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Une histoire de vol à la maison de retraite :

Publié le 22 mai 2008 par Le Petit Docteur
fee470b611ab341a475ddc58e5a7ca79.jpgSimone a 80 ans.
Je suis allé lui rendre visite dans sa maison de retraite.
Un simple renouvèlement de traitement ?
Non. Ce jour là, c'était le drame car elle avait été accusée d'avoir "fouillé" dans l'armoire d'une voisine.
Terrible suspicion perçue par elle comme une authentique accusation de vol.
Son bras lorsqu'elle m'a relaté sa version des faits, son bras s'est mis à trembler.
Au final, rien de terrible.
Elle avait voulu aider une voisine à ranger son armoire.
On m'a expliqué plus tard qu'elle se sert parfois d'une façon un peu lourde sur les charriots des femmes de service lorsqu'elles passent devant sa chambre. Bref.
On a résolu l'affaire sans faire intervenir la police...
Cet épisode malheureux de dénonciation l'a vraiment bouleversé.
Accompagné de l'infirmière du service, elle nous a ensuite raconté son histoire, une histoire de jeunesse.
Une autre histoire de dénonciation.
Voilà pourquoi son bras a tremblé.
Nous sommes dans un petit village de Normandie, début 1944. Simone est un joli brin de fille, elle a un peu plus de 16 ans.
Elle aide à l'auberge de son père.
Un matin, tous les deux sont arrêtés par les allemands et emmenés à la Kommandantur sur dénonciation.
On les accuse d'avoir volé un sac de courrier destiné à l'occupant.
Simone est alors interrogée par la Gestapo. Elle subit un certain nombre d'humiliations.
Etant vierge, elle sera épargnée de sévices physiques afin d'être "réservée" intacte à un gradé.
Quelques jours plus tard lors d'un transfert de lieu de détention, le fourgon qu'elle occupe, est attaqué par un groupe de résistants.
Cette action destinée à libérer un prisonnier important lui permet ainsi d'échapper au bordel militaire allemand me dit-elle.
En réponse à cette action de sauvetage présentée comme une action terroriste par l'occupant: 13 otages pris au hasard furent fusillés dans son village.
Parmi ces derniers figurait le jeune fiancé de Simone.
Depuis cette époque, Simone a le bras qui tremble lorsque les émotions et le stress sont trop important.
Elle l'explique comme une des séquelles de son histoire de jeunesse.
En sortant de sa chambre après le récit de cette histoire, nous nous sommes regardés la jeune infirmière et moi sans nous dire un mot.
Je ne sais pas si l'histoire de Simone est vrai.
Mais une chose est certaine, elle la vit encore intensément plus de 60 ans après, marquée, indélébile.
Tant de choses à découvrir derrière une porte d'une chambre de maison de retraite...

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