), une pratique devenue la règle d'or (noir) de presque toute activité appelée "business"...
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"L'essence de la technique, je la vois dans ce que j'appelle le Gestell. [...] Le règne du Gestell ["arraisonnement"] signifie ceci: l'homme subit le contrôle, la demande et l'injonction d'une puissance qui se manifeste dans l'essence de la technique et qu'il ne domine pas lui-même. Nous amener à voir cela, la pensée ne prétend faire plus. La philosophie est à bout."
>Martin Heidegger interrogé par Der Spiegel. Réponses et questions sur l'histoire et la politique, trad. Launay, Mercure de France, 1977.

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À propos de CHRISTIAN

BiographieRéunissant autour de lui collaborateurs et prestataires partageant le goût du concept et de son expression visuelle, Christian Dubuis Santini fonde en 1987 l'Agence Mercure puis L'ampoule en 2002 dans le but de faire rimer autant que possible "message grand public" avec "qualité graphique". Rassembler la forme et le contenu est le mot d'ordre invariant qui parcourt ses productions issues d'univers visuels aussi hétéroclites que variés. Consultant en identité d'entreprise, Christian Dubuis Santini propose une approche simple dans ses fondements: dire ce qui ne peut être imagé et imager ce qui ne peut être dit, en ressourçant l'émergence du sens par la confrontation des images et des mots...

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