Démographie pour les nuls

Après l’épouvantable saignée de la première guerre mondiale, le gouvernement français avait institué une politique familiale nataliste. À cette époque, il convenait de reconstituer un réservoir de soldats, que l’on aurait pu plus exactement qualifier de chair à canon. Ce souci-là a disparu, les guerres récentes ayant démontré que ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut en cas de conflit. Les différentes mesures prises depuis en matière de soutien aux familles ont montré leur efficacité puisque la France, avec un taux de fécondité par femme de deux, est avec l’Irlande le seul pays d’Europe pouvant pratiquement assurer naturellement  le renouvellement des générations. Nos voisins allemands ont eux un taux de 1,38, ce qui les conduit à faire largement appel à des populations immigrées.

Les mesures envisagées vont diminuer les ressources des familles. Certaines d’entre elles, qui se proposaient de procréer une nouvelle fois, sont susceptibles de renoncer à ce projet. Ceci entraînera, immédiatement, une baisse de la consommation et,  quelques années plus tard, une diminution de la population active entraînant un recul des cotisations sociales et de nos capacités de production. Des mères, n’ayant plus assez de ressources pour financer la garde de leurs enfants, se résigneront à rester au foyer. Des nourrices se trouveront alors privées d’emploi, avec un impact négatif sur le niveau du chômage.  Alors que le Medef propose de supprimer deux jours fériés pour augmenter notre force de travail, comment ferons-nous face à cette diminution du travail féminin ?

Il n’est pas impossible que nos gouvernants fassent le raisonnement simpliste suivant : le chômage des jeunes ne cessant de s’étendre, à quoi bon en faire naître ? Si moins de jeunes se présentent sur le marché du travail, le chômage baissera mécaniquement. Que ces esprits légers méditent les faits suivants. Accédant à la modernité, plusieurs pays s’apprêtent à devenir les puissances de demain, tels la Chine, l’Inde, le Brésil. Quel est leur point commun ? Une population nombreuse. S’engager sur la voie du déclin démographique, c’est se condamner à terme à disparaître en tant que nation.

Il est regrettable de voir un gouvernement improviser, pour économiser quelques centaines de millions, des mesures dont les effets pervers risquent de se faire sentir pendant des dizaines d’années.