Magazine Culture

Critique Ciné : Near Death Experience, suicide social

Publié le 21 septembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Near Death Experience // De Gustave Kerven et Benoît Delpine. Avec Michel Houellebecq.


Partir d’un homme rongé par la vie pour nous raconter la façon dont il va petit à petit aller vers le point de nous retour. Gustave Kerven et Benoît Delpine tentent de reprendre le problème rencontré par des employés de chez France Télécom, de cette sensation de burn out professionnel et privé afin d’en faire une histoire sur un homme malheureux. Tout au long du film on va entendre les lamentations de cet homme, face caméra ou non, racontant en voix off que cela soit sa relation avec son grand père, ses problèmes, son envie d’en finir avec sa vie, etc. Ce n’est pas bête non plus mais cela ne fonctionne pas vraiment comment j’aurais pu le souhaiter. Le film est long, trop long, pour quelque chose qui aurait très bien pu faire office d’un court métrage. Si Michel Houellebecq est parfait dans le rôle de l’homme rongé par l’âge, on ne peut malheureusement pas dire que tout ce que le duo de réalisateur tente de nous dire est réellement bon. Ca respire la vacuité, les dialogues écrits au hasard sur un sujet et rien d’autre, des scènes qui s’enchaînent, etc. Si tout cela correspond au cinéma de Delpine et Kerven, notamment dans leur utilisation de cette image proche de l’amateurisme, cela ne veut pas pour autant dire qu’il faille porter le film aux nues. Bien au contraire.

Employé sur une plateforme téléphonique, Paul est en plein burn-out. Un vendredi 13, la chronique du journal télévisé sur ce jour particulier lui apparaît comme un signal pour passer à l’acte. décidé à concrétiser son geste, il s’enfuit dans la montagne où il va vivre une expérience particulière.

Au départ le film commence plutôt bien. Il se veut brut, parlant de la vie d’un homme comme les autres qui est en train de sombrer petit à petit dans la dépression. Tout cela, il le doit à sa vie, truffée de malheurs car il n’a jamais réussi a trouver comment devenir heureux. C’est un constat presque social finalement, racontant l’histoire d’un homme qui pourrait être n’importe qui. Le burn out existe réellement et n’importe qui peut le contracter. Mais si vu de ce point de vue là, l’aspect brutal de l’objet qu’est Near Death Experience est intéressant, le film n’en reste pas moins un peu trop essoré. Cela manque cruellement de substance dans laquelle mordre et malheureusement, j’aurais bien aimé comprendre un peu plus la vraie volonté qu’il y avait derrière ce film. Car finalement au delà de la vie malheureuse de cet homme, Near Death Experience tente aussi de raconter une aventure, d’une échappée dans la nature pour un homme dont la vie est trop mécanique et calculée. C’est là que le discours autour de son grand père qui n’avait pas tant de questions à se poser à son époque prend son sens mais doit-on vivre dans le passé ou bien s’accommoder au présent ? Je n’ai par ailleurs pas toujours compris les délires de chacun.

Je pense par exemple à celui de « la vie doit être enivrante » qui s’achève sur une scène contre une tente. Je suppose donc qu’il n’y a pas vraiment de recherche de cohérence là dedans. L’utilisation de Shubert en guise de musique était cependant une très bonne idée dans le sens où j’ai vraiment adoré cet aspect du film. La musique correspond parfaitement à ce que vit cet homme et l’on ne pouvait pas demander mieux de la part de Kerven et Delpine. Avec Near Death Experience on retrouve donc un film qui se veut étrange (après tout il est dans la sélection de l’étrange Festival) clame tout ce que les deux réalisateurs mettent en boîte. Mais j’ai ressenti aussi comme un ennui profond devant les mésaventures de cet homme bien que l’on puisse y voir aussi par moment un peu d’humour (bienvenue afin de ne pas trop me donner l’impression de m’ennuyer). Near Death Experience n’était donc pas une très bonne expérience pour moi et ce même si au fond c’est curieux comme film et qu’il faut le voir presque pour le croire mais cela s’arrête là, c’est sans grand intérêt tant la réflexion est finalement un peu trop légère pour réellement intriguer et fasciner.

Note : 3/10. En bref, une expérience étrange mais malheureusement ratée par le manque cruel de substance sous toutes ses formes.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Delromainzika 18158 partages Voir son profil
Voir son blog