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SOCIÉTÉ / JUSTICE > Affaire d'Outreau - "Présumé coupable", tournage d'un mensonge ?

Publié le 08 septembre 2014 par Fab @fabrice_gil

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Alain Marécaux et Philippe Torreton I Photo d'écran ©LeMessager.fr

Il clame ne pas avoir bénéficié de la présomption d'innocence à laquelle il avait droit. Alain Marécaux, huissier de justice, acquitté dans l’affaire d’Outreau en 2005, raconte son histoire au travers d’une fiction diffusée ce soir sur France3; fiction qui semble tout dire, sauf la vérité.
C’est certainement l’un des dossiers de pédophilie les plus traumatisants qu’aura connu la région Nord-Pas-de-Calais. A la suite d’une enquête judiciaire entamée voilà des années par le parquet de Boulogne-sur-Mer, un réseau de prostitution de jeunes enfants avait été démantelé à Outreau, cité industrielle proche de Boulogne. Un réseau concernant une vingtaine de petites victimes. Assurément plus, depuis… On parlait de ramifications jusqu’en Belgique, et dans le milieu médical.
Drame de la misère? Oui, au départ. Mais l’affaire avait pris de l’ampleur avec l’implication de personnalités locales, des personnes de "bonne famille" : un huissier de justice et sa femme, un prêtre ouvrier très impliqué dans la vie associative d’Outreau, mais aussi un chauffeur de taxi, et les propriétaires d’un sex-shop d’Ostende, des Français résidant en Belgique. Au début de l’enquête, six personnes au total avaient été présentées devant le juge d’instruction Fabrice Burgaud. Tous étaient poursuivis pour viols et agressions sexuelles aggravées.Les deux propriétaires du sex-shop, un père -décédé depuis- et son fils, qui fournissaient aux parents toutes sortes de "matériels", avait été de surcroît poursuivis pour la réalisation d’images pornographiques mettant en scène des mineurs. Tous, ont nié farouchement être impliqués dans l’affaire. L’huissier et sa femme, divorcés désormais, avaient dénoncé un règlement de comptes. Pourtant l’identification des suspects s’était réalisée à l’aide de photos d’identité, mêlées à une quarantaine d’autres clichés. Les enfants avaient spontanément reconnus, un par un, leurs agresseurs…
Les vingt-quatre enfants connus, alors âgés de 4 à 12 ans, avaient été abusés dés leur plus jeune âge. D’abord dans le cadre de sordides, mais presque banales, affaires d’inceste. C’est un enseignant d’école maternelle qui avait remarqué l’étrange comportement de certains d’entre eux. Tous, avaient été retirés de leurs cinq familles respectives, très défavorisées, toutes logées dans le quartier de la Tour du Renard, à Outreau. Puis un jour, les petits confient à leurs familles d’accueil leur étonnement "de ne plus subir de souffrance" que leur infligeaient les adultes… Les enquêteurs avaient alors découvert l’horreur : les parents vendaient les services de leurs enfants, d’abord à des commerçants du quartier pour effacer leurs "ardoises", puis à des adultes issus de milieux beaucoup plus favorisés.
Si depuis 2005, treize personnes "présumés coupables" ont été acquittées, Daniel Legrand (fils) est officiellement renvoyé devant les assises de Rennes au mois de mai 2015. Initialement condamné, il avait purgé une peine de deux ans et demie de prison avant d’être définitivement innocenté, comme les 13 autres accusés. Le jeune homme avait alors été jugé, condamné puis finalement acquitté en qualité de personne majeure. Mais à l’issue de l’affaire d’Outreau et l’acquittement dont le jeune homme avait bénéficié alors, personne n’avait souhaité le poursuivre pour les mêmes faits commis dans la période précédent ses 18 ans. La prescription prenait fin en octobre 2013, date à laquelle il n’aurait plus été possible qu’il soit inquiété. Il était techniquement possible, cela pour la mémoire des enfants, qu’il comparaisse à nouveau pour les faits datant de sa minorité.
Une association spécialisée dans la protection des enfants contre les abus sexuels, a justement entrepris les démarches nécessaires pour qu’un jugement ait lieu à l’encontre de Daniel Legrand. L’association internationale Innocence en danger a pris le relai de Chérif Delay, l’un des quatre enfants victimes dans l’affaire, qui s’est toujours opposé au dernier verdict de 2005."Le procès de Daniel Legrand fils n'est pas un 3ème procès d’Outreau comme certains le clament par ignorance, puisqu’il s’agit de faits commis par le jeune homme alors qu'il était mineur ; Faits avoués dans une lettre à l’époque (…) ces crimes n'avaient pas été jugés, et si nous n'avions pas interpelé le procureur a ce sujet, la France auraient inévitablement été condamnée par la cour européenne des droits de l'homme, entachant ainsi l'image de la justice française" explique Homayra Sellier, présidente de l’association.
Au regard du film "Présumé coupable" diffusé ce soir sur France3, "… je suis écœuré" confie amèrement Jonathan Delay -frère de Cherif et victime d’Outreau- "… écœuré d’imaginer que ce film va induire en erreur les téléspectateurs sur l’affaire(…) Ce film sert la cause de qui ? Je me le demande…". Homayra Sellier, quant à elle, estime que "pour tous ceux qui connaissent tant soit peu l’affaire d’Outreau (…), pour ceux qui ont compris la désinformation qui a accompagné les deux procès de Saint-Omer et de Paris, ce film ne peut-être autre chose qu'un film de cinéma". "Le public Français a été mal informé" ajoute-t’elle, "aujourd’hui, cela à des conséquences désastreuses sur tous les procès de viols d’enfants(…) il suffit désormais aux avocats des "prédateurs sexuels", de prononcer le nom d’Outreau pour obtenir l’acquittementimpensable.""Dans cette affaire de nombreux points cruciaux n’ont pas été soulignés : pourquoi douze enfants ont été reconnus victimes de viols ? Pourquoi les victimes ont été placées dans le box des accusés ? Pourquoi les 17 enfants partie civiles n'avaient que deux avocats, nommés par le Conseil General, alors que 17 présumés coupables en avaient 19 ? Le rapport de l'IGAS aurait du être pris en considération ; rapport qui fait état de suspicion de violences sexuelles sur certains de ces enfants, notamment les enfants des acquittés".
Ce soir, la diffusion de ce film "clôture la grille des programmes/fictions mis en place durant l’été. Si "Présumé coupableest une coproduction de notre chaîne, aucun lien n’est à observer entre le futur procès de Daniel Legrand et la diffusion de ce film" assure France3.FG

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