Les séries centrées sur l'univers de la prison seraient-elles à la mode ? Pas étonnant, au vu des possibilités de réflexion qu'ouvre la mise en situation de personnages dans un univers étranger et fondamentalement hostile. Le thème principal, c'est alors celui de la découverte, parfois violente, du véritable soi, dans cette jungle carcérale où les apparences sociales n'ont plus lieu d'être.
Unité 9 s'inscrit, dans une certaine mesure, dans cette idée. En effet, l'intrigue est centrée sur le personnage de Marie LaMontagne, mère de deux enfants et incarcérée pour tentative de meurtre sur son père au pénitencier pour femmes de Lietteville. La protagoniste n'arrive à la prison qu'à la fin d'un premier épisode qui se situe en fait sur trois plans distincts. Celui, d'abord, de la famille de l'accusée, du point de vue de sa fille surtout, observatrice impuissante de la déchéance de sa mère. Celui ensuite de Marie elle-même; assise dans une cellule étroite, debout dans le box des accusés à l'écoute de sa sentence (7 ans de prison), elle apparaît d'ores et déjà coupée du monde. Celui, enfin, des détenues elles-même, futures compagnes de Marie dans la fameuse « Unité 9 ».
Paradoxalement, la phobie de l'enfermement qu'exprime Marie contraste avec l'apparente liberté des détenues de l'Unité 9, qu'on voit déambuler, presque librement, dans la prison. L'unité 9, c'est au premier abord une colocation entre copines, avec cuisine et salle de bain communes. En fait, cette prison sans barreaux que découvre, étonnée, Marie au début du second épisode, ne donne que très furtivement l'impression de liberté, comme le lui rappelle la timide Suzanne Beauchemin, évoquant l'absence de barreaux aux fenêtres : « dès fois j'trouve que ça manque parce-que on finit par oublier qu'on est en prison... mais il y a toujours quelqu'un pour nous rappeler qu'on est toujours ici » dit-elle d'une voix lasse. La scène de fouille à nu qui précède ancre déjà la série dans une réalité carcérale violente, où l'individu perd la possession même de son corps.
Mais, et sur ce point Unité 9 est comparable à Orange is the New Black, la prison est aussi un espace de solidarité et d'amitié féminines, visibles quand par exemple les détenues vont jusqu'à subtiliser les bougies de la chapelle pour fêter l'anniversaire de la doyenne et chef en quelque sorte autoproclamée de l'Unité 9, Elise, vol innocent mais qui sera pourtant sévèrement puni.
► Je vous conseille donc cette série qui nous pénètre par son réalisme et sa justesse. L'héroïne, quarantenaire, mère de famille, est bien loin de la Piper Chapman d'OITNB. Sa claustrophobie, son hébétement perpétuel face à ce qui lui arrive, laisse présager une suite difficile dans cette unité 9, qui, on le devine, va être le centre de nombreuses péripéties. La deuxième saison est en ce moment diffusée au Québec, sur Radio Canada. Cliquez ici pour voir le trailer !