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Sénatoriales 2014 : le PS s’efface et le FN s'infiltre

Publié le 28 septembre 2014 par Sylvainrakotoarison

La majorité sénatoriale sortante a perdu 27 sièges au profit du centre et de la droite. Gain de 23 pour l’UMP et l’UDI et (c’est historique), élection de 2 candidats du FN.

yartiSenatorials2014A01Les élections sénatoriales du 28 septembre 2014 ont constitué un nouveau désaveu pour le pouvoir socialiste avec la perte de la majorité à gauche du Sénat gagnée en 2011. Troisième désaveu des urnes en six mois.

L’UMP et l’UDI ont en effet reconquis la majorité absolue des sièges au Sénat et l’un des faits marquants est évidemment l’entrée historique de deux sénateurs issus du Front national, David Rachline, maire FN de Fréjus, qui devrait être le benjamin du Sénat, et Stéphane Ravier, maire FN du 7e secteur de Marseille.

Cette double élection contredit les éléments de langage du PS qui laissent entendre que ces résultats ne sont que la conséquence mécanique des résultats des élections municipales de mars 2014, notamment parce que 83 185 grands électeurs sur les 87 625 au total (soit 95%) sont des délégués des communes. En ne prenant en compte que l’effet des municipales, jamais un membre du FN n’aurait été élu aux sénatoriales, les candidats élus ont donc réussi à convaincre des grands électeurs au-delà de la seule sphère municipale du FN.

De même, si l’UMP a regagné de nombreuses positions, ou même en a préservé malgré le passage d’un scrutin majoritaire au scrutin proportionnel, dans certains départements à grandes agglomérations urbaines, le succès est mitigé comme aux Bouches-du-Rhône et en Gironde où l’UMP n’obtient que 3 élus comme dans l’ancien Sénat. L’une des explications de Philippe Marini serait que les grands électeurs ont émis également un vote de défiance vis-à-vis des métropoles.

Il faut rappeler en effet que non seulement le PS s’effondre, mais cela malgré un changement de mode de scrutin qui a favorisé le PS en multipliant le nombre de départements avec scrutin proportionnel et le nombre de délégués issus des grandes agglomérations. Le nouveau Sénat représente donc beaucoup plus la France urbaine que la France rurale par rapport au précédent Sénat.

Dans le Sénat sortant, il y avait 21 sénateurs PCF (dont 6 renouvelables), 128 sénateurs PS (dont 65 renouvelables), 10 sénateurs écologistes (dont aucun renouvelable), 19 sénateurs RDSG (ex-Gauche démocratique, dont 12 renouvelables), 31 sénateurs UDI (dont 13 renouvelables), 130 sénateurs UMP (dont 77 renouvelables) et 5 sénateurs NI (dont 3 renouvelables). En tout 178 sièges étaient à pourvoir sur les 348 que compte au total le Sénat.
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Le Président du Sénat sortant, Jean-Pierre Bel, avait annoncé le 5 mars 2014 qu’il ne serait pas candidat à sa réélection comme sénateur, ce qui laissait ouverte également sa succession à la tête de la Haute assemblée.

Parmi les sénateurs sortants qui ne se sont pas représentés, on peut citer : Pierre-Bernard Reymond, Jean-Pierre Bel, René Garrec, Nicolas Alfonsi, Jean-François Humbert, Jean Besson, Edmond Hervé, Roland Ries, Francis Grignon, Guy Fischer, Muguette Dini, Jean-Jacques Pignard, Jean-Paul Amoudry, Pierre Hérisson, Patrice Gélard, Marcel Deneux, François Trucy, René Beaumont, Jean-Claude Merceron, Christian Poncelet et Jean-Pierre Chevènement.

Parmi les candidats qui ont échoué à ces élections sénatoriales, Jean-Michel Baylet, président du PRG et président du Conseil général du Tarn-et-Garonne, candidat à la primaire socialiste en octobre 2011, dont l’échec était inattendu et symptomatique d’un rejet de la figure d’élu cumulard qui a milité activement contre la réforme territoriale et qui aurait voulu faire partie du nouveau gouvernement.

Parmi les surprises, il y a la réélection de Samia Ghali, donnée perdante, qui avait été candidate à la primaire socialiste pour les municipales à Marseille (face à Philippe Menucci), et l’élection de trois élus de la liste du sortant (ex-PS) Jean-Noël Guérini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône. Tandis que l’ancienne sous-ministre Anne-Marie Escoffier a perdu son siège dans l’Aveyron, ainsi que Jean-Pierre Michel, l’un des partisans les plus fermes du mariage gay.

Dans les victoires, on peut citer (x : réélus) le succès de Claude Malhuret, Dominique Estrosi Sassone, Philippe Adnot (x), François Baroin, Jean-Claude Gaudin (x), Sophie Joissains (x), Stéphane Ravier, Samia Ghali (x), Jean-Noël Guérini (x), Jean-Léonce Dupont (x), Jacques Mézard (x), François Patriat (x), Didier Guillaume (x), Ladislas Poniatowski (x), Hervé Maurey (x), Philippe Madrelle (x), Jean-Pierre Grand, Robert Navarro (x), Fabienne Keller (x), Jean-Marie Bockel (x), Gérard Collomb (x), Michel Mercier, Alain Joyandet, Jean-Claude Carle (x), Catherine Morin-Desailly (x), Yvon Collin (x), David Rachline, Hubert Falco (x), Jean-Pierre Raffarin (x), Henri de Raincourt (x), Aymeri de Montesquiou (x), Jean-Pierre Vial (x) et Michel Bouvard.

Le groupe UDI qui avait 31 élus en a au moins sept de plus avec l’élection des nouveaux sénateurs suivants : Jean-Claude Luche (Aveyron), Claude Nougein et Daniel Chasseing (Corrèze : l’UDI "rafle" tous les sièges corréziens au PS, dont le maire de Tulle était l’un des candidats), Anne-Catherine Loisier (Côte-d’Or), Michel Canevet (Finistère), Claude Kern (Bas-Rhin), Loïc Hervé (Savoie), dont je salue l’élection, Annick Billon (Vendée), Philippe Bonnecarrère (Tarn), et Jean-Marc Gabouty (Haute-Vienne) et Olivier Cadic (Français de l’étranger).

Ancien Ministre de la Justice, Michel Mercier expliquait dans l’après-midi à Public-Sénat que l’UDI ferait de l’opposition constructive, comme « la vieille devise de l’action catholique : voir, juger, agir ».
Par ailleurs, Christian Trovadec, l’un des porte-parole des bonnets rouges, a échoué dans sa tentative sénatoriale en Bretagne.

Au total, sans prendre en compte 4 sièges en Outremer, le nouveau Sénat devrait être composé de 18 PCF (-3), 112 PS (-16), 10 EELV (-), 11 RDSE (-8), 37 UDI (+6), 147 UMP (+17), 3 NI (-2) et 2 FN (+2), ainsi que des 3 élus de la liste Guérini. Comme on le voit, le total UMP et UDI atteindrait (au moins) 184 sièges, soit nettement plus que la majorité absolue (175).

Il ne fait donc aucun doute que le futur Président du Sénat sera un élu UMP. Comme lors de la succession de Christian Poncelet en 2008, trois sénateurs UMP sont candidats à la candidature UMP : Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher (qui fut Président de 2008 à 2011) et Philippe Marini. Ils seront départagés le mardi 30 septembre 2014 par un vote au sein de leur groupe. Didier Guillaume devrait être le candidat du PS. L’élection du Président du Sénat aura formellement lieu le mercredi 1er octobre 2014.

Le Sénat, comme toutes les autres institutions de la République, évolue comme la société. En 2011, le Sénat avait élu un Président socialiste, et en 2014, les grands électeurs ont élu deux sénateurs issus du FN. Avec les deux députés FN élus en juin 2012, c’est donc de quatre parlementaires que le FN dispose pour influer sur la vie politique nationale. De là à imaginer une majorité FN…

Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (28 septembre 2014)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Rentrée pourrie à l’Élysée.
Les municipales de mars 2014.
Les européennes de mai 2014.
Jean-Pierre Bel.
Jean-Pierre Raffarin.
Gérard Larcher.
Christian Poncelet.
Jean-Michel Baylet.
UMP.
UDI.
Résultats officiels (Ministère de l'Intérieur).
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