Magazine Société

Mondialisation ou démondialisation ?

Publié le 28 août 2014 par Toulouseweb
Le nouveau ministre de l’Economie, de l’Industrie et du numérique, Emmanuel Macron, l’a dit clairement : il croit au redressement productif et affirme ętre trčs attaché ŕ la production en France, Ť ce seront des valeurs que je veux continuer ŕ porter ť, a t-il affirmé dans son discours qu’il a prononcé le 27 aoűt lorsqu’Arnaud Montebourg, son prédécesseur ŕ Bercy, lui a passé les ręnes du ministčre. Aprčs un premier Conseil des ministres tenu avec le nouveau gouvernement, dans l’aprčs-midi, c’était au tour du Premier ministre Manuel Valls de prendre la parole devant les patrons du Medef réunis pour leur traditionnelle université d’été ŕ Jouy-en-Josas. Et lŕ, alors que son nouveau ministre de l’Economie et de l’Industrie avait affirmé la veille qu’il Ť croit dans le redressement productif ť, Manuel Valls lui a emboîté le pas. Si Emmanuel Macron a affirmé ętre attaché ŕ la production en France, Manuel Valls a tenu ŕ rassurer les patrons français lui emboîtant le pas en affirmant haut et fort qu’il poursuivrait le redressement productif et qu’il s’attacherait ŕ restaurer l’attractivité de la France.
Ce qui m’amčne ŕ me poser la question suivante : peut-on mettre en place une politique de séduction des industriels étrangers afin qu’ils viennent produire sur notre sol sans accepter que nos propres industriels n’aillent s’implanter Ť ailleurs ť sous des prétextes pour la plupart du temps justifiés ?
Il y a seulement quelques jours au début du mois d’aoűt, Airbus annonçait avoir confié au taďwanais AIDC la fabrication de certains panneaux en composite du carénage ventral de ses A320. Certes il ne s’agit pas pour Airbus de s’installer ŕ Taďwan, mais il s’agit bien de transférer des charges de travail ŕ un industriel qu’il a fallu d’abord qualifier. Et pourquoi cela ? Comme l’affirme Airbus, l’avionneur souhaite accroître considérablement sa part de marché en Asie-Pacifique. Et cela fait maintenant 6 ans que pour mieux vendre ses avions en Chine, l’avionneur européen avait créé de toute pičce –en partenariat avec l’industriel chinois Avic- une usine d’assemblage final d’A320 ŕ Tianjin. Il avait d’ailleurs déjŕ commencé de faire produire, tout d’abord des pičces puis ensuite des sous-ensembles. Dorénavant il y fait męme fabriquer –chez Xian Aircraft-toutes les ailes qui équipent les A320 assemblées dans la Ť FAL ť chinoise.
L’avionneur ne veut pas en rester lŕ puisqu’il a aussi choisi de monter une unité d’assemblage final de ses A320 ŕ Mobile aux Etats-Unis. Lŕ non plus il ne fait pas de philanthropie. Il s’agit bien d’une séduction vis-ŕ-vis des compagnies aériennes américaines et du gouvernement de Washington pour avec du Ť Made in America ť arriver ŕ vendre plus sur le territoire.
Boeing n’avait-il pas fait de męme en confiant depuis des décennies des sous-ensembles complets de ses avions civils aux Japonais Mitsubishi Heavy Industries, Yamazaki Heavy Industries ou encore Fuji Heavy Industries. Certes, Boeing aprčs avoir connu des déboires avec les ailes en composites de son Dreamliner 787 a décidé pour son futur 777X de fabriquer et d’assembler ses ailes également en composites ŕ Everett. Technologie composite que Boeing juge utile de maîtriser en interne, taille des ailes pour lesquelles il est plus économique d’éviter des coűts de logistique trop élevés ? Toujours est-il qu’il s’agit lŕ d’un rapatriement de production qui ŕ ce jour n’a pas l’air d’agir sur les commandes du nouvel appareil. Pour preuve le client historique de Boeing au Japon, ANA lui a fait part en mars dernier de son intention d’acquérir 20 de ces futurs appareils qui devraient entrer en service en 2020.
Toujours est-il qu’ŕ notre époque c’est le jeu des grands industriels, qu’il s’agisse de l’aéronautique, de l’automobile, de l’énergie, la sidérurgie, ou męme l’agroalimentaire. Męme Bombardier est allé produire son Learjet 85 au Mexique bénéficiant lŕ de conditions telles qu’il peut mettre en œuvre des technologies composites Ť out of autoclave ť, alors que son concurrent Embraer s’est installé aux Etats-Unis pour mieux séduire le marché.
Alors nous le voyons bien les raisons des Ť relocalisations ť de production sont multiples et trouvent toujours une bonne justification. Reste ŕ la France de se donner les moyens d’ętre un pays attractif et d’attirer non pas uniquement des repreneurs d’entreprises, mais des industriels soucieux d’élargir leurs bases industrielles et clientčles.

Nicole B. pour Aeromorning

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine