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Manuel s’occupe de tout. Nicolas, Alain et François en prennent leur parti.

Publié le 11 septembre 2014 par Rolandlabregere

Manuel Valls en est à son deuxième gouvernement. On ne sait pas à ce jour si son appétit lui offrira l’opportunité d’une autre (ou plus) séquence de chef du gouvernement. En faisant passer à la trappe les ministres peu portés à le considérer comme le chef, Manuel Valls inscrit son nom sur les tablettes anthologiques de Matignon. « Ma mission, c’est de redresser le pays » a-t-il déclaré à La Rochelle lors de son discours à l’université d’été du Parti socialiste. Conscient des embûches qui sont en embuscade tout au long de sa route, il avait préalablement avoué « qu’il ne cherche pas les applaudissements ». Savoir être réaliste est la première condition qui doit inspirer un ministre pour durer.

La solidarité des socialistes est chichement comptée. Les « frondeurs » agitent leurs lance-pierres mais en dépit de déclarations à casser la baraque se résignent à continuer à s’en tenir à des déclarations bien frappées. Pourtant Manuel Valls semble bien seul. Il ne peut compter que sur ses amis du patronat qui l’ovationnent. Voilà un premier ministre qui sait la force des cadeaux. Pas question de compenser le plan d’urgence pour les entreprises par quelques piécettes pour les citoyens. On facilitera donc la vie des entreprises sans contreparties. Quand on gouverne pour le bien du patronat, on ne s’embarrasse pas de principes d’inspiration socialiste.

Au Bar des amis isolés, dans un quartier de La Rochelle, trois potes se sont retrouvés pendant les journées socialistes. Nicolas, Alain, François ne s’étaient pas vus depuis quelques mois. Entre eux, ne règnent pas l’amitié inoxydable et la solidarité nées des épreuves partagées mais une sorte d’alliance fragile où chacun espère que les deux autres tomberont ensemble dans le marigot. Autour d’une grenadine à l’eau (Nicolas), d’un amer Picon (Alain), et d’un Pernod-Ricard (François), les trois se sont laissés aller à s’épancher sur le constat de leurs destins contrariés. « A quoi on sert si ce Valls fait la politique que j’aurais faite », dit Nicolas ? « Il fait les yeux doux au Medef qui ne voit pas arriver la manœuvre », répond Alain. François, lui, ronge son frein, et laisse entendre qu’il est au service de la France et pourrait bien être celui par qui la surprise arriverait. Sur l’écran de la télé, la boucle des infos montre le premier ministre qui se promène dans les rue de La Rochelle. N’écoutant que sa mémoire, Nicolas se lève, bouscule la table et s’écrie « casses-toi, pauvre con ! ». Nicolas aime renverser la table. Alain en profite pour dire discrètement à François que Nicolas est « agaçant avec ses manières agitées ».

On ne sait comment cela est arrivé. Leur conversation qui fait alterner la volubilité tonitruante (Nicolas), la prudence cauteleuse (Alain) et la rudesse chafouine (François) en est venue à rouler sur l’avenir. « Nous voilà dépassés ». Chacun se risque in petto à ce diagnostic irrémédiable. Alain compte sur ses doigts : le droit du travail, la mise au pas des chômeurs, les impôts, l’écologie aux oubliettes... François secoue la tête. Nicolas semble ailleurs. Alain est déjà sur la deuxième main... la déprogrammation des 35 heures, la loi sur le logement qui n’avait pas si mauvaise allure, la fermeté, la méthode, les choix du libéralisme… C’est François qui se jette le premier à l’eau de la raison. « Il peut réussir… en tout cas, il le mériterait… ». Alain emboîte le pas. « Il affiche la couleur de nos valeurs » lâche-t-il. Sur son portable, Nicolas consulte ses contacts. Buisson a changé de numéro.

La poignée de main est brève. Les trois se saluent d’un silence plombé. Ils sont d’accord : Manuel s’occupe de tout. « Putain, il est fort », entend-t-on. Il était déjà tard et sombre devant le Bar des amis isolés.


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