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Mercredi 7 octobre, L’affluence des partants est telle qu’on doit former des trains avec des wagons à charbon dans lesquels nous prenons place debout

Par Cantabile @reimsavant

A 8 heures du matin nous nous rendons à la gare du C.B.R. pour prendre le train pour Dormans. Plusieurs trains passent complets devant nous sans s’arrêter. Nous sommes obligés d’embarquer rue Jacquart.

L’affluence des partants est telle qu’on doit former des trains avec des wagons à charbon dans lesquels nous prenons place debout.

A peine à quelques kilomètres de Reims, nous apercevons un incendie à droite de la cathédrale. A Romigny (Marne) où le ravitaillement est campé un aéroplane allemand a jeté des bombes.

Tout au long des chemins on rencontre des tranchées qui on servi à la bataille de la Marne.

A midi ¼ nous arrivons à Dormans exténués. Là une foule énorme attend le départ du train pour Paris. A 2 heures ½ du soir nous montons dans le train où faute de place nous devons nous installer dans le fourgon jusqu’à Château Thierry où nous pouvons enfin trouver une place assise.

Nous arrivons à Paris à 8 heures du soir après un voyage mouvementé de 12 heures.

Nous sommes maintenant en sécurité après avoir supporté pendant 24 jours un bombardement continuel. Mais qui maintenant nous donnera des nouvelles de notre pauvre Reims et de ceux que nous y avons laissés ?

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Les jours suivants nous apprenons par des évacués de Reims que le bombardement continue. Pour la première fois les journaux de Paris, sans donner de détails rétrospectifs, disent que le bombardement de Reims continue.

Fin du journal de Gaston Dorigny
Chemins de fer de la Banlieue de Reims - Wikipédia

Chemins de fer de la Banlieue de Reims - Wikipédia

Les chemins de fer de la Banlieue de Reims (ou C.B.R.) étaient un réseau secondaire de chemins de fer à voie métrique du département de la Marne, qui, à son apogée, s'étendait sur 400 km en...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chemins_de_fer_de_la_Banlieue_de_Reims

Et c’est ainsi que prit fin la vie rémoise de ma mère, alors âgée de 5 ans, et de ses parents. Dès lors les familles Noll, Dorigny, Thierry & Truxler, qui s’entendaient pourtant si bien selon ce que j’ai appris par la suite, se trouvèrent disloquées.

A Paris, mon grand-père pu faire une belle carrière dans la banque.

Seul le frère de ma grand-mère le célèbre sculpteur Alexandre Noll s’installa en Ile de France, mais les liaisons entre banlieues à l’époque n’étaient aisées.

Enfin les nouveaux désastres de la guerre mondiale qui éclata en 1939 achevèrent d’éloigner les alsaciens de leurs familles françaises.

Mon grand-père décédait en 1944, j’avais alors 8 ans.

J’aimais mon grand-père Gaston, peut-être était il mon seul refuge lorsque j’étais en détresse. Cela m’arrivait souvent (comme je serai amené à en parler plus tard), notamment lors d’une violente altercation entre mon propre père et son beau-père dont j’ai été malheureusement le témoin, enfant de 8 ans, terrorisé.

Je me souviens d’un homme méticuleux et posé. Il m’apprenait à tailler les crayons avec soin. Par ailleurs, vraisemblablement marqué par la mise en évidence à cette époque des travaux de Louis Pasteur (1822-1895) consacrés aux maladies infectieuses il insistait pour que je me lave les mains comme lui : Long savonnage remontant jusqu’à mi-coude. Pourquoi aucun souvenir de tels conseils, d’éducation tout simplement, de nature semblable venant de mes propres parents n’ont jamais existés dans ma mémoire ?

Il semblait aimer que je l’accompagne lorsqu’il allait, seul, au cinéma du centre ville de Clamart. Ma grande joie était le passage au café où il commandait « Une absinthe et une grenadine pour le petit »

Personne n’a jamais su ma tristesse lorsqu’il est mort.

Claude Balais, petit-fils de Gaston Dorigny

Me conformant aux avis publiés par affiches et dans les journaux, je fais aujourd'hui au Bureau militaire de la mairie, la déclaration de ma situation au point de vue du recrutement.

Le bombardement continue.

Paul Hess dans La Vie à Reims pendant la guerre de 1914-1918

Nuit du 6 au 7 assez tranquille, mais avec des bombes de temps en temps. Matinée : bombes, canon. Après-midi : bombes. Nuit du 7 au 8 assez tranquille.

Cardinal Luçon dans son Journal de la Guerre 1914-1918

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