Magazine Environnement

De la presse et de la presse environnementale

Publié le 18 septembre 2014 par Ecosapiens

journalismCeux qui s’intéressent au devenir de la presse et du journalisme le savent. Ce secteur est en crise et nos grands titres nationaux, en plus de perdre de l’argent, siphonnent des subventions conséquentes (16 millions pour Le Monde ou Le Figaro,). Ces aides à la presse sont disponibles sur le site du gouvernement et ont été commentées avec ironie par le journal Le Monde Diplomatique. C’est vrai que 7 millions d’euros pour Télé 7 jours, c’est grinçant…

Ce naufrage général est d’autant plus étonnant que ce sont des industriels et les grandes fortunes qui rachètent les journaux. Et comme on ne comprend pas bien pourquoi des professionnels du profit se mettent à investir dans des poches perdues, quiconque a encore du bon sens en déduit que c’est pour une autre raison…

Mais en plus de l’Etat et des grandes fortunes, les journaux et magazines se financent largement avec la publicité… et étant donné leur coût, il n’y a que les grands groupes qui peuvent s’offrir de belles pages de réclame.

Cette critique de la presse n’est pas nouvelle mais elle en dit long sur nos sources d’information, même celles que nous pensons être des « références ». Par exemple, j’ai toujours été traumatisé par le contenu des pages Planète du journal Le Monde qui parle de séisme et de météo… mais point de crise environnementale !

Je ne résiste pas au plaisir d’indiquer un des derniers titres « Ebola : un impact économique « catastrophique » envisagé par la Banque mondiale« . Le titre et le contenu sans, sans le vouloir, sont d’un cynisme ahurissant. Une épidémie ? Mince cela fait chuter le PIB…

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A propos de misère, un nouveau journal est sorti récemment. Il se nomme « Debout » et eu droit à une intronisation bienveillante de la part d’autres journaux. Il s’agit d’un journal gratuit qui donne des infos pratiques pour les précaires. Des bons plans pour les pauvres au quotidien : « Être épaulé dans sa recherche d’emploi »?; « Obtenir la CMU » (couverture maladie universelle)?; « Électricité?: comment faire baisser sa facture » nous indique le journal La Croix dans une interview de la fondatrice.

Alors on retombe sans fin sur l’éternel débat : doit-on s’attaquer aux symptômes ou aux causes… ou les deux en même temps ?

J’ai peut-être l’esprit tordu mais selon moi ce magazine fait plus de mal que de bien en jouant sur la fibre caritative. Certes des personnes en difficulté oublient de demander certains droits mais le message est clair : « les inégalités se creusent et cela va de plus en plus mal ; alors on ne vous demande pas de changer le système mais de tirer votre épingle du jeu ».

A titre d’exemples, je ne crois pas qu’il soit souhaitable d’envoyer les chômeurs dans l’entrepreneuriat ! C’est un débat archi-connu, notamment avec l’ADIE (Association pour le Droit à l’Initiative Ecnomique) et les deux points de vue s’entendent. Il y a le court-termisme (« montez votre entreprise de vente de bijoux, ca vous occupera et fera baisser les statistiques de Pole Emploi) et long-termimse (comment s’organise-t-on pour rééquilibrer le temps de travail et les inégalités ?).

Le modèle économique est incertain mais comme le magazine est gratuit, on se doute qu’il y aura des partenairess financiers en mode publicité ou publi-rédactionnel. J’ai manqué de m’arracher les cheveux quand j’ai lu qu’il y auraiit des mécénats rédactionnels avec EDF pour l’article « baisser sa facture électrique ». EDF, l’entreprise qui nous a vendu le chauffage électrique… Parlez-en aux experts de la précarité énergétique

Bref, Violaine du Châtellier, Alix de Saint-Aulaire, Olivier Saint-Jullian ou encore Geoffroy de Sesmaisons me rappellent ces dames qui nous faisaient le catéchisme. Des gens certainement très biens et de bonne volonté mais un peu navrants avec leurs gros souliers emplis de charité et de bons sentiments châtelains.

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Le lendemain, je découvrais l’appel à l’aide de Terra Eco. Terra eco, pour les connaître depuis le début, c’est un magazine qui est passé de l’économie à l’écologie en faisant le pari d’un format grand public. Honnêtement, ce pari de vulgarisation est réussi et la qualité esthétique est au rendez-vous. Je ne peux qu’encourager à soutenir (dons, abonnements, mécénat) parce que c’est un titre précieux dans le paysage de la presse.

Objectif : 500 000 € pour sauver Terra  Eco et rentrer dans l’Histoire.

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Hélas, les magazines traitant des questions sociales et environnementales totalement indépendants sont rares et parfois confidentiels. La plus grande surprise vient de Reporterre (fondé par le journaliste Hervé Kempf qui quitta Le Monde) qui parvient à tenir un rythme effréné de publications et de portraits toujours intéressants.

Eux aussi comptent sur le soutien des lecteurs et chaque don compte pour garantir l’indépendance de la petite équipe rédactionnelle.

Quant aux  vieux titres qui ont mon affection depuis le début (L’Ecologiste, La Revue Durable, S!lence, la Décroissance, l’Âge de Faire devenu Demain en mains) ils vivent et vivotent par la force leur histoire et de leur engagement. Ils font du bien car ils montrent qu’une autre information est possible, plus patiente, plus dans le long terme.

J’espère que Terra Eco et Reporterre auront cette chance de passer du côté des vieux… de la veille !

(cf aussi ce billet publié il y a an qui pronostiquait déjà une belle vie à Reporterre )


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