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387ème semaine politique: Hollande va-t-il faire sauter la banque ?

Publié le 04 octobre 2014 par Juan
387ème semaine politique: Hollande va-t-il faire sauter la banque ?

Le projet de budget 2015 est dévoilé tandis que l'UMP se déchire grâce au retour raté de Sarkozy. L'équipe social-libérale aux commandes du pays joue un numéro d'équilibriste. A gauche, elle nie toujours toute austérité. Elle a raison, on peut faire pire. A droite, elle vend au contraire des "efforts sans précédent et sans tabous".


Hollande braque les comptes
La perte d'une majorité inexistante au Sénat a été largement commentée. Dimanche dernier, dans la plus grande indifférence populaire, le Sénat est repassé à droite, à cause d'une vingtaine d'élus. Nul raz-de-marée, cette haute assemblée n'en connaît jamais. Mais cette fois, le FN remporte deux sièges.
A l'Assemblée, mercredi, le PS dégage 26 députés de son parti des commissions parlementaires. Des frondeurs qui gênent.
Dans les colonnes d'un journal bourguignon, le ministre du travail François Rebsamen se félicite de la mue politique du PS: "Le Parti socialiste est en pleine mue idéologique. Moi je l’ai effectuée depuis longtemps."
Sans rire.
"Le gouvernement s'attaque aux familles".  Le slogan est facile. Le détail des 21 milliards d'euros d'économies (sur les 50 promis d'ici 2 ans) se dévoile peu à peu. Il y a 700 millions d'euros d'effort pour réduire le déficit de la branche famille. La gauche libérale applaudit - il n'y a pas de "tabous", n'est-ce-pas ?
La droite couine. Sur Europe 1, Henri Guaino, le gaulliste qui a pourtant confondu Sarkozy avec de Gaulle - hurle sa rage dès jeudi soir. Il faut reconnaître que le gouvernement a un sens politique réduit à néant. Annoncer pareille mesure 5 jours avant un rassemblement organisés par les furibards de la Manif pour tous quatre jours plus tard, on ne pouvait rêver mieux ... Valls donne des gages, trop vite, trop tôt, et surtout sans débat: "la GPA est et sera interdite en France". 
Le même disait le contraire il y a deux ans.
Mais jeudi, c'est surtout la tétanie générale. La seule "bonne" nouvelle est la maitrise des dépenses publiques, un exploit que Sarkozy n'était pas parvenu à accomplir. Pour le reste, le fiasco est général quand on examine enfin les quelques éléments détaillés du budget public pour 2015. "Douleur", "efforts", "rigueur", la gauche contrite se répand sur les ondes. Les éléments de langage sont calés, à la limite du sadisme politique. François Hollande commente, en ce premier jour d'octobre:
"Il n'y a pas de plan d'économie qui soit indolore sinon ça aurait déjà été fait (...) Les économies forcément sont douloureuses, il n'y a aucun secteur qui peut accepter de voir un certain nombre de ses habitudes, parfois de ses financements, être remis en cause"
Michel Sapin, son ministre des finances, renchérit: "les économies, cela fait mal et c’est même à cela qu’on les reconnaît."
Les grands paramètres du budget 2015 sont détestables: le déficit budgétaire est encore à 4,3% du PIB, même s'il a été fortement réduit depuis les affres de la gestion précédente. Hollande espère encore le réduire à 3,8% en 2016 puis 2,8% en 2017.
Le gouvernement jongle entre les incohérences. Il coupe 10 milliards sur la Sécurité sociale mais il "rend" une poignée de milliards d'impôts en réduisant l'impôt sur le revenu pour 9 millions de foyers (dont 3 millions qui sortent carrément du barème), avec la suppression de la première tranche. Il promeut l'emploi en priorité, mais il réduit de 3% les crédits de la politique de l'emploi, et refuse notamment toute hausse des contrats aidés réclamée par le groupe socialiste à l'Assemblée. Valls laisse Ségolène Royal défendre son texte sur la transition énergétique, Hollande dîne à l'improviste avec des parlementaires écologistes; mais le budget 2015 prévoit une baisse de 6%, soit 400 millions, des crédits consacrés à l'environnement. Sur trois ans, la baisse cumulée est de 1,65 milliard d'euros.
Au total, il sabre 8 milliards sur l'Etat et les opérateurs, et encore 4 milliards sur les collectivités locales. Mais c'est insuffisant pour réduire le déficit, qui stagnera à 94 milliards d'euros l'an prochain sur fond de croissance molle ou inexistante.

Assez logiquement, la dette publique glisse sans difficulté au-dessus du seuil fatidique des 2.000 milliards d'euros.  Le gouvernement prévoit quand même 4 milliards d'euros de cessions d'actifs pour limiter la hausse. Les intérêts de la dette coûteront 44 milliards d'euros l'an prochain, si les taux ne montent pas. C'est le second poste de dépense de l'Etat, derrière l'Education.
Pour la presse libérale, les "efforts" sont encore insuffisants. "Et si Bruxelles retoquait le budget 2015 de la France ?" s'inquiètent les Echos.
Un Français sur cinq n'arrive pas à régler ses factures d'énergie.
Et combien d'éditocrates parmi eux ?
Les fausses facturations de la campagne Sarkozy
"Je ne vous ai pas menti" s'exclame Nicolas Sarkozy devant des supporteurs. Il tient un meeting, un de plus, à Saint-Julien-les-Villas près de Troyes, jeudi 2 octobre. Sur l'estrade, Sarkozy joue un numéro. Involontairement, il prend l'intonation d'un Raymond Devos, le talent en moins.
Qui paye ? Toujours l'association des amis, cette petite machine à cash créée à l'été 2012. Sarkozy enchaîne les meetings, les factures s'accumulent. On espère que l'Association a les poches profondes.
Sarkozy croyait être attendu comme le Sauveur-rassembleur. En quelques jours, il s'est aliéné une plus large fraction de la droite.
Il est directement attaqué sur l'affaire Bygmalion. Il y a d'abord l'un des dirigeants de Bygmalion, mis en examen cette semaine avec deux autres, pour fausse facturation. Il y a aussi François Fillon, son ancien premier collaborateur et désormais rival pour 2017, qui lâche publiquement avoir "souvent entendu parler de Bygmalion". Sarkozy s'entête à nier qu'il était au courant. "J’ai appris le nom de Bygmalion longtemps après la présidentielle" avait-il dit le 21 septembre.
Plus c'est gros...
 En meeting, Sarkozy peine. Jeudi soir, il réfute toute idéologie mais fustige les "socialisssses".  Il déteste "la lutte des classes et des castes" mais veut "désideologiser" l'impôt sur la Fortune. Le vide de mots l'emporte sur le choc des photos. Sarkozy n'a pas changé.

Alain Juppé aussi est en campagne. Il rend coup pour coup. Et cela lui profite. Un sondage le crédite d'une cote largement supérieure à celle de l'ancien monarque. Jacques Chirac est sorti d'outre-tombe pour confier son soutien. Jeudi soir, sa prestation télévisée en prime time sur France 2 éclipse le meeting ombrageux de l'ancien monarque.
Au Sénat, son candidat est sévèrement défait par le protégé de Fillon, Gérard Larcher, pour prendre la présidence.
Le retour de Sarko n'est pas si facile. On dirait qu'il n'a pas bossé ses dossiers, ni compris le pays, ni appris de ses erreurs personnelles.
Critiqué pour son absence d'idées lors de ses premières 45 minutes de télévision voici deux semaines, Sarkozy décoche, à la va-vite, son programme dans les colonnes du Figaro-Magazine. Ses conseillers en communication ont-ils enfin compris qu'il fallait des idées et pas seulement des postures ? Sur le fond, rien de nouveau. Sarkozy ressasse de vieilles propositions - tantôt de sa campagne de 2007, tantôt de celle de 2012, mais jamais une seule idée qu'il aurait réussi à mettre en oeuvre en une décennie de pouvoir au sommet.
Samedi, Hollande est "fier de l'automobile française".
C'est le Salon de l'auto. Les immatriculations repartent à la hausse, pour le plus grand bénéfice des constructeurs français.
C'est déjà ça.
Crédit illustration: DoZone Parody

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