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La mare (Ha Jin)

Publié le 30 septembre 2014 par Despasperdus

« Shao Bin en avait marre du Fort de la Halte, commune où il vivait depuis six ans. Meilan, sa femme, se plaignait d'avoir à marcher trois kilomètres à pied pour faire la lessive le week-end (...) Depuis peu, Meilan s'était mise à prier Boudda le soir, pour l'implorer d'aider la famille à trouver un appartement dans la résidence au plus tôt. »

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La mare se déroule essentiellement dans une petite ville chinoise, après la mort de Mao et avant les "événements" de Tiananmen. Shao Bin. le principal personnage, est un artiste reconnu qui travaille comme ajusteur à la maintenance dans une usine d'Etat. Il vit avec sa femme et sa fille dans un studio de moins de 20 m2. La question du logement est particulièrement sensible pour sa famille.

« En leur for intérieur, ils avaient peur. Ce chien fou était imprévisible. Il avait trop d'audace, trop d'imagination, il ferait tout ce qui lui passerait par la tête. (...) Que faire contre un homme qui n'a peur de rien ? Même le diable y perd ses moyens d'intimidation. »

En cette fin d'année, il espère que son usine lui attribuera un nouveau logement en raison de son ancienneté, de ses mérites et de sa situation familiale. Sitôt la déception passée de ne pas figurer sur la liste des heureux élus, il s'attaque aux dirigeants de l'usine qu'il estime corrompus.

« Tu as quelque chose à nous vendre, mais nous, on n'est pas obligés de l'acheter, ne l'oublie pas; pour ne rien te cacher, nous avons décidé de faire appel à quelqu'un de l'extérieur et de laisser ton talent te pourrir le système. Arrête de rêver que le ciel va te mettre des cailles toutes rôties dans la bouche. »

Ses attaques à coups de caricatures dans la presse montent en puissance et le mettent en danger, car les rumeurs, les humiliations, les vexations, les abus de pouvoir qu'il endure vont crescendo. C'est le pot de terre contre le pot de fer; la lutte d'un ouvrier, honnête et sincère, contre l'injustice sociale et de petits chefs, carriéristes et sans principe, dans un pays officiellement communiste...

« En tant que chef de la commune, vous n'avez fait aucun effort pour remédier au tort causé par Liu et Ma, bien au contraire, vous étiez de mèche avec eux. Qu'avez-vous fait de vos principes communistes ? Comment avez-vous pu oublier et maltraiter ce peuple même de qui vous tenez votre pouvoir ? »

Ha Jin - déjà chroniqué ici - possède un vrai don de conteur en tenant en haleine le lecteur tout au long du récit, tant ses descriptions sont à la fois réalistes et poétiques, ses personnages attachants et complexes, voire retors et cocasses, ses dialogues et ses descriptions empreints d'ironie. Un livre avec le sourire aux lèvres...

A lire. Absolument !


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