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L’Etranger, Camus

Publié le 18 septembre 2014 par Ninnissa

« Aujourd’hui, Maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »

Ce bouquin je l’ai lu et adoré il y a 17ans!

Le fait d’avoir une memoire de poisson rouge, me permet de relire les memes livres plusieurs fois avec toujours autant de passion, d’intérêt et d’émerveillement !

Mais lire l’Etranger à 30ans ce n’est pas comme le découvrir à 15 ans. L’expérience de la vie d’adulte, la vie amoureuse, les malheurs de la vie, aussi, nous donnent une approche différente de nos lectures.
De nouvelles interrogations, de nouveaux sentiments ou ressentiments nous assaillent. On lit avec un niveau supérieur.

La mort, par exemple, ne me parlait pas vraiment à 15ans. Aujourd’hui, la mort de La mère de Meursault est une epreuve que j’ai connue, non pas personnellement, mais via des amis proches.
Je considere aujourd’hui la mort alors qu’à 15ans je ne la ressentais pas, elle ne me touchait ni ne m’effrayait pas.
L’amour, celui de Marie pour Meursault. Marie qui parait si legere et naive. Meursault taciturne, qui se laisse volontier faire, ne dit jamais non mais n’a que tres peu d’envie finalement. Cette relation, je ne pouvais la concevoir dans ma tete d’ados cartésienne et vierge de tout sentiments amoureux. Aujourd’hui je la conçois, je la comprends et je la pardonne.

Car oui cette relation amoureuse est terrible.

Ces deux amants sont ensemble mais sans vivre la même relation.
Quand la pétillante Marie est une passionnée amoureuse et pleine de projets, Meursault n’est qu’un taciturne sans ambition ni autre interet que celui de ne pas trop déranger ni trop se fatiguer. L’homme du besoin de rien envie de rien. Il marche sans but, se retrouve par hasard à des moments clés de sa vie. Il n’a d’envie que celles évidentes, qui s’offrent à lui sur l’instant sans trop déranger sa routine. Il n’y a vraiment que lors de son séjour en prison qu’il se met à rever, à avoir envie de femme, de liberté, de vie. Il est deja trop tard. Il subit ce qui lui arrive alors que finalement c’est lui qui a provoqué cette issue par son absence d’action.

D’ailleurs on oublie qu’il a eu un acte, un geste, celui de tuer quelqu’un. Cet acte est presque gommé par Camus. Il élude l’acte de Meursault, il n’en garde que les conséquences.

Amour et Mort se conjuguent sur fond de passivité. Celle du personnage principal.
Voilà un passage issu du volet amoureux. Celui qui m’a le plus interpellée, forcement « l’experience précède l’essence » [Sartre]. Mon experience m’amene à m’arreter sur ce que je connais ou me concerne, de près ou de loin :)

Extrait du chapitre 5 (1ère partie) “La demande en mariage”

Le soir, Marie est venue me chercher et m’a demandé si je voulais me marier avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a voulu savoir alors si je l’aimais. J’ai répondu comme je l’avais déjà fait une fois, que cela ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas. « Pourquoi m’épouser alors? » a-t-elle dit. Je lui ai expliqué que cela n’avait aucune importance et que si elle le désirait, nous pouvions nous marier.

D’ailleurs, c’était elle qui le demandait et moi je me contentais de dire oui. Elle a observé alors que le mariage était une chose grave. J’ai répondu : « Non ». Elle s’est tue un moment et elle m’a regardé en silence. Puis elle a parlé. Elle voulait simplement savoir si j’aurais accepté la même proposition venant d’une autre femme, à qui je serais attaché de la même façon. J’ai dit: « Naturellement. »

Elle s’est demandé alors si elle m’aimait et moi, je ne pouvais rien savoir sur ce point.
Après un autre moment de silence, elle a murmuré que j’étais bizarre, qu’elle m’aimait sans doute à cause de cela mais que peut-être un jour je la dégoûterais pour les mêmes raisons. Comme je me taisais, n’ayant rien à ajouter, elle m’a pris le bras en souriant et elle a déclaré qu’elle voulait se marier avec moi. J’ai répondu que nous le ferions dès qu’elle le voudrait.

Je lui ai parlé alors de la proposition du patron et Marie m’a dit qu’elle aimerait connaître Paris. Je lui ai appris que j’y avais vécu dans un temps et elle m’a demandé comment c’était. Je lui ai dit: « C’est sale. Il y a des pigeons et des cours noires. Les gens ont la peau blanche. »

Puis nous avons marché et traversé la ville par ses grandes rues. Les femmes étaient belles et j’ai demandé à Marie si elle le remarquait. Elle m’a dit que oui et qu’elle me comprenait. Pendant un moment, nous n’avons plus parlé. Je voulais cependant qu’elle reste avec moi et je lui ai dit que nous pouvions dîner ensemble chez Céleste. Elle en avait bien envie, mais elle avait à faire. Nous étions près de chez moi et je lui ai dit au revoir. Elle m’a regardé: « Tu ne veux pas savoir ce que j’ai à faire? » Je voulais bien le savoir, mais je n’y avais pas pensé et c’est ce qu’elle avait l’air de me reprocher. Alors, devant mon air empêtré, elle a encore ri et elle a eu vers moi un mouvement de tout le corps pour me tendre sa bouche.

L'Etranger Camus

Mise en scène Kamel Ouali


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