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La nationalisation va bon train au Venezuela

Publié le 22 mai 2008 par Hugo Jolly

Ce 9 avril dernier, le gouvernement d’Hugo Chavez, président démocratiquement élu du Venezuela, a annoncé la nationalisation de SIDOR, la 4e plus grande aciérie d’Amérique latine, dans l’État de Bolivar. Jusque là, le principal actionnaire, Techint, une multinationale italo-argentine, refusait obstinément de rendre justice aux salariées qui demandaient de meilleures conditions de travail.

Le prolétariat demande, le bourgeois refuse, sauf si cela mène à une escalade des demandes chez le prolétariat, une éternelle soupape bourgeoise aux révoltes que mènent les opprimés, les oppressés, le prolétariat.

Durant 15 mois, les prolétaires de SIDOR ont manifesté leur besoin d’une amélioration des salaires, de leurs conditions sanitaires et du niveau des retraites, qui sont inférieures au salaire minimum. Ils réclamaient également l’intégration des 9000 salariés, oeuvrant ceux-ci dans la sous-traitance privée, sur les 15 000 travailleurs de l’usine, mais en vain.

C’est en 1997 que fut privatisé SIDOR, sous Caldera. Elle fut ensuite cédée à la multinationale Techint, qui a su soutirer d’énormes profits du travail des prolétaires à son emploi, sur la base d’une exploitation massive crasse de ces derniers.

Les accidents de travail par exemple, souvent très graves, voire mortels, ont augmenté en flèche sous la direction de Techint, “productivité” explique. 19 morts en une seule décennie, ce qui a porté José Rodriguez, dirigeant du syndicat SUTISS, aux barricades. Ce dernier décrit la dernière décennie comme suit: d’« humiliation et de traitement indignes, qui ont choqué les travailleurs et le pays ».

En janvier 2007, lors d’un discours d’Hugo Chavez qui appelait à « nationaliser tout ce qui a été privatisé », les prolétaires de SIDOR avaient appuyé avec enthousiasme le discours du président démocratiquement élu. En guise d’approbation, ils avaient hissé le drapeau vénézuélien sur le toit de l’usine. Ils exigeaient la nationalisation de SIDOR, Chavez semble donc, avoir entendu l’appel à l’aide de la majorité prolétarienne.

Toutefois, Kirchner, le gouvernement argentin voisin, avait opté pour une autre solution, soit un taux préférentiel pour le marché intérieur vénézuélien, sans nationalisation. Chavez plia d’abord à cette demande. Mais encore, la direction de l’usine refusait de traiter la question des conditions de travail, ce qui après 15 mois, avait amené les prolétaires de SIDOR à faire grèves ponctuelles et successives en janvier, février et mars 2008.

Malheureusement, le ministre du Travail, José Ramon Rivero, a d’abord ordonné un accord aux travailleurs. Ensuite, le 14 mars 2008, la Garde Nationale a chargé les prolétaires pendant une grève de 80 heures. Il y a bien sûr eu plusieurs salariés arrêtés et blessés par la charge de l’État. La Garde Nationale a été accusée par les salariés, d’avoir agit brutalement et vicieusement contre les travailleurs de SIDOR. Elle aurait même détruit des voitures et d’autres possessions des salariés. Les masses de la région se sont ensuite empressés de se joindre aux grévistes, menaçant de faire grève eux aussi. La solidarité s’est au moins répandue.

Depuis l’élection démocratique de monsieur Chavez, rappelons-le, c’était le plus sérieux des incidents entre la Garde Nationale et les prolétaires. Mais ajoutons que le commandant local de la Garde Nationale, était étroitement lié à la direction de SIDOR et suivait les ordres de cette dernière, non ceux de Chavez lui-même ou quelconque conseil populaire. On ne peut donc pas accuser le gouvernement Chavez de faire répression, ce n’était pas de lui. D’ailleurs, aucune répression violente n’a eu lieu sous Chavez, comme en avaient l’habitude les anciens gouvernements à tendance capitaliste. Rappelons que Washington soutenait toute répression du Venezuela à l’époque, même si la répression amenait son lot de cadavres.

Il est à noter que même pendant une révolution socialiste, l’appareil d’État, anciennement capitaliste, préserve les cicatrices du capitalisme et de la corruption pro-patronale qui y sévissait. L’État est encore, nous ne sommes pas arrivés encore au communisme, nous en sommes même encore assez loin. El Zabayar, un député bolivarien qui militait pour la nationalisation de SIDOR, explique : « Il y a des secteurs de l’appareil d’État qui utilisent l’autorité gouvernementale pour mener une politique pro-patronale ». Mener une révolution socialiste avec un État capitaliste, c’est impossible.

Le dirigeant syndical José Melendez critique sévèrement le rôle du ministère : « Ils nous accusent d’être des fauteurs de trouble parce que nous rejetons leur référendum. Plus d’une fois nous avons montré notre soutien à la révolution, mais cela ne signifie pas que nous allons laisser le ministre du Travail appliquer une politique anti-ouvrière qui, au final, ne profite qu’à la droite. »

Le ministre du travail, après la violente répression, a demandé aux ouvriers de répondre à un référendum, ce qu’ont rejeté les ouvriers. Ils ont plutôt offert au ministre du travail une solution alternative. Ils ont organisé leur propre consultation, le 3 avril 2008, en présentant 2 options;

1) Accepter la proposition de la direction

2) Mandater le syndicat pour poursuivre les négociations.

Le deuxième choix l’a emporté à 3338 voix contre 65, ce qui démontre encore une fois, la petitesse, enfin, la minorité des bourgeois et leur appui réel dans toute entreprise, toute société, etc., qui se veut politisée et conscientisée par la conjoncture du moment. Nous pouvons voir, au Venezuela, depuis Chavez surtout, cette fameuse conscientisation à l’œuvre.

Le 4 avril, les prolétaires ont fait grève et jusqu’à l’Université Bolivar, là où Chavez donnait un discours, ils ont marché tout en manifestant pacifiquement. Désirant être entendus, les ouvriers ont réussi à faire plier Chavez qui, suite à ces pressions, a ensuite, lors d’un programme à la télévision le 6 avril, pris position officiellement sur la question. Il a donc rappelé que les ouvriers de SIDOR avaient affronté un lock-out en 2002, qu’ils avaient reçu des menaces de mort entre temps et qu’ils n’avaient pas hésité à affronter la police pour leur combat. Il en a profité pour remémorer la loi du 1er mai 2007, laquelle interdit la sous-traitance, mais qui n’est pas respectée par les bourgeois et l’oligarchie locale, qui font tout pour sauver les privilèges parasitaires qu’ils soutirent du labeur d’autrui. Le parasitisme va jusque là, jusqu’au sabotage, jusqu’à la tricherie, jusqu’aux coups d’État, jusqu’aux assassinats, etc..

« J’essaye toujours de trouver un compromis par la négociation », a dit Chavez, « mais dans le cas de SIDOR, je pense que trop c’est trop. » Ce n’est pas la première fois que le gouvernement Chavez en laisse passer dans les attitudes droitistes de l’opposition, car dans les faits, la presque totalité des absurdités commises, le furent PAR les droitistes. Des lock-outs aux gonflements des prix des denrées essentielles, ainsi de suite. Les mauvaises actions ne servent-elles pas leurs opposants?Bien, mais au-delà de ce bris de condition signé, contracté par ce ou ces bourgeois, n’y avait-il pas là, dans les faits, une mauvaise foi mêlée à un contrat juteux en fruits du labeur d’autrui? En 10 ans, Techint a fait des profits énormes, comparativement à ses investissements dans la masse prolétaire et dans l’usine comme telle.

Bien entendu, aux oreilles du gouverneur régional et à celles du ministre du travail, l’intervention de Chavez fut bien embarrassante. Ils furent tous deux, contournés en autorité, en ligne de hiérarchie. Mais au-delà des règles non respectées, Hugo Chavez s’est clairement rangé du côté des travailleurs sur cette question prise à partie par les éléments contre-révolutionnaires du Parti Socialiste Unifié du Venezuela, et bien sûr, prise par opportunisme par les “sectes” suicidaires*, lécheuses de scrutum et de rectum de bourgeois.

La direction de SIDOR, a immédiatement accordé son volonté de rencontrer à nouveau les prolétaires concernés. Par peur de se faire nationaliser? Allez savoir, mais il est trop tard pour ces parasites désormais.

Le 8 avril 2008, les syndiqués, les V-P du Venezuela et SIDOR se rencontrent, suite de laquelle, SIDOR cède certains points discutés. La réunion dura toutefois plusieurs heures et SIDOR, juste après minuit, refusa toute autre concession sur les salaires. Puis alors, le V-P vénézuélien, Carrizalez, appela aussitôt Chavez. SIDOR a ainsi donc, refusé la volonté du peuple, refusé de négocier son parasitisme intolérable et inutile, que représente en fait, la totalité de la bourgeoisie internationale issue de la secte capitaliste suicidaire**.

SIDOR n’est pas une petite entreprise en faillite : c’est le seul producteur d’acier du pays et le quatrième en Amérique latine. Sa nationalisation est donc remarquable, importante et révélatrice de la direction que prend visiblement, le gouvernement de Chavez, le gouvernement socialiste vénézuélien de Chavez, démocratiquement élu. Il est donc ici, très important, que les travailleurs de SIDOR participent à la défense des intérêts qu’ils défendent jusqu’à maintenant, par représentation, etc.. Le contrôle ouvrier doit s’imposer, il le doit. Les entreprises privées, avec l’aide de l’État que représentent les juges, etc., savent user des influences de ces derniers.

Bien sûr, les parties discuteront de dédommagement, mais dans les faits, l’ouverture des livres de compte le confirme, l’entreprise a très peu investi et payé pour ce qu’elle a amassé en profit en une seule décennie, elle n’aura donc pas grand-chose, sinon rien. Sage décision.

C’est donc l’acier, juste après le ciment, qui se nationalise sous ce gouvernement socialiste, pour les intérêts des ouvriers, de la masse prolétarienne, bref, pour la majorité de la population. Cela dit, la nationalisation n’a pas empêché par le passé d’installer par exemple, à la tête de la PDVSA, des bureaucrates au service des oligarchies et des bourgeois étrangers. Il faut rester vigilant, ne prenons pour exemple qu’Hydro-Québec chez nous. Depuis longtemps, ils y collent une sous-traitance privée, alors que dans les faits, Hydro-Québec est nationalisé, Québec joue donc ici aussi, contre ses propres règles, au service de la bourgeoisie minoritaire et parasitaire.

Il est donc temps, plus que jamais, important de poursuivre l’élan de nationalisation, car dans les autres sphères de l’économie vénézuélienne, les oligarchies mènent la vie dure au prolétariat et au reste de la masse de pauvres, comme par exemple dans le secteur alimentaire, où les bourgeois ont haussé le prix de certaines denrées essentielles de 200%, comme celui du lait ou du pain. Le sabotage bourgeois de la révolution, est chose commune dans un mouvement ouvrier. Les contre-révolutionnaires vont jusqu’à faire des coups d’État et bien pire encore, pour préserver leurs minoritaires et parasitaires privilèges, au dépens des masses, comme toujours.

Courage camarades vénézuélien(ne)s! Le socialisme est enfin à votre porte et vous serez bientôt débarrassé de ces sales parasites bourgeois minoritaires et de ces oligarchies, qu’Ottawa s’empressera d’accueillir comme il fait depuis longtemps.

*Le système capitaliste ne tient pas compte du “stock” des ressources nécessaires Per Capita, réellement disponibles pour la totalité de la population mondiale, voire terrienne pour être plus précis dans la démagogie perpétrée par la droite en général.

**Suicidaire parce que le système est non-viable et que je mets ici même, au défi, quelconque parasite droitiste de prouver le contraire. Le système nord-américain, même sans les changements climatiques, est complètement ridicule et inapproprié compte tenu des réelles ressources sur Terre.C’est tout simplement, une ineptie. Globaliser le système nord-américain, nécessiterait plus de 7 planètes Terre de ressources. Bonne chance!


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