Magazine Cinéma

Gemma Bovery

Publié le 11 septembre 2014 par Kevin Halgand @CineCinephile
[Critique] Gemma Bovery réalisé par Anne FontainePublié par Kev44600 le 11 septembre 2014 dans Comédie, Critiques, Drame | Poster un commentaire "Martin est un ex-bobo parisien reconverti plus ou moins volontairement en boulanger d’un village normand. De ses ambitions de jeunesse, il lui reste une forte capacité d’imagination, et une passion toujours vive pour la grande littérature, celle de Gustave Flaubert en particulier. On devine son émoi lorsqu’un couple d’Anglais, aux noms étrangement familiers, vient s’installer dans une fermette du voisinage. Non seulement les nouveaux venus s’appellent Gemma et Charles Bovery, mais encore leurs comportements semblent être inspirés par les héros de Flaubert. Pour le créateur qui sommeille en Martin, l’occasion est trop belle de pétrir – outre sa farine quotidienne – le destin de personnages en chair et en os. Mais la jolie Gemma Bovery, elle, n’a pas lu ses classiques, et entend bien vivre sa propre vie…"Une comédie sentimentale souriante et touchante, aux acteurs rayonnants.À peine un an après la sortie de Perfect Mother, film complètement raté qui tentait en vain de créer une empathie à partir de l’attraction ressentie par les personnages féminins envers de jeunes hommes qui s’avéraient être l’image de leur fils respectif, Anne Fontaine revient sur le devant de l’affiche avec un nouveau long-métrage : Gemma Bovery. Si le titre vous fait pensé à quelque chose, c’est tout à fait normal, puisque Gemma Bovery est l’adaptation cinématographique du roman graphique éponyme écrit par Posy Simmonds et publié en 2000. Bien entendu, vous ne faisiez pas référence à ce roman graphique, mais bel et bien au roman de Gustave Flaubert, Madame Bauvary. Œuvre littéraire absolument culte et connue par tous de nos jours grâce notamment à son utilisation dans de nombreuses classes de français au secondaire, ainsi qu’à l’Université, Emma Bovary se transforme et voit ses pérégrinations apparaître dans la vie de la ravissante Gemma Bovery.Gemma Bovery conte aux spectateurs la belle petite histoire normande d’un couple d’Anglais qui lors de leur emménagement en Normandie, vont rencontrer leur voisin Martin, avant d’apprendre à connaître petit à petit la ville, mais surtout, les aléas de la vie de couple. Véritable comédie portée par l’énergie débordante et l’enthousiasme de Fabrice Luchini qui excelle dans un rôle de composition, Gemma Bovery surprend par son envie de toucher le spectateur. L’ambition de ce long métrage signé Anne Fontaine, n’est pas comme dans son précédent film, de créer une empathie ou de la pitié à l’égard de ses personnages, mais d’émouvoir en gardant un ton comique, presque burlesque par moment. Elle souhaite ici transposer à l’image un roman graphique qui a tout d’une comédie grâce à des situations cocasses, mais surtout à un protagoniste qui joue sur deux tableaux simultanément, en étant à la fois instigateur et acteur. Gemma Bovery est une marionnette avec laquelle joue Martin.Martin s’ennuie dans sa petite boulangerie normande.Martin est un adorateur de Gustave Flaubert et notamment de son œuvre, Madame Bovary que ce dernier a écrit en Normandie.Martin a envie de sortir de sa petite vie tranquille.Martin a envie de s’épanouir sur tous les fronts.Martin a envie de vivre une aventure riche en palpitations, une aventure riche en tensions charnelles comme sexuelles !En cinq petites tirades, on retrouve l’essence du scénario écrit par Anne Fontaine et co-écrit par Pascal Bonitzer, mais on retrouve avant tout la fougue presque habituelle de Fabrice Luchini. Débutant comme simple personnage essentiel au bon déroulement de l’histoire, Martin va encore plus loin dans son omniprésence, qu’il en deviendrait un personnage omniscient. Véritable marionnettiste qui croît revivre les aventures de son œuvre littéraire favorite avec l’arrivée du couple anglais dans son village, il va prendre contrôle de leur histoire et faire basculer ce Gemma Bovery du statut de comédie gentillette en drame sentimental destructeur pour ses personnages. Très intelligent dans sa narration, Gemma Bovery utilise avec vigueur un élément omniprésent qui est la voix off, afin de faire comprendre aux spectateurs les pensées de Martin et ses intentions. De plus, le scénario se permet de jouer sur deux tableaux que sont la comédie et le drame, grâce à cette voix off qui fait ressortir la mise en abime du protagoniste, contrairement aux dialogues qui eux jouent avec les caractères respectifs des personnages afin de rendre leurs confrontations et rencontres jubilatoires.Savoureux, touchant et drôle, Gemma Bovery transporte le spectateur tel un lecteur lisant un conte. C’est beau et drôle, mais pas dépourvu de sens, car malgré une fin acrobatiquement maladroite qui n’arrive pas à retomber sur ses pattes, les quelques morales disséminées tout au long du film ne sont pas anecdotiques et collent parfaitement avec l’ambiance générale du film, en jouant à la fois sur l’humour et le drame, tout en n’effectuant aucun jugement. Gemma Bovery n’est pas un film tiré d’un fait réel ou un film qui souhaite retranscrire une réalité. C’est un film qui joue avec les spectateurs, qui essaye de leur faire ressentir des émotions au travers de situations, dialogues et personnages qui correspondent plus aisément aux stéréotypes de la bande dessinée que du cinéma. On est dans l’exagération permanente afin de faire sourire, la mise en scène est théâtrale, les cadres choisi mettent en avant les personnages sans jamais oublier l’environnement, les couleurs sont chatoyantes et les rencontres sont téléphonés. C’est un choix et c’est le choix de Posy Simmonds. Elle a une patte artistique et une écriture toute particulière, que l’on retrouvait déjà dans Tamara Drew, qui consiste à faire sourire et émouvoir tout en s’appuyant sur des thèmes moraux et sentimentaux. Ici encore on retrouve cette touche et ça fonctionne, signe qui démontre qu’Anne Fontaine a réussi son film et de plus, elle offre un rôle de composition à Fabrice Luchini et un très beau rôle à une Gemma Arterton rayonnante.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kevin Halgand 7634 partages Voir son blog

Magazine