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Hollande: le gouvernement des derniers 1000 jours.

Publié le 27 août 2014 par Juan
Hollande: le gouvernement des derniers 1000 jours.

Ce gouvernement n'a que 1000 jours devant lui. 

François Hollande s'en fiche des symboles. Il a tort, la politique n'est pas que de symboles, mais elle s'en nourrit. L'observer déclamer son discours de célébration de la Libération sur l'île de Sein, lundi 25 août sous une pluie battante, les lunettes ruisselantes, face caméra, fut une image pénible pour lui, drôle pour d'autres. 

Le lendemain, ce mardi, la composition du nouveau gouvernement comprenait quelques autres images détestables pour qui pensait, à tort et plein d'illusions, qu'un débat sur la politique économique était devenu indispensable.


Toute la journée durant, les "sachant", c'est-à-dire celles et surtout ceux qui commentent sans agir ni débattre, expliquaient sur toutes les ondes, y compris des services prétendument publics de radio-télévision, combien l'amélioration de la compétitivité de nos entreprises primait sur tout le reste. Hollande allait avoir la peau des "vrauchistes keynésiens". Rares étaient les voix discordantes, il fallait justifier pour Hollande n'avait pas le choix. Les plus lucides - il y en avait - relevaient le bordel politique dans lequel l'exécutif s'était mis. En revanche, jamais personne n'osa faire un quelconque reportage ni commentaire sur la pauvreté ou le versement de dividendes en juin dernier.
Ce 26 août, Hollande avait constitué avec Manuel Valls un gouvernement pour 1000 jours, pas un de plus.
1. La dissolution de l'Assemblée nationale est impossible, non pas techniquement, mais politiquement. Hollande est sûr de perdre. Il ne lui resterait que le subtil calcul de s'engager dans une dissolution pour espérer mieux rebondir en 2017 après deux années de droite au pouvoir. Ce raisonnement est pourtant absurde, pour au moins deux raisons. D'abord parce qu'en deux années, la droite pourra toujours se réfugier derrière l'argument du bilan calamiteux de Hollande. Ensuite parce que le Parti socialiste a déjà fait la preuve dans le passé de son incapacité à rebondir dans des délais aussi courts (remember 1995).
2. Hollande n'allait pas changer de ligne. Il a viré Montebourg parce que le divorce couvait. Hollande se rêve en Schröder à la française, l'homme qui pose les bases d'un plein emploi retrouvé au prix d'une pauvreté hors normes. Schröder a fini conseiller de Gazprom. L'Allemagne est un faux modèle, vrai parasite, dont la croissance sur le dos des autres et des siens a largement contribué à la crise ambiante.
3. Le gouvernement annoncé est sans surprise. Les partants sont partis. Comme d'anciens fidèles, ils restent courtois mais l'opposition est factuelle. Le casting de "ceux qui restent" est à peine surprenant. Ils sont même allés chercher un élu du Nord qui la veille raillait la crise de régime. On saluera la jeunesse sur quelques terrains moins polémiques à gauche - culture, éducation. En revanche, Hollande et Valls ont choisi Emmanuel Macron, un jeune surdoué de la méritocratie républicaine que d'aucuns à gauche résument trop facilement à son cursus professionnel dans la banque.  La nomination de Macron signifie surtout que la ligne politique ne bouge pas, ne change pas. Pire, Hollande fait ce qu'il a dit il y a 6 jours: accélérer pour aller plus vite, plus loin, vers le même mur.

Monsieur Laurent FABIUS
Ministre des affaires étrangères et du développement international

Madame Ségolène ROYAL
Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie

Madame Najat VALLAUD-BELKACEM
Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche

Madame Christiane TAUBIRA
Garde des Sceaux, Ministre de la justice

Monsieur Michel SAPIN
Ministre des finances et des comptes publics

Monsieur Jean-Yves LE DRIAN
Ministre de la défense

Madame Marisol TOURAINE
Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes

Monsieur François REBSAMEN
Ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social

Monsieur Bernard CAZENEUVE
Ministre de l’intérieur

Monsieur Stéphane LE FOLL
Ministre de l’agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt.
Porte-Parole du Gouvernement

Monsieur Emmanuel MACRON
Ministre de l’Economie, de l’industrie et du numérique

Madame Sylvia PINEL
Ministre du logement,   de l’égalité des territoires et de la ruralité

Madame Marylise LEBRANCHU
Ministre de la décentralisation et de la fonction publique

Madame Fleur PELLERIN
Ministre de la culture et de la communication

Monsieur Patrick KANNER
Ministre de la ville, de la jeunesse et des sports

Madame George PAU-LANGEVIN
Ministre des Outre-Mer

4. Manuel Valls est mal à l'aise. La ligne politique lui convient. Mais il avait le regard encore fuyant, mardi soir sur France 2. Sa crédibilité personnelle est en jeu. Il a été incapable de tenir une équipe gouvernementale pourtant resserrée en avril dernier aux strictes composantes internes du parti socialistes, à deux ou trois exceptions "radicales" de "gauche" près. En matière de "mouvement dynamique", une autre qualité vantée, Valls a réinventé l'agitation immobile, le "brassage de vent" médiatique cher à Nicolas Sarkozy. Bref, Valls se révèle finalement inefficace, enterré, mal-habile. Et il semble le réaliser lui-même.

5. La droite était en vrac, incapable de dénoncer le maintien d'une ligne si droitière au sommet de l'Elysée. Le fait d'armes du jour venait de Laurent Wauquiez qui osa le tweet ignoble, "sociétal" tendance néo-con et ultra-villériste: "@ChTaubira maintenue, l'ultra pro-gender @najatvb à l'Education. Un gouvernement entre tragi-comédie et provocation contre les familles". Et Christian Estrosi n'avait toujours pas compris que le ministre de l'économie, aussi banquier soit-il, ne dirigeait pas l'économie depuis Bercy.
6. Mardi soir, le premier ministre du plus court gouvernement de la Vème République était donc presque piteux sur le plateau de France 2. la chaîne, bonne fille, avait ensuite choisi de diffuser un reportage montrant combien Arnaud Montebourg le félon avait menti la veille dans son argumentation contre l'impasse économique. Puis Valls soigna ses arguments: "soutenir les entreprises" ("40 milliards d'euros!" s'exclama-t-il), "baisser les impots" (4 millions de foyers vont payer moins d'impôts en 2014), "réduire les déficits" ("50 milluards d'euros d'économies!").
Fais nous rêver, Manuel.
"Le problème est venu de la gauche elle-même" lança notre premier des ministres. Il n'a pas tort. Cette gauche implose sous nos yeux. Encore fallait-il reconnaître la responsabilité d'un président girouette qui a changé de ligne, par petites touches, avant la grande révélation de janvier dernier.
"Il y a toujours des politiques alternatives". La formule était drôle chez ce promoteur de TINA. Elle sera conservée.
Il y a "un projet qui nous dépasse, la France", plaida-t-il. Les commérations à répétition font mal au cerveau. Elles saturent l'esprit au point de provoquer ce genre de grandiloquence.
Dépassé par les évènements, Manuel Valls glissa qu'il solliciterait bien un vote de confiance de l'Assemblée, "en septembre ou en octobre". On a compris qu'il s'est prononcé trop vite. Les frondeurs ont quelques semaines pour se motiver, et prouver à cette équipe qu'il vaut mieux cesser de gouverner plutôt que de gouverner de travers.
A bon entendeur.


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