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Un grand Patron, Francis Bouygues

Publié le 14 septembre 2014 par Regard

Un grand patron

Ce fut le plus grand patron des années 60/90 ; j’ai eu le privilège de le rencontrer plusieurs fois et de recueillir ses conseils. J’ai failli entrer dans son groupe via un grand ingénieur, Jean Bard, Directeur général de Bouygues France.. Francis BOUYGUES avait toutes les qualités d’un chef d’entreprise : précis, volontaire, perfectionniste, visionnaire, humain.

Né le  5 décembre1922, à Paris, ingénieur de l’Ecole centrale de Paris comme son père, il se maria et eut  quatre enfants. En1952 , à 29 ans, il crée l’Entreprise Francis Bouygues, spécialisée dans les travaux industriels et le bâtiment en région parisienne. Il crée aussitôt un bureau d’études, un bureau des méthodes et applique des méthodes d’industrialisation. Dès 1956 , il débute une activité immobilière, puis crée en 1959 une filiale spécialisée dans la préfabrication industrielle et l’étude de procédés spéciaux de traitement du béton .

Il était ingénieur par-dessus tout et créateur.

En 1963, Francis Bouygues crée l’Ordre des Compagnons du Minorange pour valoriser la main d’œuvre sur les chantiers et promouvoir une élite professionnelle avec un magazine intérieur du Groupe : le Minorange.

En 1963, il construit le premier siège social de BP à La Défense.

En 1965, il développe des activités de génie civil et de travaux publics. Il crée des filiales régionales de BTP qui couvriront progressivement l’hexagone.

  • Le chiffre d’affaires de Bouygues est alors de 113 millions de francs.

En 1966 , Francis Bouygues construit le premier grand centre commercial Parly II au Chesnay.

En 1968,il crée le nouveau siège de Bouygues à Clamart.

  • Construction de l’hôpital de Créteil (1350 lits), le plus grand CHU de la région parisienne.

En 1969, Francis a 47 ans et il crée une direction informatique.

En 1970 , FB introduit l’action Bouygues à la Bourse de Paris.

En 1971, il livre 3 700 logements à Grigny la Grande Borne

En 1972 le chiffre d’affaires de Bouygues est alors de 990 millions de francs soit 9 fois celui de 1965

  • Création du logo Bouygues. Arrondi, il conserve la couleur minorange des débuts de l’entreprise. « Bouygues » se substitue à « Entreprise Francis Bouygues »
  • Début de l’activité internationale : grands chantiers au Moyen-Orient.
  • Construction du complexe Olympique de Téhéran (conception de la première structure triangulaire préfabriquée en béton précontraint), du Parc des Princes et du Palais des Congrès à Paris.
  • Création d’une direction scientifique.

En 1974, le chiffre d’affaires est de 1,8 milliard de francs)

  • Création de Bouygues Offshore, spécialisée dans les travaux parapétroliers (construction et installation de plates-formes en mer).
  • Construction de la tour Fiat (le bâtiment le plus élevé alors de La Défense), le terminal pétrolier d’Antifer/Le Havre.

1975

Création de filiales locales internationales (en Afrique)

1976

  • Conception d’un tunnelier Bouygues unique par sa technique de forage
  • Cancer et ablation d’un poumon. Francis Bouygues à  54 ans  se retire de l’entreprise quatorze mois.

1978

  • Création avec Martin Bouygues de la marque Maison Bouygues (qui sortira du périmètre de consolidation du Groupe en 1990)
  • Construction en 24 mois de l’aérogare II de Roissy.

1981

  • Entrée de Elf Aquitaine dans le capital de Bouygues Offshore (34%).
  • Signature du contrat de construction de l’Université de Riyad, en Arabie Saoudite, après 40 mois de négociation.

1982 (12,4 milliards de francs)

  • Livraison du Théâtre de Noisy le Grand (130 logements sociaux), du siège social d’IBM Europe à la Défense et du tunnel d’adduction d’eau de Damas (Syrie)
  • Francis Bouygues est élu « Manager de l’Année » par le Nouvel Economiste.

L ’héritier

Martin Bouygues est nommé administrateur de Bouygues.

1983 le chiffre d’affaires est de 18 milliards de franc.

  • Livraison du pont de Bubiyan au Koweït et de l’Université de l’INSET à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) après celle de l’ENSTP en 1980.
  • Attribution d’un 13e mois au personnel ouvrier, en avance sur la profession.

1984 (25 milliards de francs)

  • A l’étranger, livraison de l’Université de Riyad (clef en main après 40 mois de travaux), de l’aéroport international de Dar-es-Salaam en Tanzanie, de l’hôpital d’El Oued (240 lits) en Algérie et de trois hôpitaux (3 X 175 lits) en Arabie Saoudite.
  • En France, livraison des Halles Saint Eustache à Paris, de la Tour Elf (207 m de haut) à La Défense et réhabilitation de l’hôtel de Gunzbourg (monument historique, à Paris).
  • Construction de la centrale nucléaire de Chooz (2 X 1450 W).
  • Poursuite de la diversification par la reprise de Saur, 3e société française de distribution d’eau et de ETDE (équipements électriques).
  • Reprise des actifs du Groupe Amrep-UIE (offshore) et constitution de la Société nouvelle Technigaz, spécialisée dans le transport et le stockage des gaz liquéfiés.
  • Olivier Bouygues est nommé administrateur de Bouygues.
  • Création du premier logiciel de CAO en trois dimensions adapté au BTP.

1985

  • Copie à l’identique en béton des chevaux de Marly remplaçant les originaux place de la Concorde.
  • Début de la construction de la Grande Arche de La Défense.
  • Livraison de la centrale nucléaire de Saint-Alban (2 X 1 300 mW). Aménagement des deux plus grands chantiers de la région parisienne : Centre gare de Saint-Quentin en Yvelines (150 000 m2) et Zac Citroën (100 000 m2).
  • Première Convention nationale des Cercles de Qualité Bouygues.

1986 (40,6 milliards de francs)

  • Construction du nouveau siège Challenger de Bouygues, à Saint-Quentin en Yvelines.
  • Livraison, après 30 mois de travaux, du Musée d’Orsay à Paris, de 4 000 logements à Médéa en Algérie et du marché de Niamey au Niger.
  • Constitution d’un consortium franco-britannique pour la conception, la construction et l’exploitation d’un lien fixe à travers la Manche.
  • Acquisition du groupe Screg, n°1 français des travaux routiers, comprenant Colas, Screg Routes et Sacer ainsi que Dragages et SmacAciéroïd (étanchéité). Bouygues devient le numéro un mondial de la construction.
  • Nicolas Bouygues, ingénieur ECP, qui avait dirigé le chantier de L’Université de Riyad, quitte le Groupe pour créer sa propre société.

1987 (46,6 milliards de francs)

  • Livraison de l’hôpital de Pau (490 lits), l’hôtel Séminaris du Caire, le terminal méthanier de PyeongTaek (quatre réservoirs de 100 000 m2 chacun) en Corée du sud et la centrale thermique de lagos (6 X 220 W), au Nigéria, l’une des plus puissantes d’Afrique.
  • Acquisition de TF1 : Bouygues devient actionnaire principal (25%) et opérateur de la première chaîne française de télévision.
  • 25e anniversaire de la création de l’Ordre des Compagnons du Minorange.
  • Martin Bouygues est nommé Vice Président de Bouygues

1988 (50 milliards de francs)

  • Challenger, nouveau siège de Bouygues à Saint-Quentin en Yvelines.
  • Livraison du pont de l’île de Ré (long de 2,6 km, achevé avec un mois d’avance sur un délai déjà ramené de 27 mois à 20 mois), et du Parlement européen de Strasbourg.
  • Construction à Hong Kong des deux tours Pacific Pace (56 et 61 niveaux).
  • Martin Bouygues est nommé directeur général de Bouygues.

1989 (57 milliards de francs)

  • Livraison de l’Université de l’ENSA à Yamoussoukro, de l’hôpital de Yopougon (508 lits) en Côte-d’Ivoire et de l’hôpital Rosales (315 lits) au Salvador.
  • Construction du viaduc Kwun Tong (Hong Kong), du palais Sant Jordi à Barcelone (Espagne), de l’aéroport d’Agadir (Maroc) et du viaduc de Sylans (France).
  • Construction clef en main de l’hôtel médicalisé IRIS à Moscou après la création de la première société mixte de BTP en URSS.
  • Livraison de la Grande Arche et fin du gros œuvre de la Mosquée Hassan II à Casablanca.
  • Le 5 septembre 1989, Martin Bouygues est nommé Pdg de Bouygues. Francis Bouygues demeure administrateur

1990 : une nouvelle vie :

A 68 ans, Francis Bouygues s’engage dans un nouveau métier, la production de films de longs métrages, avec la création de Ciby 2000.

1991

Dès la première année sortent quatre films : « La reine blanche » de J-L Hubert (un million d’entrées), « Une époque formidable » de G.Jugnot (1,7 million d’entrées, n°1 des films français sortis en 1991), « Ma vie est un enfer » de J.Balasko (1,3 million d’entrées) et « Talons aiguilles » de P. Almodovar (César 1993 du meilleur film étranger; 6 millions d’entrées en Europe).

1992

Des accords sont signés avec des réalisateurs internationaux. Deux films produits par Ciby 2000 font partie de la sélection officielle du Festival de Cannes : « Twinpeaks » de David Lynch et « Luna Park » de Pavel Lounguine.

1993

  • « La leçon de piano » de Jane Campion, huitième film produit par Francis Bouygues, remporte la Palme d’or et le prix d’interprétation féminine du Festival de Cannes 1993 (trois Oscars compléteront le palmarès du film en 1994).
  • A 71 ans, Francis Bouygues disparaît le 24 juillet 1993. Le groupe Bouygues poursuit son développement sous l’impulsion de Martin Bouygues, Président-directeur général du Groupe.
  • La Chaîne Info, plus connue sous le sigle LCI, est une chaîne de télévisionfrançaise d’information en continu créée le 24juin1994. Filiale du groupe TF1, cette chaîne à péage est accessible notamment par le satellite, le câble, les réseaux de télécommunication à haut débit (IPTV, xDSL, ADSL, fibre optique, Wimax, etc.) et par la TNT payante.
  • Première chaîne d’information lancée en France, LCI est initialement conçue pour s’adresser prioritairement aux téléspectateurs de la catégorie « CSP+ », cible spécifique haut de gamme des publicitaires. Ses concurrentes i>Télé (1999) et BFM TV (2005) diffusent sur la TNT gratuite alors que LCI est restée payante depuis sa création.
  • Le CSA ayant refusé le 29 juillet 2014 que LCI passe de la TNT payante à la TNT gratuite, le PDG du groupe TF1 Nonce Paolini annonce le même jour que « l’avenir de LCI est définitivement en péril » et qu’il est « probable que LCI n’émette plus après le 31 décembre 2014 »1 si aucun recours contre la décision du CSA n’a abouti.

Francis BOUYGUES avait initié la création de cette filiale.

LCI menacée de disparition à la fin de l’année

Le CSA vient de refuser le passage en gratuit aux chaines payantes de la TNT dont LCI qui vient de célébrer ses 20 ans.

Cela devait être une formalité. Et pourtant le passage en gratuit de LCI (groupe TF1), Paris Première (groupe M6) et Planète+ (groupe Canal plus) ne se fera pas. Telle est la décision prise ce jour (Mercredi 29 juillet) par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Décision peut être motivée par tout un ensemble de manœuvres où au passage Canal+ et NextRadioTV ont proposé d’embaucher, en cas d’arrêt d’émission de LCI, les deux tiers de ses salariés. Le trio d’hommes d’affaires, Bergé, Niel et Pigasse, en avait alors rajouté une louche, en proposant de racheter LCI pour le raccrocher au groupe Le Monde. Nonce Paolini se disait alors agacé et voyait ici une tentative de déstabilisation du CSA. Est-ce le cas ? Le fait est qu’il n’aura pas fallut bien longtemps pour que l’Association des Chaines Indépendantes (ACI) constituée des groupes L’Equipe (L’Equipe 21), Diversité TV France (Numéro 23), Lagardère Active (Gulli), NextRadioTV (BFM TV, RMC Découverte) et NRJ (NRJ 12, Chérie 25) félicite  » le courage et l’indépendance du CSA « . Rappelons que cette association n’est dans les faits qu’un comité restreint où siège quelques grands noms de l’univers des médias comme François Morinière, Jean-Paul Baudecroux, Pascal Houzelot, Denis Olivennes et Alain Weill. L’ACI vient donc de gagner son bras de fer qui l’opposait depuis plusieurs mois au groupe TF1.

Petite rappel historique

Cette décision est-elle logique ? Revenons quelques années en arrière. Ce pari audacieux, de proposer de nouvelles chaines gratuites, certains grands groupes n’avaient pas voulu en entendre parler lors du lancement de la TNT le 31 mars 2005. A l’époque TPS (TF1/M6) comme Canal Satellite faisaient tout pour saboter le lancement de la TNT. Ils voyaient d’un assez mauvais oeil cette concurrence gratuite et susceptible de toucher 85% de la population Française. Ils étaient à la peine avec leurs offres satellites, lesquelles n’avaient alors séduit que 3 millions d’abonnés. L’un des opposants de la TNT, Gilles Maugars, alors Directeur Général Adjoint de TPS pour sa partie Technique et Informatique s’amusait alors à rappeler que  » quant on ne paye rien, on a rien « . Et lui, comme les autres, n’avait donc déployé sur la TNT qu’une offre payante. Depuis, contrairement à l’échec de la TNT payante, les chaines gratuites connaissent un véritable succès. Surtout depuis que sont arrivés de nouvelles chaines gratuites en 2012 comme le passage des programmes au format 16/9e puis en haute définition. Tout cela pour rappeler que les pionniers de la TNT ont montré de l’audace et ont pour certains investi à perte pendant plusieurs années.

Le CSA a t-il simplement raison ?

Les explications données par le CSA (voir encadré ci dessous) ont intégré certaines des craintes observées par Alain Weill en juin dernier quand nous l’avions interrogé à l’occasion de la création de l’ACI :  » Proposer LCI en gratuit c’est avoir demain trois chaines d’informations en continu dans le rouge.  » Pour le fondateur et président du Groupe NextRadioTV,  » Du point de vue du téléspectateur ce n’est pas idiot « . Mais d’un point de vue économique, une chaine comme BFMTV passerait  » d’un bénéfice d’un million d’euros à des pertes « . Voilà donc une décision qui doit ravir Alain Weill. Mais très certainement pas les 250 salariés de LCI, qui ne savent pas pour eux quelle tournure prendra ce refus aux allures d’un échec pour Martin Bouygues. Aux dernières nouvelles, LCI va étudier toutes les voies de recours. Le groupe TF1 vient en effet de prendre acte de cette décision. Mais d’après son PDG Nonce Paolini, il est « probable » que LCI n’émette plus après le 31 décembre 2014.

Les explications données par le CSA

1. La conjoncture du marché publicitaire est caractérisée par une baisse marquée des recettes publicitaires des services de télévision. Le Conseil a relevé qu’aucune reprise significative du marché n’est prévue à brève échéance et que les perspectives à moyen terme demeurent encore incertaines. Il a estimé que l’arrivée d’une ou plusieurs chaînes gratuites supplémentaires ne pourrait pas aujourd’hui être portée par une croissance du marché publicitaire.

2. La situation financière de plusieurs chaînes gratuites est encore fragile, notamment celles qui ne sont pas adossées à un grand groupe. Par ailleurs, les chaînes en haute définition autorisées en 2012 sont en phase de croissance et n’ont pas encore atteint leur maturité et leur équilibre économique.

3. L’offre et la demande de consommation de la télévision. Le CSA considère que l’arrivée d’une ou plusieurs chaînes gratuites supplémentaires, dans un paysage déjà composé de 25 chaînes constituant une large gamme, ne devrait pas se traduire par une augmentation significative de l’usage de la télévision et serait donc de nature à entraîner des phénomènes de transfert d’audience au détriment des chaînes gratuites existantes. Il a relevé, à cet égard, que la durée totale de la consommation de la télévision stagne sans qu’il soit possible de prévoir une inversion de cette tendance à moyen terme.

Francis BOUYGUES doit se retourner dans sa tombe en lisant les motifs évoqués par le CSA pale héritier du Service de liaisons pour l’information, CSA qui nous coûte très cher.

Mais rien n’est fini. L’âme de Francis Bouygues veille .


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