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Critiques Séries : P'tit Quinquin. Mini-series. Episodes 1 et 2 (France).

Publié le 20 septembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

P’tit Quinquin // Saison 1. Episodes 1 et 2. L’bêt’humaine / Au coeur du mal.


Cette mini-série produite pour Arte avait été présentée en séance spéciale à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2014. Une façon de nous donner encore plus envie de découvrir ce qui se passe derrière cette série dramatique qui se voulait différente de tout ce que l’on a l’habitude de voir à l’écran. Et le résultat est bel et bien là. En effet, cette mini-série au travers de ses deux premiers épisodes nous prouve qu’elle est un véritable ovni, inclassable, mélangeant tout un tas de genres en les détournant, du polar au drame familial en passant par cette peinture de la campagne perdue de la France. Mais ce qui fait le charme de cette série c’est le fait qu’elle est étrange et qu’il y a énormément de bizarreries qui la rende encore plus curieuse et intelligente. Je pense par exemple à cette histoire de tête coupée retrouvée dans le rectum d’une vache. On ne peut pas dire que cela soit le genre de choses que l’on a l’occasion de voir souvent dans un polar mais c’est brillant car en plus de ça, le ton n’est pas vraiment à la fête. Malgré quelques incongruités, l’ambiance est morne et lourde (meurtre, temps maussade, destin déprimant et sans avenir, etc.).

Une enquête policière extravagante, improbable et burlesque autour d’étranges crimes aux abords d’un village côtier du Boulonnais en proie au mal, et d’une bande de jeunes crapules menée par P’tit Quinquin et Eve, son amoureuse.

Créée par Bruno Dumont (Hors Satan, Flandres), P’tit Quinquin tente de nous raconter quelque chose de singulier qui n’a pas d’équivalent. Il y a donc un mélange des genres qui rend le tout bien plus intéressant. Je pense par exemple à l’histoire de Quinquin, ce petit garçon un peu bête, trainant avec ses amis dans les vieux bunkers au bord de la plage et passant du temps avec cette jeune fille. La relation entre ces deux personnages est tout de même assez intelligente car Quinquin a beau être un enfant, pas forcément très éduqué, il n’en reste pas moins intelligent. C’est de lui que certaines théories de la mini-série sont élaborées. En effet, dans le second épisode, « Au coeur du mal », aux funérailles, Quinquin observe l’assistance avec autant d’intensité que les deux enquête et se demande si l’assassin se cache dans la foule. On se demande forcément qui a bien pu assassiner et démembrer cette femme pour la mettre dans le corps de cette vache mais c’est tout ça qui rend le tout bien plus intéressant à mes yeux. Il y a un peu de burlesque donc et outre le corps retrouvé dans la vache, c’est au travers de Van der Weyden que l’on retrouve un peu de ce burlesque alors qu’il est complètement atteint par la maladie. Cela a beau ne pas être drôle au fond, cela reste malgré tout cocasse pour le téléspectateur.

Tous les personnages un peu cabossés de ces deux épisodes rendent le tout bien plus intéressante, cherchant presque à faire une sorte de freakshow de ce que l’on peut voir au fond de la campagne comme incongruités. Il y a donc des personnages étranges certes mais aussi des gens qui ne sont pas forcément très instruits à cause des devoirs de la ferme et de la famille, etc. Au milieu de tout ça, Quinquin fait lui aussi office d’ovni dans le sens où il est à la fois un garçon intelligent mais qui se laisse mener un peu trop par moment. Du début à la fin de ces deux premiers épisodes j’ai été captivé sans jamais pouvoir lâcher mon écran. C’est magique, hypnotique mais aussi singulier et inconfortable. En effet, on a parfois du mal à rire alors que le malheur est palpable. C’est aussi une sorte de synthèse de ce que Bruno Dumont peut faire, à la fois comme on avait pu le voir dans Hors Satan (pour le rapport avec le mal qui semble omniprésent du début à la fin car l’on ne sait pas qui a tué mais aussi car tout le monde peut cacher quelque chose de terrible au fond de lui), Hadewijch (pour le rapport avec la religion qui est très présent mais encore une fois traité avec un certain côté cocasse), L’Humanité (pour l’aspect policier de la série), etc.

Je ne suis pas un spécialiste de la filmographie de ce cinéaste mais l’on ne peut que constater le fait qu’il est quelqu’un d’intéressant (que l’on aime ou l’on aime pas). Car il tente de faire des choses au travers de ses films, de parler de sujets de société. On retrouve alors quelque chose de merveilleux entre les deux flics aussi dont la relation est terriblement cocasse, truffée de dialogues inspirés. L’énigme qu’ils tentent de résoudre n’est pas parfaite car elle est assez classique et qu’il n’y a pas vraiment de cohérence mais cela fonctionne et c’est tout ce que l’on peut en demander. Ainsi, P’tit Quinquin est l’une des belles surprises sérielles de cette rentrée. Une mini-série étrange, curieuse, mais totalement réussie de bout en bout. J’ai hâte de voir ce que les deux derniers épisodes nous réservent. Arte prouve encore une fois qu’ils savent produire de bonnes et belles séries (après la mini-série 3x Manon cette année ou encore le retour à venir de Ainsi soient-ils).

Note : 9/10. En bref, tout simplement étrange et brillant à la fois.


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