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ALCOOL: En faire goûter un peu à son enfant, une expérience anodine? – Alcoholism: Clinical & Experimental Research

Publié le 29 août 2014 par Santelog @santelog

ALCOOL: En faire goûter un peu à son enfant, une expérience anodine? – Alcoholism: Clinical & Experimental ResearchCette étude a regardé les effets d’antécédents à l’enfance, entre 8 et 10 ans, de «  l’initiation  » à l’alcool. Si faire siroter ou déguster un peu d’alcool à son enfant, exceptionnellement, peut sembler une expérience ludique et sans conséquences, une précédente étude avait associé cette approbation parentale à un risque accru de comportements à risques plus tard, à l’adolescence. Cette nouvelle étude de l’Université de Pittsburgh ne retrouve pas cette association dégustation-comportements à risques mais réfute totalement cette expérience comme une préparation à la "socialisation" voire une stratégie de protection parentale. Les conclusions, publiées dans la revue Alcoholism: Clinical & Experimental Research s’accordent surtout sur l’importance de l’exemple donné par les parents.

Siroter voire déguster exceptionnellement une gorgée d’une boisson alcoolisée à l’enfance est considéré comme une sorte d’initiation inoffensive dans de nombreuses familles. Cette petite expérimentation requiert évidemment l’approbation voire une proposition des parents. Elle implique donc chez l’enfant la perception d’un environnement familial favorable à la consommation d’alcool. Mais dans quelles limites pour l’enfant ? De précédentes recherches ont suggéré que de telles expériences à l’enfance, dans un contexte familial favorable, sont prédictrices de comportements négatifs à la fois dans l’adolescence et à l’âge adulte, tels que l’abus d’alcool et la dépendance, l’usage de drogues illicites, la délinquance, les comportements sexuels à risque, les accidents de véhicules à moteur, les problèmes d’études ou professionnels.

D’autant que ce type d’initiation n’est pas rare. John E. Donovan, professeur agrégé de psychiatrie et d’épidémiologie à l’Université de Pittsburgh évoque plusieurs enquêtes qui suggèrent que siroter ou déguster un peu d’alcool est très fréquent chez les enfants de moins de 12 ans : Cette nouvelle étude le confirme, 66% des enfants à l’âge de 12 ans et 33% à l’âge de 8 ans ont déjà goûté ou bu une boisson alcoolisée et 7% des 12 ans en ont même déjà «  absorbé  » un verre entier.

Alors quelles conséquences ? Si de précédentes études ont associé des conséquences négatives à l’initiation précoce à l’alcool, ici, les chercheurs à partir des données de consommation de 452 enfants (238 filles, 214 garçons), âgés de 8 ou 10 ans, et de leurs familles constatent que,

·   les enfants qui ont bu ou testé de l’alcool avant 12 ans déclarent que leurs parents sont plutôt favorables à cette expérience et plus susceptibles d’être des buveurs eux-mêmes, ce que d’ailleurs les parents confirment.

·   Le comportement des enfants qui ont bu ou testé de l’alcool avant 12 ans ne diffère pas de celui des autres enfants et l’étude n’identifie pas de troubles particuliers à l’adolescence, tels que l’alcoolisme, la consommation de cannabis ou d’autres drogues, la délinquance ou des comportements sexuels à risques.

«  Siroter  » exceptionnellement durant l’enfance n’apparaît donc pas comme un problème en soi et ne peut être interprété comme un indicateur précoce de futurs troubles du comportement.

Cependant la culture familiale compte ! L’expression de l’approbation des parents et leur consommation parentale d’alcool généralement plus élevée favorisent, selon les auteurs, un type comportement «  alcool friendly  » dans un sens plus général. « Les parents et l’école sont les sources les plus probables d’influence sociale sur la consommation d’alcool chez les enfants« , expliquent les auteurs. « Si les enfants ne voient pas chez leurs parents une forte désapprobation, ils seront plus susceptibles de faire un premier pas vers la consommation d’alcool. Si les parents boivent devant leur enfants, ils seront plus enclins à boire ou goûter de l’alcool et à renouveler l’expérience".

Bref, initier les enfants même avec une gorgée ne doit pas être considéré comme un moyen de les protéger. L’initiation, combinée à l’exemple des parents peut dans certains contextes, favoriser des effets à long terme sur le comportement de l’enfant vis-à-vis de l’alcool.

Source: Alcoholism: Clinical & Experimental Research 26 AUG 2014 DOI: 10.1111/acer.12517 Antecedent Predictors of Children’s Initiation of Sipping/Tasting Alcohol (Visuel © Robert Kneschke – Fotolia.com)

ALCOOL: En faire goûter un peu à son enfant, une expérience anodine? – Alcoholism: Clinical & Experimental Research
Lire aussi:ALCOOL: Pourquoi les parents doivent montrer l’exemple -


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