La France est anarchiste, par nature. Voici ce à quoi m’a
fait penser ce livre.
Protestant ayant renoncé à être pasteur, polyglotte, Elisée
Reclus (1830 1905) fut un géographe éminent. Il a parcouru le monde qu’il a
décrit. Il fut tenu en très haute estime par l’ensemble de l’Occident. C’était
aussi un anarchiste qui a participé, pacifiquement, à la Commune.
Son œuvre semble décrire ce qui survient aujourd’hui. Mondialisation
et délocalisations. L’Occident a un avantage technologique. Il doit diffuser
ses connaissances, bénéfiques, à l’humanité. Mais, avant cette phase
égalitaire, de fortes disparités se creuseront. En effet, les riches des pays
riches iront chercher la main d’œuvre pauvre des pays pauvres. Phase explosive.
Ainsi, il était persuadé que la colonisation était une malédiction pour l’Occident.
Une sorte de solution de facilité qui avait empêché le progrès social.
QU'EST-CE QUE L'ANARCHISME ?
Comment entendait-il l’anarchisme ? « L’anarchie (…) est la plus haute expression
de l’ordre. » Son idéal serait réalisé le jour où « la moralité sera assez haute et assez forte
pour que la loi cesse d’être nécessaire ». Maître mot : égalité
entre tous.
Le chemin pour y parvenir est le progrès. Il fait passer l’humanité
du conflit et de la lutte des classes à l’entraide. L’humanité atteint un
niveau supérieur de conscience. Elle se découvre elle-même.
L’important est de donner une forte morale à l’enfant. Ensuite,
il saura faire le bien. Le mouvement gagnera le monde par capillarité, les gens
de bien formant une « libre
association en vue du bien commun ». « Là où l’autorité impose, de l’extérieur, une carapace à l’homme, l’idéal
anarchiste propose à l’inverse de renforcer le squelette. » Et cette
humanité vivra en harmonie avec le reste de la nature. L’éducation joue donc un
rôle décisif dans ce projet. Il faut développer l’enfant dans la logique de sa
nature. Ce qui signifie de commencer par le considérer comme un individu digne
de respect.
Elisée Reclus. Les grands textes, présentés par Christophe
Brun, Champs Classiques, 2014.