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Où se posera Philae sur la comète de Rosetta ?

Publié le 16 septembre 2014 par Pyxmalion @pyxmalion

Après délibération et sans grandes surprises pour les chercheurs, le site J a été sélectionné pour l’atterrissage de Philae sur la comète 67P, prévu le 11 novembre prochain. Un choix, certes difficile, pour une mission historique.

Résumons : partie de la Terre voici 10 ans, la sonde spatiale Rosetta (son nom fait référence à la fameuse pierre de Rosette) est arrivée à destination, le 6 août dernier, autour de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko — 67P pour faire court — après une décélération de plusieurs mois. Depuis cette date, elle se rapproche progressivement du noyau lequel voit son activité augmenter à mesure qu’il progresse vers le Soleil. Le périhélie, sa plus petite distance avec notre étoile (elle sera d’environ 180 millions de km), sera le 13 août 2015. Bien avant cela, avant surtout que le dégazage ne soit trop important et imprévisible, les chercheurs de l’ESA ont prévu de déposer sur la surface accidentée de cette comète d’environ 4 km de diamètre, le robot Philae.

Si tout va bien donc, son « accométissage » se déroulera le 11 novembre 2014. Parmi les 5 sites candidats (A, B, C, I et J) délibérés précédemment, les nombreux scientifiques du monde entier réunis au CNES de Toulouse au cours du week-end du 13 et 14 septembre afin d’arrêter leurs choix, ont majoritairement plébiscité la région désignée J et, en secours, le terrain C.

Philae’s primary landing site

Pour Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au CNES, « le choix de ce site est l’aboutissement d’un processus complexe, impliquant plus d’une centaine de personnes et qui a pu être menée à bien en quelques semaines seulement. Malgré la difficulté de trouver un site idéal selon l’ensemble des critères sur cette comète au relief particulièrement accidenté, il est remarquable que ce choix difficile ait pu être obtenu avec un consensus général entre tous les intervenants ».

En effet, nous raconte le communiqué de presse, « dès le samedi soir, il était clair pour tout le monde que le site J était le plus favorable, celui qui, sans forcément être le meilleur pour chaque critère, présentait assurément le meilleur compromis entre tous les impératifs scientifiques et techniques. Dimanche matin, c’est donc sans surprise que J a été retenu comme site principal d’atterrissage pour Philae ».

Pour Stephan Ulamec, responsable de Philae au DLR German Aerospace Center, « comme nous l’avons vu sur les dernières images à haute résolution, le noyau est un monde merveilleux et impressionnant. Scientifiquement c’est passionnant, mais sa forme le rend particulièrement difficile d’accès. Aucun des sites présélectionnés ne remplit tous les critères opérationnels à 100 %, mais le site J est manifestement la meilleure solution ».

Philae’s primary landing site close-up

Gros plan sur le site J choisi à la surface de la comète 67P pour l’atterrissage de Philae

Le site J est situé près de l’extrémité du plus petit des deux lobes de l’astre glacé, en quelque sorte au sommet de la tête de la comète qui fut surnommée, voici quelques semaines, de par sa forme, le canard en plastique.

Les chercheurs vont poursuivre leur étude du site et le passer au crible des images prises par paire par la caméra OSIRIS-NAC de Rosetta. Ils se donnent jusqu’au 26 septembre pour éventuellement changer d’avis au vu de risques importants qui pourraient mettre en péril la mission. Les pentes inclinées de plus de 30 °, des rochers qui pourraient renverser Philae et autres écueils sont traqués et pris en compte de même que le rapport jour/nuit (la rotation de la comète est de 12,4 heures en moyenne), point capital pour la recharge de la batterie secondaire et donc la survie de l’atterrisseur au-delà des 2 jours impartis par sa première batterie.

Le CNES rappelle que d’après leurs calculs, la descente de Philae devrait prendre 7 heures à 3,4 km/h. D’une masse de 100 kg, il ne pèsera plus qu’un gramme sur la surface de 67P !

Philae’s backup landing site

Le site de secours pour l’atterrissage de Philae

« Il n’y a pas de temps à perdre, mais maintenant que nous sommes proches de la comète, la poursuite des opérations scientifiques et la cartographie va nous aider à améliorer l’approbation du site d’atterrissage principal et celui de secours » confie Andrea Accomazzo, directeur du vol de Rosetta à l’European Space Operations Centre à Darmstadt (Allemagne). « Bien sûr, nous ne pouvons pas prédire l’activité de la comète entre maintenant et le jour de l’atterrissage. Une augmentation soudaine de son activité pourrait affecter la position de Rosetta sur son orbite au moment du déploiement à l’endroit exact où Philae va atterrir, et c’est ce qui va rendre l’opération risquée ».

« Personne n’avait jamais tenté d’atterrir sur une comète auparavant, c’est donc un véritable défi » souligne Fred Jansen (European Space Research Technology Center, Noordwijk) en rappelant que « la structure complexe double de la comète a un véritable impact sur les risques globaux relatifs à l’atterrissage, mais ils valent la peine d’être pris pour avoir une chance de réussir le premier atterrissage en douceur sur une comète ».

Philae’s primary landing site in 3D

Découvrez le site J en 3D

Suivez Rosetta sur le blog de l’ESA (en anglais).

Crédit photo : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA.


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