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Le cuisinier

Publié le 24 juillet 2011 par Sseija
Le cuisinier Titre simple et résumé intriguant à mon goût, il n’en fallait pas plus pour que je lise Le cuisinier de Martin Suter. Mais attention le côté sulfureux n’est pas forcément là où on pourrait le croire…

Résumé : Licencié du restaurant, où il cuisine, Maravan, jeune réfugié tamoul, lance sa propre entreprise, Love Food. Son principe : servir des dîners aphrodisiaques à domicile. Le succès est immédiat, tous les couples en mal de désir se précipitent chez le maître moléculaire. Mais jour après jour, ses repas érotiques attirent une faune plus étrange…

La cuisine est présente, pas seulement parce qu’il s’agit du métier de Maravan, mais aussi d’une passion. La façon dont il en parle, son respect des saveurs, son envie de révolutionner ce qui a été fait. Son humilité et son goût pour la nouveauté le rendent  très différent du patron du Huwyler, restaurant chic suisse, où il travaillait comme commis ainsi que des autres chefs. Et le personnage d‘Andréa, serveuse qui va être l’instigatrice du Love Food, m’a semblé bien fade à côté de lui.

Mais le contraste entre la suissesse lesbienne et le jeune tamoul n’est pas gênant. Sauf que la présence de Maravan et sa rencontre avec, une jeune femme tamoule Sandana va permettre de glisser sur un sujet intéressant : la question de l’identité. Maravan, bien qu’ayant grandi au Sri-Lanka, n’a jamais essayé de s’intégrer à la communauté tamoule de sa ville. Il finit par le faire, après son licenciement  par nécessité mais ça s’arrête là. Le système des castes est bien ancré en lui et il fait attention à ses actes. Son pays lui manque et il espère que la guerre cessera le plus vite possible pour y retourner. Sandana, elle, est une fille d’immigrée. Née en Suisse, elle se retrouve donc prise entre la culture de ses parents et celle occidentale dans laquelle, elle baigne depuis toute petite. Si certaines choses peuvent passer, d’autres vont être des sources de conflits. Comme par exemple le mariage. Je trouve qu’un bout de la discussion entre le père de la jeune femme et Maravan illustre bien ça.

- Ici, les filles veulent choisir leur mari elles-mêmes.
Mahit s’échauffa de nouveau :
– Ce n’est pas une fille d’ici !
– Mais pas une fille de là-bas non plus.

D’autres thèmes graves sont abordés. En particulier celui de la guerre, et c’est ce dernier qui va donner le ton sulfureux à l’histoire. L’histoire des personnages est entrecoupée de passage sur  la crise économique, l’élection de Barack Obama… Un peu comme une mise en abîme au fond. L’histoire dans l’Histoire. Si au départ, ça peut manquer de cohérence, tout finit par prendre son sens. Un sens particulièrement tragique. Vente d’armes (ce qui permet au passage d’apprendre le système  suisse d’exportation des armes), des trafics, des hommes qui se font de l’argent alors que des enfants deviennent des soldats. Ces hommes sont suisses, pakistanais ou encore thaïlandais. Ces hommes font tous appel à un moment au service du Love Food et d’escort-girls, dont Makeda, la petite amie d’Andréa mais ces derniers ne savent rien de leur statut. Ils savent qu’ils servent des hommes d’affaires, pas plus. Finalement la cuisine aphrodisiaque est une sorte de liant. Elle permet de créer des rencontres, de faire tenir les histoires, d’avoir une sorte de dénominateur commun. Mais si les noms des desserts peuvent à la rigueur avoir une consonance érotique, le reste me semble relativement ‘soft’. On se concentre soit sur le sens que Maravan veut donner au repas, soit sur le ressenti et les réactions des clients pendant/après le repas. Avec d’ailleurs, une répétition de l’expression d’avoir été manipulé, alors que Maravan rajoute des produits stimulants dans ses plats.

Pour les curieux, les recettes du Love Menu se trouvent à la fin ainsi qu’une bibliographie composée de livres en allemand et en anglais.


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