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La voix de Jean Sablon

Publié le 16 septembre 2014 par Jacquesmercier @JacquesMercier

Comme vous m’encouragez à poursuivre quelques incursions dans mes souvenirs de métier, en voici un autre, qui concerne le chanteur de charme français, Jean Sablon.

Il existait un tout petit studio d’appoint à la radio de la place Flagey, le studio 15, qui donnait sur la place. Minuscule, avec une toute petite lucarne de plusieurs épaisseurs de verre communiquant vers la technique. Peu après mon arrivée à la radio, j’y interviewe Jean Sablon. C’était le premier crooner français, c’est à dire qu’il est le premier chanteur de charme à avoir utilisé un micro sur scène, ce qui lui permettait de garder une voix de séducteur et non pas de crier.

Il chantait des chansons de Trenet « Vous qui passez sans me voir » ou « Je tire ma révérence et m’en vais au hasard, sur les routes de France, de France et de Navarre… »

Il existe en interview, si l’on n’y prend pas garde, un mimétisme évident. Comme ce tête à tête avec Jean Sablon était destiné à passer après 23 heures ; je l’avais entamé sur le mode de la confidence. Cela donne : « Vous écoutez de la musique chez vous ? – Oui, bien entendu, j’adore être le soir chez moi, avec une bonne flambée de feu de bois, une lumière tamisée… etc. » Et je continue de plus en plus sur le mode « murmure » : « Et la poésie ? » etc.

Or, nous avions entrouvert la fenêtre qui donne sur la place Flagey.

Et comme, débutant, je ne regardais que peu vers la technique, je ne vis jamais les grands signes qu’ils me faisaient.

Je sors donc de l’interview avec le sentiment d’avoir une rencontre particulière et d’atmosphère. Je salue Jean Sablon et puis retourne confiant vers la technique, où le technicien ne semble pas du tout content. Il ne dit rien, rembobine la rencontre et me fait entendre : En réalité, comme on parlait de plus en plus bas, il devait remonter le volume de la prise de son, et comme la fenêtre était ouverte, le bon vieux gros micro enregistrait aussi tout ce qui se passait sur la place Flagey. Et tandis que dans le fond, on m’entendait dire « devant un feu de bois, vraiment ? » il y avait au premier plan le tram qui dévalait la Chaussée d’Ixelles à grand fracas !

Jean Sablon



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