C’est sympa le boulot de blogueur. On vous invite à mille et une tentations mais, parfois, agenda oblige, vous êtes obligé de refuser. Là, pour le coup, le week-end avait l’air super sympa et Leslie le confirme…
Mon cher Emma,
Comme ton emploi du temps ressemble à celui d’un ministre suédois et que tu n’as pas encore le don d’ubiquité, je me suis « sacrifiée » pour aller au Luxembourg goûter les bulles de Bernard-Massard à ta place.
La mauvaise nouvelle, c’est que tu as loupé une foultitude d’infos intéressantes sur le fameux liquide contenu dans ces bouteilles bien connues des tables belges. Beaucoup de « ah ah » et pas mal de « hips » aussi !
La bonne, c’est que je t’ai concocté une petite séance de rattrapage en images.
À la tienne !Leslie Doumerc
Vous l’aurez compris, j’ai cherché parmi mes collaborateurs une personne qui pourrait me remplacer dignement et j’ai choisi Leslie. Ai-je bien fait ? A la lecture du début de sa lettre, j’hésite mais regardons la suite, je sens qu’elle nous réserve pas mal de surprises !
Direction la Moselle luxembourgeoise, vallée paradisiaque où les caves Bernard-Massard vinifient l’équivalent de 65 hectares de vignes dont 32 hectares en propriété répartis autour de Grevenmacher et de Schengen, fameux petit village de 425 âmes qui a donné son nom à l’espace Schengen qui englobe plus de 400 millions d’habitants (petit détail qui se place bien pour briller en société !).
Nous arrivons le 19 septembre et les vendangeurs sont déjà en pleine récolte avec 3 semaines d’avance sur l’agenda 2014. Antoine Clasen, le pétillant directeur de Bernard-Massard, nous révèle la formule idéale : pas trop chaud + pas de pluie + du soleil. Vu l’été pourri qu’on a eu, on a un peu peur pour le millésime 2014… Antoine nous rassure : « Le temps sec de septembre a bien rattrapé les pluies d’août car c’est à ce moment que se fait la maturité du raisin. » Ouf !
Du coup, plus le temps de parler de la pluie et du beau temps, il y a du pain sur la planche, et tous les journalistes vont jouer du sécateur pour récolter les grappes. Il faut le mériter son mousseux !
Pendant que nous transpirons à grosses gouttes dans nos rangées depuis presque 3 heures, nous voyons les vignerons voisins achever le même travail en à peine 10 minutes à l’aide d’une machine spéciale qui aspire les grains de raisins. Il y a aujourd’hui 900 vignerons au Luxembourg dont la plupart sont regroupés en coopérative travaillant avec ce genre de machine pour produire des vins moins prestigieux et meilleur marché. Pas vraiment la philosophie de Bernard-Massard qui met un point d’honneur à récolter toute sa production par tri sélectif, à la main, et ce depuis 1921.
Après avoir été cueilli, le raisin est éraflé, c’est-à-dire débarrassé de sa rafle, et mis dans des cuves à température constante. Première dégustation du jus du raisin. Succulent ! Ça augure bien pour la suite !
Particularité de la région : les caves de Bernard-Massard ne sont pas souterraines et sont bien imperméabilisées au cas où la Moselle, cette grande paresseuse, sortirait de son lit. Avoue que ce serait dommage qu’une crue gâche un grand cru !
La méthode de vinification est appelée « traditionnelle » depuis que l’expression « méthode champenoise » a été exclusivement réservée à la région AOC Champagne. Mais le principe de double fermentation reste le même, alors, halte au snobisme, ne confondons pas méthode et origine, et peu importe le nom pourvu qu’on ait l’ivresse !
Dans la série « l’industrialisation, ça a du bon », les nouvelles techniques ont permis dans les années 1980 d’automatiser ce qu’Antoine Clasen a élu « le pire job du monde », à savoir passer ses journées à tourner d’un quart de tour des milliers de bouteilles pour concentrer la levure dans le goulot. Ceci dans un environnement sombre, froid et humide. Adieu tendinites et vive le progrès !
Attention, embouteillage sur le tapis E25 en direction du Luxembourg ! C’est ici que sont étiquetées 3,5 millions de bouteilles de vins effervescents et 500 000 bouteilles de vins tranquilles par année. Si une partie de la production est consommée sur place, le reste est expédié en Belgique (1 million de bouteilles), en Finlande et au Canada.
Comme on le voit, Leslie a travaillé dur pour pouvoir tester les crus. Elle est revenue avec deux coups de cœur…
Rayon bulles : Cuvée de l’Ecusson Brut
L’équation est simple : un assemblage de Pinots blancs, Riesling, Pinot Noir et Chardonnay qui offre un nez d’amandes grillées et d’agrumes + des bulles fines grâce à une maturation de plus de 24 mois = un rapport qualité/prix étonnant qui donne envie de trouver n’importe quel prétexte pour faire « popper » le bouchon !
Rayon vins tranquilles : Pinot Gris, Château de Schengen 2013
Vif, très parfumé et équilibré, ce vin blanc mettra tout le monde d’accord (-insérer ici le mot d’esprit sur les accords du Schengen-). Le partenaire idéal pour une soirée sushis ou une ventrée de moules-frites. Le détail « people » : le château sur l’étiquette est une reproduction d’un dessin de Victor Hugo.