L’organisation des Nations Unies (ONU) célèbre le 12 septembre de chaque année la journée mondiale de la coopération Sud-Sud. L'ONU a créé une unité pour la coopération Sud-Sud pour promouvoir la collaboration au sein de ses institutions, ainsi que le commerce et l’investissement Sud-Sud. Pourtant, l'idée de la coopération Sud-Sud n'a commencé à s’imposer qu'à la fin des années 1990. Ce phénomène est maintenant bien connu sous le label de la coopération Amérique du Sud-Afrique (ASA), principalement en raison du spectre géographique.
L’Amérique du Sud et l'Afrique possèdent plus d'un quart des ressources énergétiques de la planète, qui comprennent les réserves de pétrole et de gaz naturel en Guinée équatoriale, au Nigeria, en Bolivie, au Brésil, en Équateur, au Venezuela, en Algérie, en Angola, en Libye, au Tchad et au Gabon. Ceci est une raison majeure pour laquelle la coopération Sud-Sud doit être maîtrisée entre les États des deux continents.
Deux sommets ont été organisés pour la coopération ASA. En 2006, le premier a eu lieu à Abuja, au Nigeria avec 12 délégués de l'Amérique du Sud et 53 délégués venus d'Afrique. Le second sommet a eu lieu en septembre 2009 sur l'île Margarita, au Venezuela, où 12 chefs d'Etat d'Amérique du Sud et 49 chefs d'Etat d'Afrique ont été présents.
Il est indéniable que la coopération Sud-Sud a dans une certaine mesure réussi à diminuer la dépendance à l'aide financière distribuée par les pays développés et à rééquilibrer le pouvoir au plan mondial. Pourtant, il est nécessaire d'exploiter davantage la coopération Sud-Sud en particulier en Afrique. Une bonne façon de mobiliser cette coopération serait de capitaliser sur les réussites et de voir comment cela peut être transposé à d'autres pays en développement et en transition.
L'un des principaux objectifs de la coopération est d'améliorer les liens économiques et de favoriser le développement. Parmi les multiples accords commerciaux régionaux qui a été convenus lors du sommet de 2009 on remarque un accord pétrolier qui a été signé entre l'Afrique du Sud et le Venezuela. Le Venezuela a aussi signé un protocole d'accord avec la Sierra Leone pour créer une société minière commune. Un autre pays du Sud qui a été très utile dans la coopération Sud-Sud est le Brésil. Ce dernier a été en mesure de développer un modèle d’assistance de plus de 1 milliard de dollars par année, qui capitalise sur le transfert des connaissances et de l'expertise, plutôt que de compter uniquement sur l'aide financière. La formule d'aide au développement Sud-Sud développée par le Brésil instaure un « modèle global en devenir ».
Plus récemment, la coopération Sud-Sud a reconnu l'importance d'une politique financière efficace et globale comme un meilleur moyen de lutter contre la pauvreté. En raison de cette approche globale, les décideurs financiers de plus de 100 pays en transition et de pays en développement forment maintenant un réseau mondial de partage des connaissances connu sous le nom de l'Alliance pour l'inclusion financière (AFI).
Le 12 de septembre 2014, le Haut commissaire Indien, AR Ghanashyam a déclaré, dans une interview à la publication quotidienne du gouvernement du Cameroun, Cameroun Tribune, que le commerce entre l'Inde et le Cameroun est actuellement estimé à 250 milliards de FCFA par an. Et d’ajouter que, bien que le Cameroun soit « le pays avec lesquels le commerce avec l'Inde a le plus progressé dans la région de l'Afrique centrale au cours des dernières années, le potentiel de ce commerce est immense et encore peu exploité ». Pour inverser cette tendance, le diplomate indien souhaite implémenter le modèle indien des petites et moyennes entreprises (PME) au Cameroun. Un modèle qui a constitué l'épine dorsale de l'économie indienne et a créé un pont entre les PME indiennes et camerounaises.
Indépendamment de l'intérêt soutenu de nombreux Etats en Afrique et en Amérique du Sud, la coopération demeure toujours confrontée à des défis majeurs. Des systèmes d'imposition strictes existent encore dans les États africains qui se présentent comme un sérieux obstacle aux échanges. Dans les rapports Doing Business de 2013 et 2014, les États africains se classent comme les pays les plus hostiles au business. C'est en effet un obstacle majeur à la coopération Sud-Sud. La mauvaise gouvernance et la corruption dans les pays africains et les États d'Amérique du Sud limitent également les opportunités de coopération. Sans oublier les situations de conflit dans des États comme la République démocratique du Congo et la République centrafricaine.
Les domaines où certains des dirigeants espèrent voir des développements majeurs sont la sécurité et la politique. Autrement dit, ils espèrent à travers cette coopération donner aux deux continents plus de pouvoir politique et financier sur la scène mondiale. Certains dirigeants espèrent aussi que la coopération offrira une plus grande liberté dans le choix du système politique.
La communauté internationale et l'ONU en particulier, devraient ainsi continuer à soutenir les efforts des pays en développement à élargir la coopération Sud-Sud. Les pays en développement et les pays en transition ont besoin de s’inspirer des exemples de réussite en provenance du Brésil, du Venezuela et de l'Afrique du Sud. Les questions qui doivent être résolues pour améliorer la coopération sont la mauvaise gouvernance, la corruption, l’excès de fiscalité, l’insécurité et les conflits. Seule la résolution de ces problématiques peut vraiment stimuler la coopération Sud-Sud en particulier entre les États africains.
Chodor Che, analyste pour www.libreafrique.org - Le 17 septembre 2014