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Fatigue (2)

Publié le 21 mai 2008 par Jfa

Je viens de re-terminer, pour la nième fois “La Société de consommation” de J. Baudrillard pour lequel “la fatigue, endémique, incontrôlable est, avec la violence incontrôlable… l’apanage des sociétés riches….”.

“Les héros de la consommation sont fatigués… Avec la consommation, nous sommes enfin seulement dans une société de concurrence généralisée, totalitaire, qui joue à tous les niveaux, économique, savoir, désir, corps, signes et pulsions, toutes choses désormais produites comme valeur d’échange dans un processus incessant de différenciation et de surdifférenciation”.

“On peut admettre aussi… qu’ au lieu d’appareiller comme elle prétend le faire”les aspirations, les besoins et les satisfactions”, cette société crée des distorsions toujours plus grandes, chez les individus comme dans les catégories sociales aux prises avec l’impératif de concurrence et de mobilité sociale ascendante, en même temps qu’avec l’impératif, désormais fortement intériorisé, de maximaliser ses jouissances… La fatigue du citoyen de la société post-industrielle n’est pas loin de la la grève larvée, du freinage, du “slowing down” des ouvriers en usine, ou de l’”ennui scolaire”. Toutes ces formes de résistance passive, “incarnée”, au sens où l’on parle d’un “ongle incarné”, qui se développe dans la chair, vers l’intérieur.”

“L’élève fatigué, c’est celui qui subit passivement le discours du professeur. L’ouvrier, le bureaucrate fatigué, c’est celui à qui on a ôté toute responsabilité dans son travail. L’”indifférence politique”, cette catatonie du citoyen moderne, c’est celle de l’individu à qui toute décision échappe, ne conservant que la dérision du suffrage universel.”

“La fatigue… est une activité, une révolte latente, endémique, inconsciente d’elle-même… Et c’est parce qu’elle est une activité (latente) qu’elle peut soudainement se reconvertir en révolte ouverte, comme le mois de mai l’a partout montré”.

Rappelons-le, ces lignes datent de 1970. Il serait, je pense, nécessaire de rajouter à ce tableau le stress des cadences et pressions professionnelles qui se renforcent, les angoisses du licenciement dans une société où les chômeurs se comptent par millions, les régressions sociales subies, les fins de mois de plus en plus difficile. La fatigue du travail mène aujour’hui hélas, de plus en plus souvent, à la dépression pathologique voire au suicide..!


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