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[Critique] Lucy

Par Régis Marton @LeBlurayphile

LucyLucy

Titre original : Lucy

Un film de : Luc Besson

Avec : Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Min-Sik Choi, Amr Waked, Analeigh Tipton etc.

Dernier né de Luc Besson, Lucy caracole en tête des ventes au box-office français. Cependant, si, comme tous les films de Luc Besson, c’est un bon divertissement, il y a de profondes faiblesses dans le scénario.

Le plus scientifique des Besson?

Le postulat du film repose sur le fait qu’un être humain normal n’utilise que 10 à 15% de ses capacités cérébrales, postulat discrédité par les neuroscientifiques par ailleurs. Capturée par des mafieux, Lucy, une jeune étudiante américaine à Taïwan, se retrouve à transporter un sachet de drogue vers son pays d’origine. Cependant, la drogue est en réalité du CPH4, la substance produite par les femmes enceintes qui permet à l’enfant d’acquérir en quelques semaines ses capacités motrices et cérébrales. Lucy voit donc ses capacités physiques et cérébrales être décuplées. Le bond en avant que représente Lucy (Scarlett Johansson) est comparé pendant tout le film à celui de  « Lucy », longtemps considérée comme la « première femme ». Là encore, les paléontologues ne considèrent depuis quelques temps plus sa lignée comme à l’origine de l’humanité mais cousine de l’homme. Ainsi, Lucy se présente toujours sur un ton sérieux, docte, assénant des supposées vérités à tour de bras, bien que leur exactitude scientifique ne soit pas démontrée ou soit carrément remise en question mais ce n’est pas le plus important.

Un pur Besson:

En effet, un film de Luc Besson (ou produit par Luc Besson) est toujours un bon divertissement, or cette fois, ce n’est pas le cas car le film semble constamment hésiter entre le sérieux scientifique et le film d’action avec une touche d’humour auquel nous sommes habitués. Pourtant, l’on retrouve tous les éléments qui ont fait le succès de ses films précédents : une femme « badass » et « parfaite » comme dans Le Cinquième Elément (Luc Besson, 1997), le « savoir est le pouvoir » comme dans Colombiana (Olivier Megaton, 2011), ainsi qu’un parrain de la pègre méchant et stupide (Mr Jang/Min-Sik Choi), un flic dépassé (Pierre Del Rio/Amr Waked) et une course-poursuite en voiture comme dans Taxi (Gérard Pirès, 1998). Or, si dans un film d’action comique, on peut pardonner des faiblesses ou inexactitudes scénaristiques, l’on est moins indulgent avec un film prétendument scientifique.

Le problème du film sur ce plan est double : d’une part, le scénario n’est pas crédible et d’autre part Luc Besson en fait trop. En effet, il est très commode pour Lucy que le chirurgien qui l’opère sous la contrainte soit si complaisant. Les policiers sont également extrêmement dociles. Bien que dépassé, le policier Pierre Del Rio (Amr Waked, vu dans Engrenages) fait tout ce que Lucy lui demande sans poser une seule question jusqu’à la fin du film. C’est assez difficile à croire. On voit venir la fin, puisqu’elle est annoncée pendant tout le film, mais le pire est que Luc Besson en fait trop. En effet, si l’on veut bien croire que recevoir un choc aussi fort que l’ingestion du CPH4 est traumatisant, en quoi cela annule-t-il la gravité pour son porteur ? Cette scène fait penser à L’Exorciste (1973) ou tous les films de vampires des 15 dernières années où ceux-ci marchent au plafond… Aller aussi loin n’était pas nécessaire pour appuyer le propos.

La morale de l'histoireLe pire est la morale de l’histoire car Lucy accepte d’ingérer tout le CPH4 des trafiquants afin d’engranger toutes les connaissances possibles et imaginables et de les transcrire dans une clé USB qu’elle confie au Professeur Norman (Morgan Freeman) afin que l’humanité progresse. Elle termine par « Vous savez quoi en faire ». En aucun cas l’humanité n’en viendrait à la guerre civile, voire au chaos total, pour des informations sur son propre fonctionnement, le monde qui l’entoure et l’univers lui-même… Bien sûr que non, puisque Lucy balaie cette possibilité d’un revers de main.

Pour résumer, Lucy est un film qui aurait pu être réussi avec un peu de second degré et surtout un meilleur scénario. Sortie le 6 août 2014. 

A la suite de circonstances indépendantes de sa volonté, une jeune étudiante voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini. Elle « colonise » son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités.


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