Rectify, ou comment réapprendre à vivre après 19 ans passés dans le couloir de la mort. Un portrait humain touchant et vrai.
Rectify n'est pas, comme l'est Orange is the New Black, une série sur le milieu carcéral. Malgré tout, les flash-backs, nombreux, apportent un éclairage essentiel, nous permettant de voir le contraste vécu par le héros, projeté en un instant de son étroite cellule de condamné à mort, à l'infinie prison que devient pour lui le monde extérieur.
En effet, l'intrigue se déroule à la sortie de prison de Daniel Holden, incarcéré à l'âge de 18 ans pour le viol et le meurtre de sa petite-amie de l'époque, Hanna. Suite à des tests ADN négatifs, à la surprise générale, il est libéré, près de 20 ans plus tard. Le décor est planté dès le premier épisode, qui correspond au jour de sa remise en liberté.
D'abord, on nous montre sa famille, déjà divisée, avec qui il va entretenir des rapports complexes. Il y a sa petite soeur, Amantha, convaincue depuis toujours de son innocence, dont il est très proche et avec qui il parvient tout de suite à retrouver une certaine complicité. Sa mère, aimante mais mal à l'aise face à un fils qui a vieilli et qu'elle peine à reconnaître, s'est remarié avec Ted. Le fils de celui-ci craint déjà que le retour de Daniel ne menace la place qu'il a su prendre au sein de l'entreprise automobile familiale. Bien plus, le retour de Daniel dans son village natal de Georgie provoque l'hostilité affirmée des habitants, pour la plupart toujours persuadés de sa culpabilité. Les autorités locales semblent décidées à le voir traverser, pour de bon cette fois, le couloir de la mort...
Le personnage de Daniel est magistralement interprété par l'acteur canadien Aden Young. Enfermé dans un mutisme protecteur, il dort beaucoup, prend des bains, regarde le soleil se lever à l'aube. Les choses et les gens autour de lui vont vite, parlent beaucoup, et lui se retrouve au milieu, un peu paumé. Les gros plans, répétés, sur un visage gracieux mais sans expression, montrent l'absurdité d'une vie libre, pour lui qui n'a connu que la routine carcérale.
► Selon moi, la question de la culpabilité du personnage n'est pas centrale à l'histoire. Cet épisode pilote incite le spectateur à s'interroger sur l'évolution de Daniel dans ce monde qu'il ne connaît plus, dans cette communauté de la campagne américaine où l'enfermement est métaphorique. Le titre même prend donc tout son sens : "rectify", ça signifie "corriger" : pour Daniel, il s'agit de reconstruire sa vie, pour ses ennemis, de revoir leurs certitudes... Première série produite par la chaîne américaine Sundance Channel, la saison 1 ne se compose que de six épisodes... qui sera suivie d'une saison 2 de dix épisodes, confirmée par la chaîne en mai dernier ! Watch the trailer here