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384ème semaine: la cohabitation impossible de François Hollande

Publié le 13 septembre 2014 par Juan
384ème semaine: la cohabitation impossible de François Hollande

François Hollande sera-t-il enfin confronté à une cohabitation ?

Le spectacle politique n'est plus surprenant. Après une mauvaise semaine "trash-peopolisée" par l'ouvrage vengeur et intime de Valérie Trierweiler dès les premiers jours de septembre, l'équipe Hollande se trouve enfoncée par un autre scandale, une affaire de triche négligente montée en épingle par une classe politico-médiatique devenue poujadiste et furibarde. 

Mais ce n'est pas tout. L'inquiétude est palpable, partout, à gauche, comme à droite.

La peur du déficit
Ils sont inquiets, cela se sent, cela s’entend. Cela se lit. Cette droite ne sait plus comment éructer. A l’UMP ou au FN, on clame qu’on ferait mieux, plus fort, plus violent. L’UMP est dans la surenchère, le FN dans l’affrontement contre l’UMPS.
Chez les éditocrates habitués à fustiger la dépense publique, les déficits que notre détestable système social accumule, le propos est à peine différent. On entend l’inquiétude, on comprend le propos : François Hollande ne serait pas capable de rétablir les comptes publics.
Un exemple, l’Opinion, ce quotidien à la pagination très légère mais lourdement libéral qui fustige ce 10 septembre : " Impôts, mais où va l’argent ?" Réactiver la fronde fiscale est ce qu’il reste à ces chantres du laissez-faire et du maintien des privilèges pour attaquer l’organisme France sur ses fondements nés de la Libération. François Hollande y est accusé d’être le "rêveur de l’Elysée". En deux ans, nous explique-t-on, l’Etat, "en augmentant les impôts a donc engrangé près de 30 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires, sans réussir à faire baisser de plus de 15,8 milliards le déficit".
Mercredi, un autre quotidien libéral, Les Echos, titre sur le "discrédit français". Le gouvernement a concédé, lors d'une conférence de presse improvisée, que les objectifs de réduction de déficit ne seraient pas tenus cette année ni l'année prochaine. Mais ni les uns ni les autres ne s'interrogent sur les raisons du marasme ni les conséquences du tour de vis austéritaire que nos éditocrates neo-libéraux appellent de leur voeux.
Opposition incrédule
Ces gens-là se sont tus, ici ou ailleurs, pendant 5 ans, quand Nicolas Sarkozy et François Fillon, par trouille et incompétence réunies, ont "engrangé" près 600 milliards d’euros de dette publique supplémentaire. Un quinquennat durant, ces gens-là se sont tus.
La droite aujourd’hui, qu’elle soit médiatique ou politique, est retombée dans un Thatchérisme réactionnaire au moment même où la Crise, la Grande, imposerait d’autres solutions. François Hollande et Manuel Valls, pourtant, ont lâché nombre de concessions à cette ode compétitive. Mais le bateau vacille, l’entreprise chancelle.

L’opposition interne grandit. Elle est éparpillée, mais elle est virulente, de plus en plus virulente. Les frondeurs socialistes se comptent encore, avant le grand vote du 16 septembre prochain, où Manuel Valls réclame la "confiance" à des députés élus sur un autre programme que celui qu’il applique.
Les résultats de cette "clarification idéologique" sont inexistants. Il n’y a même pas d’autres modèles autre que le Royaume Uni et ses mini-jobs à une Livre Sterling.
Mercredi, notre ministre des Finances Michel Sapin improvise une conférence de presse à 9 heures  pour expliquer la dérive des comptes publics faute de croissance. La belle affaire !
Aubry présidente ?
Martine Aubry envoie "des cartes postales", c’est-à-dire quelques mots doux et critiques à peine voilées, ici ou là. Manuel Valls s’énerve et enrage de ce manque de respect. Dimanche dernier en Italie, le taurillon catalan réplique. Il menace la France, et surtout sa gauche, d’une victoire du Front national s’il ne pouvait mener sa politique social-libérale.
Après l’argument de la "seule politique possible", voici un nouvel ignoble chantage.
Devant des députés à paris, mardi, Valls enfonce le clou, non pas sur le virage qu’il nie malgré les faits, mais sur les dangers à un vote de défiance. "Hollande est le second président socialiste de la Vème République" est son unique argument. Jamais le premier des ministres n’ose le débat sur la politique qu’il mène ni les raisons de la crise qui enserre le pays. 
Le Front de gauche compte ses troupes et ses divisions. 
Il débat. Le terrain politique lui est pourtant favorable. Mais il se déchire. Paradoxalement, ce collectif se dispute tout aussi gravement sur la conduite à tenir face aux opposants trop timides, les socialistes dissidents et autres écologistes hésitants. L’antisarkozysme avait su rassemblé des forces composites. L’anti-vallsisme n’a pas trouvé cette force. Hollande rassemble pourtant tant de rancoeurs, Valls tant de haines, que l'alliance à leur gauche devrait s'en trouver faciliter. Il n'en est rien. A l'irresponsabilité gouvernementale d'une politique suicidaire et inefficace s'ajoute une irresponsabilité politique de l'opposition.
L’opposition à Valls est forcément encore plus farouche qu’auparavant. Mais elle est désunie, avec des frondeurs finalement trouillards, une Vrauche qui s'interroge, des écolos un pied dedans un pied dehors, une extrême gauche deux siècles en retard... Et ailleurs, sur l'autre rive, Marine Le Pen se tait, les autres parlent pour elle.
Ils sont inquiets, cela se sent, cela s’entend.
Pacte irresponsable...
Mardi puis mercredi, François Rebsamen, ministre du travail, s’attèle aux dernières négociations sur Pacte irresponsable. Aux syndicats, reçus mardi, il évoque la suspension des seuils sociaux, gigantesque tartufferie. Sur le chômage des jeunes ou des seniors, le ministre convient… de faire un énième état des lieux. Le lendemain, c’est au tour des représentants de quelque 50 branches de venir discuter de leurs engagements pour l’emploi, en contrepartie de la faramineuse réduction de cotisations sociales que le gouvernement Valls s’apprête à leur faire.
Pour l’heure, seules les entreprises de chimie ont accepté de s’engager… à embaucher autant qu’avant d’ici 2017. Formidable ! la veille
Cette semaine pouvait être dédiée à Thomas Thevenoud. Pour beaucoup, cette affaire sonne comme une provocation. C'est aussi une formidable diversion. On oublie de débattre politique, et, surtout, du vote de confiance réclamé par Manuel Valls le 16 septembre prochain.  C’est enfin un nouveau lynchage médiatique. L’homme, négligeant d’une manière inexcusable sur ses impôts, est crucifié jour après jour sur davantage de plateaux médiatiques qu’il y a de mots dans cet article. Il ne manquait que la peine de mort pour parfaire le tableau.
Triste France.
Hollande fragile
François Hollande est encore chancelant. Le « Hollande-bashing » a pu le gêner, il ne l’a jamais atteint sur le fond. Mais cette fois-ci, on comprend qu’il a été touché au cœur, pour une affaire de cœur, par son ancienne compagne. On le voit ainsi atteint, mardi à l’Elysée, lors d’une exposition de toutes de sortes de prototypes futuristes nés des 34 chantiers de la France industrielle initiée par Montebourg un an auparavant.
Jeudi, il concède quelques mots d'interviews au Nouvel Observateur. Il évoque forcément son ancienne compagne, Valérie Trierweiler qui menace de publier des prétendues "preuves" de l'empoi de l'expression "sans-dents" exposée par Hollande qu'elle rapporte dans son ouvrage. "Cette attaque sur les pauvres, les plus démunis, je l'ai vécue comme un coup porté à ma vie tout entière" explique le Président.
D'une chasse à l'homme à l'autre, cette France hystérisée n'a pas changé depuis la Sarkofrance.
Vendredi, Hollande s'échappe à Bagdad, un voyage éclair pour soutenir le gouvernement local contre l'effroyable Califat islamique voisin qui exhibe têtes coupées et femmes voilées à longueur de reportages.
Au fond, qu'est-ce qu'un peuple ?
Crédit illustration: DoZone Parody

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