Le film raconte l’histoire des sœurs Lisbon, 5 adolescentes élevées dans l’Amérique puritaine des années 70 par une mère autoritaire et un père fortement en retrait. Il y a Therese (Leslie Hayman) – 17 ans, Mary (A.J. Cook) – 16 ans, Bonnie (Chelse Swain) – 15 ans, Lux (Kirsten Dunst) – 14 ans et enfin Cecilia (Hanna R. Hall) – 13 ans. Le récit commence au moment précis où la jeune Cecilia tente de se suicider. Un incident qui va bouleverser l’ensemble des membres de la famille. Effectivement, à l’initiative de la mère, la famille va alors petit à petit se refermer sur elle-même. Au point même d’interdire aux filles de sortir de la maison. Une situation qui va rapidement contribuer à alimenter le mystère entourant les sœurs Lisbon.
Cependant, Sofia Coppola fait le choix judicieux de raconter cette histoire à travers la vision des jeunes garçons du voisinage. Ce qui a deux avantages. D’une part, cela renforce encore davantage le mystère qui entoure les jeunes filles puisque le spectateur n’est pas en permanence avec elles. Et d’autre part, cela confère au long-métrage un charme particulier qui contraste nettement avec l’apparente lourdeur du thème du suicide. Apparente car bien que le thème du suicide fasse partie intégrante du récit, il n’alourdit jamais le propos du film, beaucoup d’autres thèmes tels que la solitude, l’adolescence ou encore le désir étant également exploités. Des thèmes chers à Sofia Coppola que l’on retrouvera d’ailleurs dans chacun de ses films. Mais ce qui la différencie vraiment des autres réalisateurs, ce n’est pas tant les sujets dont elle parle mais surtout le traitement qu’elle en fait. En effet, il se dégage de chacune de ses réalisations une certaine poésie, quelle que soit la lourdeur ou la légèreté des sujets qu’elle aborde. Et c’est d’autant plus vrai pour Virgin Suicides où le charme opère presque instantanément grâce à une photographie soignée et une BO enivrante.
Mais la grande force du film réside selon moi principalement dans l’intérêt que l’on porte rapidement aux différents personnages, filles ou garçons. En effet, chacun peut s’y identifier facilement et on est avec eux dès les premières minutes. Ce qui est loin d’être toujours gagné d’avance car il faut pour cela des jeunes acteurs talentueux, capables de porter le projet sur leurs épaules. Et c’est tout à fait le cas ici tant les acteurs et les actrices se montrent convaincants. En particulier Kirsten Dunst qui révèle véritablement avec ce film toute l’étendue de son talent. Effectivement, même si ceux qui l’accompagnent ne déméritent pas, on ne voit véritablement qu’elle tout au long du film. Elle est rayonnante, mystérieuse et terriblement belle. A tel point qu’on n’a finalement aucun mal à imaginer le pouvoir magnétique qu’elle exerce sur les garçons. De toutes les sœurs Lisbon, c’est assurément la plus charismatique. Elle crève littéralement l’écran ! Finalement, c’est aussi cela le style Sofia Coppola, ne pas hésiter à faire confiance à une jeune actrice en lui donnant sa chance de briller. Ce qu’elle a fait pour Kirsten Dunst avec Virgin Suicides puis Marie-Antoinette, et avec Scarlett Johansson avec Lost in Translation.En définitive, avec Virgin Suicides, Sofia Coppola signe donc un premier film bourré de charme et s’affirme en tant que réalisatrice avec un style et des thèmes très personnels. Cette première réalisation est également la révélation d’une magnifique actrice en la personne de Kirsten Dunst. Bien sûr, l’une et l’autre ont fait leur petit bout de chemin depuis mais ce film demeure encore aujourd’hui l’une des plus belles collaborations cinématographiques. Et rien que pour cela, il mérite largement d’être vu !