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L’ecclésiologie congrégationaliste est celle qui est biblique

Par Monarchomaque
Synode national de l'Église réformée de France en 1872. Les assemblées locales doivent pouvoir parler d'une voix commune sans se faire usurper leur autorité propre.

Le Synode national de l’Église réformée de France en 1872 adopta une bonne Déclaration de foi. Les assemblées locales doivent pouvoir parler d’une voix commune sans se faire usurper leur autorité propre.

Une discussion avec un internaute suite à un de mes billets de juillet dernier m’a amenée à articuler quelle est l’ecclésiologie (c-à-d les règles qui régissent l’organisation et le gouvernement de l’Église) correcte au regard de la Bible. Cette ecclésiologie est dite congrégationaliste à cause de l’emphase qu’elle met sur les églises locales (congrégations). À la lecture du Nouveau Testament, nous devons affirmer que : {1} l’ensemble des membres dans chaque église locale détient corporativement les pouvoirs dans cette église ; {2} chaque église locale est autonome et n’est pas subordonnée à une  autre église locale ou une quelconque ou structure ecclésiale ; {3} les églises locales peuvent participer à des conciles pour prendre des positions communes et faire des déclarations conjointes mais ce faisant elles ne peuvent déléguer aucune autorité aux conciles.

{1} Les pouvoirs dans l’église locale

Dans une ecclésiologie congrégationaliste, les pouvoirs suivants sont conférés par la Parole de Dieu à l’ensemble des membres de chaque église locale :

  • Sélection des anciens et des diacres (Actes 6:3-6 et Actes 14:23 — en grec, la clause « ils [Paul et Barnabas] firent nommer des anciens dans chaque église » signifie que c’est les membres des églises locales qui ont choisis et que les apôtres n’ont pas imposés leurs choix et c’est en ce sens que Tite 1:5 doit aussi se lire — ce n’est que l’ordination qui est une prérogative réservée aux anciens, cf. 1 Timothée 4:14).
  • Discipline ecclésiale finale c-à-d excommunication (Matthieu 18:17-18, 2 Corinthiens 2:5-7, 1 Corinthiens 5:4-5/12-13).
  • Décisions économiques importantes (2 Corinthiens 8:1-5, Paul écrit que c’est les « églises de Macédoine » qui « ont répandu avec abondance les richesses de leur libéralité », cela « selon leur pouvoir ». Il est sous-entendu que c’est les différentes églises locales en tant que corps qui ont pris les décisions, pas seulement les anciens de chaque église locale).

Voici donc les pouvoirs conférés à chaque église locale en tant que corps par la Parole de Dieu.

{2} L’autonomie et la non-subordination de l’église locale

Selon l’ecclésiologie congrégationaliste, la Parole de Dieu ne permet pas qu’une quelconque structure ecclésiale ait autorité sur les églises locales ou qu’elle puisse prendre des décisions liantes (ayant force obligatoire) pour ces églises locales.

Les tenants de l’ecclésiologie presbytérienne (dite aussi synodale) et de l’ecclésiologie épiscopale mobilisent usuellement le Concile de Jérusalem dont il est fit état en Actes 15 pour appuyer leur position. En Actes 15, des apôtres et des anciens délégués par l’église locale d’Antioche rencontrèrent des apôtres et des anciens de l’église locale de Jérusalem et s’entendirent sur le caractère non-salvifique de la circoncision. Après cela, ce Concile de Jérusalem, envoya une délégation et une lettre annonçant cette décision aux églises locales d’Antioche, de Syrie et de Cilicie. À Antioche, où cette décision fut acceptée, la délégation se divisa en deux : Marc et Barnabas allèrent annoncer cette décision aux églises de Chypre, et Paul et Silas allèrent annoncer cette décision aux églises de Syrie et de Cilicie, puis ailleurs en Anatolie avant de passer en Macédoine. Actes 16:4 énonce que « comme ils [Paul et Silas] allaient de ville en ville, ils recommandaient aux fidèles de garder les ordonnances qui avaient été établies par les apôtres et par les anciens de Jérusalem. » C’est sur ce verset que les presbytériens et les épiscopaliens s’appuient pour affirmer que les décisions d’une entité ecclésiale supérieure aux églises locales est liante pour les églises locales.

Le problème avec cela, c’est qu’au Concile de Jérusalem d’Actes 15, il y avait des apôtres, et que l’intervention de deux de ces apôtres (Pierre et Jacques le Juste) a été décisive sur le résultat du concile. Or l’office d’apôtre est limité au Ier siècle. Nulle part est-il dit dans le Nouveau Testament que l’office d’apôtre doit continuer après la phase initiale du Ier siècle. Les églises sont seulement enjointes d’établir des presbytes/évêques (anciens/pasteurs) et des diacres. Des critères de sélection sont fournis pour les offices d’ancien et de diacre (1 Timothée 3:2-13, Tite 1:6-9), mais pas pour l’office d’apôtre, parce qu’après le Ier siècle il n’y a plus d’apôtre. Le Nouveau Testament distingue entre le pouvoir que Dieu donne aux apôtres et le pouvoir que Dieu donne à tous les chrétiens.

L’enseignement des apôtres a une autorité particulière. Actes 2:42 dit que les chrétiens de Jérusalem « persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. » En 2 Thessaloniciens 3:14, l’apôtre Paul écrit : « Si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons par cette lettre, notez-le, et n’ayez point de communication avec lui, afin qu’il éprouve de la honte. » Cependant, l’office d’apôtre est distinct de l’office de « gouverneur » (c-à-d de presbyte/évêque/ancien/pasteur) des églises locales : « Dieu a établi dans l’Église premièrement des apôtres, secondement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite ceux qui ont le don [...] de gouverner » (1 Corinthiens 12:28).

Donc l’autorité que les apôtres pouvaient exercer sur les églises locales au Ier siècle n’existe plus aujourd’hui. Le pouvoir décisionnel ultime, avant d’en appeler à Dieu, réside dans l’assemblée des membres chaque l’église locale, qui a uniquement autorité sur elle-même.

{3} La participation aux conciles et ses limites

Plusieurs églises locales d’une région donnée peuvent convenir ensemble de convoquer un concile, un synode ou une assemblée générale (j’emploie ici ces trois termes comme des synonymes) pour adopter une position commune et faire une déclaration conjointe. La décision prise par un tel concile régional dûment convoqué n’est liante pour une église locale de cette région que dans la mesure où la décision prise par ce concile régional est conforme aux instructions préalables que l’église locale a donnée à ses délégués, et que dans la mesure où ceux qu’elle a délégués au concile régional ont agis conformément aux instructions préalable qu’ils ont reçus d’elle.

Ensuite, si les délégués présents au concile régional en ont reçu le mandat de leurs églises locales respectives, les délégués formant ce concile régional peuvent convenir avec les délégués d’autres conciles régionaux réunis selon les mêmes règles et ayant reçus des instructions similaires de convoquer un synode national où les différents conciles régionaux peuvent à leur tout envoyer des délégués, et ainsi de suite pour les conciles nationaux et mondiaux.

Je ne vois rien dans le Nouveau Testament qui prohibe une telle mécanique de délégation. Au contraire, elle est très souhaitable. Ce qui est primordial, c’est que dans ce processus, les églises locales conservent l’entièreté de leur autorité : aucune délégation de pouvoir ne doit être faite aux conciles, aux synodes ou aux assemblées générales. Seule la délégation de représentation est légitime, car c’est aux églises locales que Dieu confère l’autorité, et pas à une quelconque autre entité ou structure. Une délégation d’autorité serait une délégation illégale en vertu du Nouveau Testament. Quand un concile parle, il ne doit pas parler en sa propre autorité, il doit parler au nom des églises locales.

Les principes avancés ci-haut ne veulent pas dire que les conciles de l’Antiquité étaient des « mauvais conciles » simplement parce qu’ils étaient convoqués par les empereurs. La convocation impériale de ces conciles répondait à une certaine volonté des églises qu’il y ait de tels conciles pour affirmer quelles sont les enseignements de la Bible en christologie. Les décisions principales de ces conciles sont bonnes. Simplement, les empereurs et les évêques ont manqués à certaines règles de forme.

Je me suis aidé de cet article pour construire cet exposé :
Why New Testament Polity Is Prescriptive [9Marks]


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