Magazine
Le meilleur moyen pour freiner la recherche fondamentale (dont on sait, n'en déplaise à certains, qu'elle est à l'origine de toutes les avancées) est d'essayer de la contrôler. En science notamment les grands problèmes ont le plus souvent été résolus par des gens qui s'intéressaient à une toute autre question, faisant du grand mystère précédent un simple cas particulier d'une nouvelle théorie. Une constante dans le travail des théoriciens est qu'en général ils ne savent pas exactement où ils vont et qu'ils découvriront toujours plus de problèmes qu'ils n'en résoudront. De ces promenades sont nées les idées les plus profondes de la science et à plus ou moins long terme les plus grands progrès techniques. Pensez-vous réellement que quelqu'un, si visionnaire soit-il, ait pu penser il y a deux siècles que la géométrie riemannienne serait à la base du fonctionnement des GPS? Non. En cela la recherche fondamentale est insaisissable et demande plus que n'importe quel autre domaine une liberté totale. Ironie de l'histoire, le chercheur étant obsessionnel il juge parfois bon d'appliquer le principe de ne pas savoir où aller à son quotidien...mais c'est une autre histoire. Or depuis quelques temps une politique de contrôle et de profit s'installe insidieusement dans les laboratoires. L'apparition notamment du facteur h (ou impact factor), un nombre supposé rendre compte de la qualité du travail d'un chercheur. Calculé à partir du nombre de publications, l'évolution de l'intéressé dans le grand temple académique en dépendra. Les chercheurs ont tendance à considérer qu'ils n'ont jamais réellement terminé leurs études et qu'ils sont toujours étudiants. Cela tombe plutôt bien puisque voilà qu'on les note à nouveau. Le concept de chercheur publiant apparaît aussi. Etant assez mystérieux pour moi, je me contente de vous recopier la définition de l'AERES (l'agence d'évaluation de la recherche blablabla...): "Est considéré comme chercheur ou enseignant-chercheur publiant, celui qui, dans le cadre d'un contrat quadriennal, satisfait à un nombre minimal de publications". Alors mesdames et messieurs les chercheurs, à vos craies, et trouvez! Non mais on rêve...