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A Bruxelles, les conflits d’intérêt avec le monde de la finance font jaser

Publié le 06 septembre 2014 par Blanchemanche
#CEE
Renaud Honoré / Correspondant à Bruxelles | Le 05/09
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Le recrutement annoncé mi-août l’ancienne députée européenne britannique Sharon Bowles London Stock Exchange (LSE) grincer dents
Le recrutement annoncé mi-août de l’ancienne députée européenne britannique Sharon Bowles par le London Stock Exchange (LSE) fait grincer les dents - Bloomberg
Est-ce une nouvelle illustration des liaisons trop étroites qu’entretiendraient le monde de la finance et les législateurs censés le réguler ? Depuis quelques jours, une nouvelle affaire de conflit d’intérêts suscite des vagues à Bruxelles. En cause : le recrutement annoncé mi-août de l’ancienne députée européenne britannique Sharon Bowles par le London Stock Exchange (LSE), en tant que directrice non exécutive.Le nom de cette parlementaire ne dira sans doute rien à ceux qui ne se passionnent pas pour les réglementations financières touffues pondues par l’Union européenne. Mais elle présidait pendant la dernière législature, jusqu’à mai dernier, la commission parlementaire des Affaires économiques et financières, ce qui faisait d’elle une femme puissante et influente. « Elle a su tisser pendant ces cinq dernières années un réseau impressionnant parmi les dirigeants des grandes institutions financières, et elle ne se cachait pas vouloir le faire fructifier par la suite », persifle un ancien collègue du Parlement.

Code de conduite

Ce passage rapide dans un secteur qu’elle régulait, à peine deux mois après la fin de son mandat, est dénoncé par plusieurs ONG, comme Transparency International ou Corporate Europe Observatory (CEO), très en pointe sur ces questions de conflits d’intérêts. « Il est clair que le code de conduite des Parlementaires européens doit être réformé d’urgence », estime cette association. Les eurodéputés de tous bords ont l’habitude de consulter l’industrie concernée et les lobbies avant chaque texte législatif. Mais les nombreux rendez-vous tenus par Sharon Bowles ces dernières années avec LSE deviennent du coup suspect aux yeux de CEO, alors que la Britannique s’est occupée de lois essentielles pour son futur employeur ( EMIR sur les produits dérivés, Mifid sur la réglementation des marchés financiers ). « Je ne mets pas en cause son honnêteté », estime Sven Giegold, eurodéputé Verts allemand. « Mais si rien n’est illégal, c’est très clairement illégitime et nous sommes devant un flagrant conflit d’intérêt ». Jean-Paul Gauzès (UMP), l’eurodéputé français le plus influent sur les questions financières lors de la dernière législature, se dit, lui « étonné ». « On peut s’interroger sur l’impartialité des positions prises pendant son mandat. »Ce dernier, qui n’a pas été réélu en mai dernier, a depuis reçu nombres de propositions pour passer de l’autre côté de la barrière, dans le lobbying. « Je les ai toutes refusées, cela aurait jeté une ombre sur mon action passée », explique-t-il. Les entreprises, notamment dans la finance, sont friandes de ces anciens parlementaires. « Bien sûr, ils ont un réseau, mais surtout ils ont une connaissance incomparable du fonctionnement de la machine ce qui est très précieux pour faire passer ses idées », explique un lobbyiste. Parfois, ce sont même d’anciens Commissaires qui franchissent le pas, comme le prédécesseur de Michel Barnier au portefeuille des services financiers, Charles McCreevy, ce qui avait provoqué un mini-scandale .

Edicter des règles claires et intelligentes

Sharon Bowles s’est dite « estomaquée » il y a quelques jours par ces accusations, défendant dans le journal « Financial News » la nécessité d’avoir « une relation positive entre secteur public et privé ». Une approche qui trouve un écho chez Sylvie Goulard, eurodéputé Modem, qui appelle à « ne pas diaboliser les aller-retours entre les deux mondes, faute de quoi nous n’aurons que des fonctionnaires dans la vie politique ». La Française ajoute toutefois qu’il faudrait des « règles claires et intelligentes » pour que ça puisse fonctionner. De nombreux eurodéputés estiment qu’il faudrait imposer une période minimum avant qu’un ex-parlementaire puisse passer dans le privé après son mandat.
Renaud Honoré
Bureau de Bruxelles
@r_honore

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