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On continue ?

Publié le 26 août 2014 par Alteroueb

Les membres du 4ème gouvernement du quinquennat Hollande seront bientôt connus. A ce stade, je ne sais si on peut parler d’un nouveau positionnement réellement à gauche. C’est trop tôt. Je me rappelle juste qu’il y a un peu plus de deux ans, comme la majorité des français, j’avais placé dans une urne un bulletin qui exprimait un besoin de changement, de progrès, de partage, de solidarité, d’écologie et de respect.

Vaste programme en effet, car au sortir de l’ère du Lider Minimo, toutes ces valeurs n’existaient plus, ou qu’à l’état comateux, consciencieusement piétinées par une politique basée sur l’individualisme triomphant si cher au clan libéral, et à l’adoration sans limite du dieu pognon. Qu’il soit en dollars ou en euros importe peu, l’ivresse de la fortune vite faite reste la même.

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Parce qu’en ces temps reculés, les différents gouvernements de droite ont toujours agi d’abord pour leur électorat. C’est bien naturel. Le monde de l’entreprise, les professions libérales et supérieures, les retraités des 30 glorieuses, les fortunes diverses et grandes familles bien de souche n’ont pas eu vraiment à se plaindre : ils n’ont guère été impactés par les mesures impopulaires et contraignantes imposées par les schémas économiques du moment. Bernard Arnaud, en 2009, au plus fort de la crise, doublait quasiment sa fortune personnelle pendant que l’économie réelle fauchait les ouvriers à 1200 euros par mois. Quelques 650 milliards d’euros d’argent public ont changé de main, aux ordres d’une droite libérale et décomplexée, sauvant ainsi nos actuels étrangleurs. Cherchez l’erreur.

Devant l’injustice manifeste des choix effectués alors, mais surtout face à la brutalité de ce pouvoir d’où transpirait un imperceptible relent de vengeance, les cartes se sont petit à petit redistribuées. Une immense majorité de communes, de départements, et toutes les régions sauf une, devenaient roses. Même le très conservateur Sénat basculait à gauche pour la première fois de son histoire… Tout était en place pour, enfin, voir des promesses, des vraies et de gauche, se concrétiser. La droite s’était largement servie. Ca allait être notre tour. Enfin.

J’ai attendu. Patiemment. Et encore. J’ai applaudi aussi. Et j’ai surtout pesté. Mais j’ai toujours défendu l’homme et son action. Economiquement, il ne peut pas grand-chose car c’est ailleurs que les dés se jettent. Le système globalisé est bien trop ancré dans le quotidien pour pouvoir l’ébranler. Même l’égratigner semble d’une difficulté absolue. Mais ce n’est pas une raison pour céder ainsi au renoncement généralisé. Comment voter le TSCG alors que peu avant, dans l’opposition, le parti socialiste avait avancé des arguments des plus valables pour le dénoncer. Hollande et le PS, sans opposition, ont gâché tout seuls une bien belle occasion de concilier brillamment la liberté, l’égalité et la fraternité.

Bilan ? 2 ans et demi d’atermoiements pour quasi rien, un électorat dérouté et aigris, des institutions qui retournent à la droite, un monde politique déchiré d’où le FN tente d’émerger en sauveur. L’électeur de gauche, en prime, fait les frais de cette rigueur qui ne dit pas son nom et qui passe par vagues successives. Pire, les mesures prisent sont clairement de nature à flatter l’électorat de l’UMP : des dizaines de milliards d’euros de cadeaux et d’exonérations sans contrepartie, financées par la réduction des dépenses publiques. En clair, on donne aux patrons ce qu’on prend aux fonctionnaires. Evidemment, rien ne va à la création d’emploi ou à l’investissement : la distribution de dividendes a même atteint son plus haut, en augmentant de 30 %…

Je comprends le désarroi des pauvres gens qui se sentent abusés, et qui paient la note. Et partout la même expression jaillit : «je n’irai plus voter, A quoi bon ?» Comment leur en vouloir ? Quand la droite est au pouvoir, elle les tond et les méprise. Quand c’est la gauche, au mieux, elle ne leur offre rien. Et si le Front National y parvenait, on pourra retirer le mot «liberté» des frontons des mairies, et les autres aussi.

Cette ingratitude du PS va coûter très cher au parti et à la gauche en entier. Le discours de politique générale qui indique le cap de la nouvelle équipe gouvernementale risque d’être houleux, et dans le climat de fronde actuel, rien ne dit que la confiance sera votée… Parce que si la gauche perd le pouvoir à ce moment, elle ne le retrouvera pas de sitôt.

Malgré tout, je ne renonce pas. Mon soutien est toujours là. Je sais trop d’où l’on vient. Et compte-tenu qu’aucune famille politique n’est actuellement en état de montrer une image digne et responsable – personne à l’UMP n’a demandé de dissolution – , le PS a une petite chance de rectifier le tir. Il faut la saisir vite, très vite, et entr-autres faire la grande réforme fiscale qui s’impose et la faire entièrement, contre vents et marées s’il le faut. Les aboyeurs seront à droite. Un bon moyen de reconquérir l’électorat de gauche. Monsieur Hollande, vous avec 32 mois.

Sans renoncer une nouvelle fois au milieu du gué.


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