Homejoy se présente comme le Uber du ménage à domicile
L'Amérique annonce souvent les nouvelles tendances. En voici une qui peut surprendre tant le domaine est inattendu : le ménage à la demande. Un artcile du Washington Post livre le fonctionnement d'un nouveau type d'emploi qui, s'il est révolutionnaire, porte aussi de grandes zones troubles.
Homejoy, un nouveau modèle ?
La société Homejoy n'a que 2 ans à peine, mais porte déjà une histoire phénoménale. Homejoy est née de l'initiative d'un frère et une soeur qui désiraient bénéficier (tout simplement) de services à domicile pour du nettoyage. De fil en aiguille, de recherche en explorations, ils se rendent compte des failles propres au système de cette industrie. En particulier, l'inefficacité constatée dans le processus de fonctionnement de l'industrie. Avec des bureaux et une organisation administrative, les coûts de fonctionnement d'une entreprise de nettoyage classique sont très importants, et nécessitent d'avoir du personnel également pour cette gestion.
Mais le constat le plus particulier concerne les employés eux-mêmes ; exit les employés à temps plein qui coûtent bien plus chers et qui représentent plus de risques en cas d'accident ou de dommage chez le client. Un nouveau modèle naît de ces réflexions : une start-up de partage économique.
Activité de l'entreprise : intermédiaire
C'est par une interface web que les clients sont reliés aux employés, mais cela ne fait pas pour autant de Homejoy une entreprise de nettoyage.
Voici un extrait de ses conditions : "... la société n'est pas un fournisseur de services de nettoyage. Elle propose des informations et méthodes pour obtenir ce service de nettoyage...".
En mettant simplement les clients et travailleurs en relation, elle se protège de bien des problèmes. Aucune indemnisation pour travailleur indépendant, les "souscrivants" doivent veiller sur eux-mêmes. Bien sûr Homejoy est au bénéfice d'une police d'assurance responsabilité civile obligatoire, mais elle tombera en cas de litige.
Dernier point pas des moindres : pas d'assistance matérielle ni de formation aux employés, seulement un test de capacités à faire le ménage fait au début de l'engagement.
Au final, Homejoy est simplement une plateforme commerciale pour mettre en relation des demandeurs et fournisseurs de prestations de nettoyages, sans les avantages des employés à plein temps.
Un modèle qui attire
Une méthode simple et légère, mais qui plaît. Homejoy est ainsi implantée dans 30 villes, et a attiré en moins de 2 ans environ 40 millions de dollars de capital risque de la part de Google Ventures.
A noter toutefois que New York est une ville qui prend moins rapidement, en raison du manque de personnel désigné comme suffisamment qualifié pour être employé par Homejoy dans les services à domicile. C'est le point faible de la société : la capacité à trouver et présenter des personnes expérimentées dans le secteur du nettoyage.
La start-up reste toutefois muette sur les questions du temps de parcours nécessaire au personnel pour se déplacer, ainsi que sur le salaire moyen de cet emploi.
Une version pour la France du site Homejoy vient de voir le jour. Il semble que pour le moment le service soit actif uniquement à Paris.
En Europe et en France des acteurs commencent à se positionner. L'incubateur allemand Rocket internet, vient de lancer le service Helpling en Allemagne, en France, en Italie, aux Pays Bas et en Suède sur le modèle d'Homejoy. On peut s'attendre à ce que d'autres start-up se positionne sur ce créneau et viennent en concurrence avec les entreprises de services à la personne.
L'industrie des services aux nettoyage en plein malaise
Différentes grandes entreprises ont subi l'ampleur du phénomène ; à peine Homejoy arrive en ville, que des mouvements inhabituels se produisent tant chez les clients que les employés.
Avec une méthode nouvelle et flexible, on a tendance à oublier que le contrôle est quasi inexistant et que les employés de ce nouveau genre ne bénéficient que de très peu d'avantages. Au niveau social, rien. Les concurrents tels que MaidPro et Kushinsky se démarquent du nouveau phénomène, rappelant qu'ils offrent des avantages sociaux importants et le paiement des déplacements à leurs employés, et appliquent une méthode de nettoyage standardisée.
En réalité, comment cela se passe ?
Une journaliste du Washington Post a suivi Anthony Walker, un père qui élève sa fille de 4 ans. Ayant été sans emploi, il admet gagner autant que le précédent, soit environ 2000$ dans les bons mois. Tout dépend, en effet, du nombre de missions qu'il se voit attribuer.
Mais ce que le système ne prévoit pas, c'est la distance à parcourir pour rejoindre le lieu de travail désigné, ni la fréquence des missions garanties.
Tout est à prendre au conditionnel, c'est l'inconnue matin après matin. Transportant sa valise qui contient ses outils de travail, il doit se dépêcher et il lui arrive parfois de rentrer le soir sans avoir pu manger. Anthony perçoit une petite aide du programme d'aide sociale de Washington DC, qui paie ses déplacements de transit.
Par contre, il est difficile aux intervenants de pour prouver leur statut d'employé, car Homejoy ne délivre pas les documents nécessaires.
Et le client, que veut-il ?
Ce service donne la part belle aux clients, qui n'ont nullement à s'embarrasser d'un intermédiaire pour recevoir des services privés.
La motivation d'être bien noté en ligne garantit à priori un bon service de la part des nettoyeurs. Mais le tribut est lourd pour les employés, qui se retrouvent au final en compétition directe, avec ce système de notes.
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