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Pays Rochefortais : guerre brûlante de chiffres autour de l’incinérateur

Publié le 27 août 2014 par Blanchemanche
Publié le 27/08/2014  par 

74 300 tonnes d’ordures ménagères ont été produites en 2010 sur le territoire du syndicat du Littoral : la construction d’un centre de 85 000 tonnes est-elle adaptée ?.

Pays Rochefortais : guerre brûlante de chiffres autour de l’incinérateurLa démographie du territoire du SIL et la production annuelle de déchets par habitants sont au cœur de la polémique.© PHOTO PHOTO D. BRIAND
Pour comprendre le débat qui fait rage sur le dimensionnement du futur incinérateur à Echillais, il faut se plonger dans les chiffres sur lesquels se basent les promoteurs du SIL (Syndicat intercommunautaire du Littoral) comme les opposants de PRA (Pays rochefortais Alert').
Les perspectives sur les quinze prochaines années combinent deux éléments : les projections de population et les prévisions de « production » d'ordures ménagères par an et par habitant.

Combien d'habitants ?
En ce qui concerne le recensement des habitants dont les déchets seront traités par le futur centre multifilières d'Échillais, un constat d'abord : la population concernée en 2010 (c'est-à-dire les habitants des communautés d'agglomération de Rochefort, Royan, et des communautés de communes de Marennes, Oléron et Gémozac) était de 191 800 âmes. Le tonnage des déchets produits cette même année était de 74 273 tonnes, selon le PPGDND (1), soit un ratio moyen de 387 kg/habitant et par an.
Dans ce même document, une évolution de la population entre 2010 et 2025 est simulée, à partir des données transmises par les intercommunalités, préférées aux tendances de l'Insee « pour tenir compte des réalités locales ». PRA est surprise que l'ancienne communauté de communes Sud Charente ait communiqué le chiffre de 4,60 % par an, ce qui se traduit par un doublement de sa population en quinze ans. Quoi qu'il en soit, la simulation atteint 243 000 habitants pour le territoire en 2025. Fidèles aux indications de l'Insee, les opposants comptabilisent 226 000 habitants. Autrement dit, c'est 27 % d'augmentation de la population dans un cas et 18 % dans l'autre.
Dans les éléments fournis au commissaire enquêteur qui a planché sur le projet l'hiver dernier, le SIL table sur une population de 237 000 habitants en 2023. Ce point de divergence ne constitue pour autant pas la plus grande des discordances.
Car pour arriver à un dimensionnement de 85 000 tonnes de déchets à traiter, le SIL indique avoir choisi un ratio de 358 kg d'ordures ménagères par habitant et par an qu'il a multiplié par la population attendue de 237 000 habitants en 2023.
Ce ratio est au centre des interrogations : en 2010, il était de 316 kg/hab/an au niveau départemental mais de 387 sur le territoire du SIL. Une différence qui s'explique par le caractère touristique de toute la frange du littoral : le ratio par habitant d'Oléron explosait à 774 kg/hab, par exemple. En face, l'ex communauté de communes de Sud Charente faisait office de bon élève avec 224 kg/hab/an.

Simulations
Le président du SIL, Vincent Barraud, le rappelle d'ailleurs à ses interlocuteurs : « notre territoire comptabilise 52 % des nuitées touristiques du département ». Les territoires à dominante urbaine comme Rochefort ou Royan accusent aussi des moyennes supérieures aux espaces ruraux. Le SIL a indiqué au commissaire enquêteur qu'en se fondant sur les chiffres de 2008 pour la collecte, à savoir 396 kg/an/hab, le futur centre de traitement aurait dû avoir une capacité de 94 000 tonnes.
Reste que les projections départementales fixées par le plan de gestion des déchets fixent une baisse importante de déchets sur l'ensemble du département pour rester conforme aux lois de Grenelle de l'Environnement :

232 kg/hab en 2019 et 202 kg/hab en 2025.
Sur la base de cette ambition rapportée au territoire du SIL, un analyste œuvrant pour PRA s'est livré à des calculs en simulant plusieurs hypothèses du tonnage de déchets à incinérer. Rappelons qu'il était paramétré pour brûler au maximum 74 400 tonnes de déchets (2) avant que Vincent Barraud ne s'engage devant la ministre de l'Écologie Ségolène Royal à abaisser ce tonnage de 5 000 à 4 000 tonnes. Selon cet expert, le four brûlera 58 800 tonnes en se basant sur les chiffres préfectoraux du plan de gestion des déchets, 54 600 tonnes en se fixant sur les indications de l'Insee (avec le ratio de 241 kg/hab/an dans les deux cas). Ou encore 42 200 tonnes en combinant aussi prescriptions de l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) et données de l'Arec (Agence régionale d'évaluation environnement et climat), soit 186 kg/an/hab.
Dans ce contexte, les opposants estiment par ailleurs qu'à la suite de l'abandon du TMB (tri mécano biologique) chargé de produire du compost, le compostage des déchets fermentescibles permettrait de réduire de « 30 % » le poids des poubelles grises. Un chiffre qui devrait nourrir lui aussi un débat.
(1) Source : Plan de prévention et de gestion des déchets non dangereux de la Charente-Maritime. Approuvé par arrêté préfectoral en septembre 2013, il fixe les grandes orientations de la prévention et de la gestion des déchets pour les douze ans à l'échelle du département. (2) Pour arriver à 85 000 tonnes, il convient d'ajouter environ 8 000 tonnes de compost et 2 000 tonnes de métaux ferreux.

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