S'estimant menacés par la future loi Macron, notaires, pharmaciens, médecins et autres travailleurs réglementés dans le viseur de Bercy annoncent une « journée sans professionnels libéraux ». Une première.
«On ne l'a jamais fait, c'est totalement inédit», gronde le docteur Michel Chassang, président de l'UNAPL, le syndicat national des professions libérales, en annonçant pour le mardi 30 septembre une «journée nationale sans professionnels libéraux». La décision a été prise à l'unanimité, jeudi soir, lors d'un conseil national extraordinaire regroupant des représentants de toutes les professions actuellement dans le viseur de Bercy: notaires, huissiers, avocats, pharmaciens, vétérinaires, chirurgiens-dentistes, ophtalmos, architectes, etc.
En clair, ce jour là, des pharmacies pourraient garder porte close, des médecins pourraient n'accepter que les urgences, des notaires pourraient restés fermés, etc. «Les modalités pratiques de cette journée vont être définies profession par profession», indique Michel Chassang. Mais une chose est sûre: dans le secteur de la santé, la permanence des soins sera assurée. «Nous sommes des gens responsables, tout de même!», souligne Michel Chassang.
D'autres actions plus dures déjà prévues
A coté de cette journée d'action nationale du 30 septembre, l'UNAPL a également décidé de soutenir toutes les manifestations organisées par les différentes professions (les huissiers lundi, les notaires mercredi, etc.), de lancer une campagne de mass-tweets, mais aussi une campagne de lobbying auprès des parlementaires et des élus locaux, et enfin une pétition nationale en ligne.
D'autres actions plus dures, déjà prévues, seront engagées par la suite, si cette première sensibilisation des pouvoirs publics ne suffit pas à modifier le contenu du projet. Elles seront annoncées à l'issue de la journée sans professionnels libéraux du 30 septembre.
Objet de leur ire? La brusque décision du gouvernement de légiférer par ordonnances pour déréglementer les professions libérales afin, prétend-il, de restituer aux Français 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat captés par ces professions. Pour cela, il compte s'appuyer sur un rapport de l'Inspection générale des Finances (IGF), dont le contenu intégral n'a jamais été publié, et un avis qu'il a commandé à l'Autorité de la concurrence.
Ce projet de loi fait partie des priorités réaffirmées à la fin du mois d'août par le président de la République et le premier ministre. Emmanuel Macron, nouveau ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique a confirmé qu'elle figurait bien en première position sur sa feuille de route.
58 heures de travail par semaine
Mais l'UNAPL conteste ce chiffrage de 6 milliards d'euros. «D'où sort ce chiffre? Ce n'est même pas calculé à la louche, c'est fait à la brouette! Cela n'a aucun sens», s'insurge Michel Chassang, s'étonnant que le rapport de l'IGF, et notamment ses annexes, ne soient toujours pas divulgués. «Si le rapport reste tenu secret, c'est suspect. Si c'est caché, c'est qu'il y a un loup», affirme-t-il.
Sur le terrain, les professions libérales sont exaspérées. Elles ont très mal supporté de s'être fait traiter de «rentiers» début juillet par Arnaud Montebourg, alors en poste au ministère du Redressement productif, qui a lancé la charge. «Comment peut-on traiter de rentiers, c'est à dire de gens qui ne vivent pas du fruit de leur travail, des personnes qui bossent en moyenne 58 heures par semaine», s'étrangle Michel Chassang, qui s'avoue inquiet d'être dépassé par la colère de la base.
Les entreprises libérales représentent 26,9 % des entreprises françaises. Elles emploient 2 millions de personnes, dont 1 million de salariés. Ce secteur, contrairement à tous les autres, malgré la crise, continuait jusqu'aux dernières années à créer des emplois.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/09/12/20002-20140912ARTFIG00153-toutes-les-professions-liberales-feront-greve-le-30-septembre.php
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