
En cette fin d'été 2014, c'est une affaire entendue, le gouvernement socialiste au pouvoir sera cohérent, hommes et femmes désormais tous alignés, le petit doigt sur la couture du pantalon ou du tailleur. Exeunt les trublions potentiels ou réels, une seule ligne, celle du "Pacte de Responsabilité". J'ai déjà dit ici tout le bien qu'on pouvait penser de cette chimère, rien à ajouter ou à retrancher. Il y a que, désormais associé à l'ambition de réduire les déficits budgétaires tout en freinant la pression fiscale, ce "pacte" constitue l'intégralité du logiciel de la gauche au pouvoir, nonobstant quelques velléités d'ordre sociétal - pour autant que les zozos de la "Manif pour tous" n'y voient pas trop d'objections. Le "pacte", tout le "pacte", rien que le "pacte", fermez le ban.
Bon, pourquoi pas. A condition, toutefois, de clarifier un certain nombre de points:
- Il faut mettre fin, sans plus attendre, au débat sur le qualificatif qu'il conviendrait d'accoler au nouveau gouvernement Hollande: il se revendique social-démocrate, on le qualifie de social-libéral, et nul doute que le fameux "social-traître" dont usèrent et abusèrent les staliniens est déjà judicieusement ressorti de la naphtaline. Je dis: brisons là. Et posons-nous la question: pourquoi "social"? Va falloir trouver autre chose.
- Tandis que le gouvernement gouverne, donc, le Parti Socialiste se lance dans un grand remue-méninges: les Etats Généraux des Socialistes, ça s'appelle. Les militants et sympathisants sont invités à faire part de leurs doléances, idées, suggestions et à débattre autour de thèmes comme "Laïcité et République", "Croissance et Social-Ecologie", etc.. Nul doute que ces contributions de la "base" nourriront une profonde réflexion au sein des instances dirigeantes du parti qui, moyennant quelques synthèses habiles, construiront, sinon un programme politique, à tout le moins un réservoir d'options pour la prochaine élection primaire. C'est bien beau, mais au fait, pour quoi faire? De deux choses l'une: soit le P.S. entend représenter la "gauche de gouvernement", auquel cas un gouvernement issu de ses rangs devrait mettre en oeuvre des politiques que le parti préconise ou a préconisé (pas de trace du "Pacte de Responsabilité", à ma connaissance) soit il se contrefout de gouverner, mais à ce moment-là qu'il le dise. Comme la seconde option est peu probable, qu'il annonce clairement aux militants et sympathisants que ses "Etats Généraux" en fait c'est pour d'la fausse, cause toujours, camarade
- Au gouvernement comme dans l'opposition, le discours du moment c'est: "soutenez moi, sinon vous aurez Marine Le Pen". Tandis que Manuel Valls entonne l'air de la "République en danger" pour resserrer les rangs d'un P.S. un poil ronchon, le principal argument en faveur du retour en scène de Nicolas Sarkozy est celui qui consiste à le positionner comme le seul candidat crédible face au F.N. (cf. l'avalanche récente de sondages plus ou moins certifiés). De part et d'autre, donc, on est d'accord: Marine Le Pen est au centre de la vie politique, il y a elle et "les autres", qui tentent comme ils le peuvent de se différencier comme challengers potentiels. Seulement voilà, il y a un petit, tout petit détail à régler: pour faire se déplacer des électeurs en nombre suffisant, le coup du "barrage au Front National" ne suffira vraisemblablement pas, en tout cas pas éternellement. Va falloir aller piocher des idées au delà des think-tanks du MEDEF, les uns et les autres. Ou alors dire clairement qu'un gouvernement Marine Le Pen est une option envisageable
Insondable vacuité que celle du pouvoir et de l'appétit de pouvoir tels qu'il nous sont montrés, en ce crépuscule de la cinquième république. De Gaulle, avec sa "politique de la chaise vide", faisait de la politique. Son lointain successeur trône sur le vide, le vide de la chaise politique.
A bientôt