2009 : Le PS s’oppose à#Hadopi 2011 : … et au blocage administratif 2012- : Le PS soutient Hadopi 2014 : … et le blocage administratif#pjlterrorisme (vu sur twitter)
je viens de lire ce billet ¹ non dénué d’humour d’un "expert en web technologies" (c’est ainsi qu’il se qualifie) que je ne connaissais pas, et celui-ci m’a donné le déclic pour écrire sur ce sujet dont le contenu infuse en moi depuis plusieurs jours mais dont je ne savais pas quel bout le prendre. Mes compétences techniques et théoriques en la matière sont en effet plutôt insuffisantes. Toutefois, tentons de dépasser ensemble notre ignorance crasse pour les besoins de la cause. Car en effet, voilà une loi qui me semble terriblement liberticide sans que je ne parvienne précisément à vous expliquer pourquoi, étant donné que Monsieur Cazeneuve nous certifie que tel n’est pas le cas, et que d’infinies précautions ont été prises… Comme beaucoup d’approximations sont pratiquées sur ce thème d’information, y compris sur les sites spécialisés, j’éprouve le besoin de préciser les éléments qui permettront que ce projet d’entreprise terroriste soit qualifié comme tel par la justice :
- détention d’objets ou de substances dangereuses (armes, explosifs…)
- repérages, formation au maniement des armes ou aux engins explosifs, consultation habituelle de sites internet faisant l’apologie du terrorisme…
- avoir séjourné à l’étranger dans une zone où sont commis des actes terroristes, des crimes de guerre ou contre l’humanité.
- consultation habituelle de messages émis par voie électronique (incluant courriels, sms ou tweets) et visant à faire l’apologie du terrorisme, ainsi que la détention de livres ou de revues incitant au terrorisme ou en faisant l’apologie.
C’est sur ce dernier point que je vous propose de vous interroger : comment en effet les autorités pourraient-elles apprécier la réalité de cette consultation habituelle, si ce n’est en pratiquant un système de flicage généralisé qu’on a naguère (ce n’est pas si vieux…) reproché aux USA de faire de même par le biais de la NSA et de ses grandes oreilles. Cherchez l’erreur.
Ce qui fait bondir à la fois les spécialistes, les sites spécialisés et les utilisateurs intensifs d’outils internet, c’est le fait que l’utilisation de ce formidable instrument soit considérée comme une circonstance aggravante. Et que l’Etat français puisse se permettre de décider d’espionner les communications électroniques d’un citoyen lambda et de faire fermer tel ou tel site (ce qui est totalement inefficace quand on connait le fonctionnement du net) sans même que l’intervention d’un juge ne soit nécessaire… sinon à postériori !
Ce n’est pas la première fois qu’Internet est ainsi jugé comme un facteur d’aggravation de la peine. C’était déjà le cas avec la loi LOPPSI de 2010, et pour des délits comme le proxénétisme, la pédopornographie ou la corruption de mineurs.(source)
… Ce n’est peut-être pas la première, mais cette fois-ci, le gouvernement est sensé être de gauche… Misère de cette gauche là.
Voilà qui en dit long en tous cas sur la perception plus que négative (korben me souffle dans l’oreillette qu’il s’agit d’incompétence crasse) des législateurs de toutes obédiences à propos d’internet, qu’ils me semblent connaître bien mal, puisqu’il recèle certes parfois – conformément à leurs fantasmes – le pire (un contenu à mon sens très marginal) mais aussi et fort heureusement le meilleur, en plus grande proportion. Il suffit d’observer l’utilisation de l’outil de manière purement pratique. Qui peut à présent s’en passer ? Et puis, faire de la consultation régulière de certains sites une circonstance aggravante pour juger de l’éventuel danger terroriste m’apparait en effet particulièrement discutable dans la mesure où ce n’est pas parce que l’on consulte certains sites que l’on partage idéologiquement leur contenu. Sinon, je pourrais être considéré comme un dangereux facho, moi qui les traque jusque dans leur tanière chaque fois que j’en ai le temps, et qui me dois donc de pratiquer une veille vigilante pour savoir de quoi (et surtout de qui) je parle, et sur quoi j’écris…
Pour en terminer provisoirement, je vous demande simplement de considérer ce qui ne relève pas d’une simple supposition gratuite et ridicule : imaginez donc ce qu’un gouvernement beaucoup moins bien intentionné et moins soucieux des libertés individuelles pourrait faire à la fois de ce nouveau délit (je pouffe) d’entreprise individuelle terroriste, et du système d’espionnage des communications personnelles… Cela ne vous fait donc pas frémir, à l’heure où le premier ministre lui-même craint qu’un parti d’extrême-droite soit aux portes du pouvoir ?
¹ Entre parenthèse, tu pourrais mettre des boutons de partage sur ton blog, le gars, ça m’aurait facilité le travail ! Car franchement, pour un spécialiste du net, sur ce coup là, tu chies dans la colle ! Tout le monde n’a pas de bouton Add This sur sa barre personnelle et puis ce n’est pas à toi que je vais apprendre les dangers cachés de ce bazard là !