Le gouvernement est en faillite et recherche par tous les
moyens à augmenter ses revenus. C’est à croire que la réduction des dépenses
dans les programmes inutiles et en réduisant la taille de l’État est une
impossibilité pour tout politicien qui se respecte. Le ministère de l’Éducation
ne fait pas exception.
Le ministre Bolduc croit avoir trouvé un nouveau truc pour
fouiller encore plus profondément dans les poches des contribuables :
réduire les contributions du gouvernement aux écoles privées. Il espère ainsi
récupérer quelques dizaines de millions dans les poches des parents qui se
serrent déjà la ceinture pour offrir à leurs enfants une scolarité de qualité.
Cela sera certainement
très populaire auprès des syndicats et des étatistes qui carburent au tout à l’État.
Mais cette fois le ministre se tire dans le pied. Une étude de la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke,
réalisée en 2013 pour la Fédération des établissements d'enseignement privé, conclut
que des augmentations entre 1000$ et 2000$ des droits de scolarité résulteraient
en un transfert entre 43% et 75% des enfants du privé vers le public.
Selon l’analyse
d’Alain Dubuc, si 40% des élèves
quittent le privé, le gouvernement ferait une économie de 44,1 millions. Par
contre, si 75% des élèves quittent l’école privée, alors le gouvernement
perdrait 35,4 millions. Cela découle du fait qu’un élève au privé coûte 40% de
moins au gouvernement qu’un élève au public, la différence étant payée par les
parents. Alors, au mieux le gouvernement fera un gain minime et au pire une
perte négligeable. Mais malheureusement, cela risque de détruire ce qui reste
de bon dans le système d’éducation, les écoles privées.
Alors, n’en déplaise aux syndicats et autres faiseurs d’opinions
gauchistes pour qui hors de l’État point de salut, l’école privée n’enlève rien
à l’école publique. C’est un mythe entretenu par les profiteurs du système qui
craignent de se faire démasquer.
La performance internationale remarquable de notre système
scolaire tient en bonne partie au réseau privé. Par exemple, aux résultats du
test du PISA en mathématiques, en 2012, ce sont les élèves du privé, avec une
note de 584 - contre 522 pour le public - qui ont fait grimper les résultats du
Québec à 537 et permis d'obtenir un des meilleurs résultats de l’Occident.
La présence du réseau privé crée en outre un climat de
concurrence qui rend le public plus performant. Les écoles publiques qui
réussissent imitent les écoles privées : directeurs responsables,
discipline, enseignants motivés, parents qui ont à cœur la réussite de leurs
enfants. Bien entendu, ce n’est pas de tout repos. Le directeur et les profs
doivent se battre contre les conventions collectives et les décisions stupides
des bureaucrates des commissions scolaires et du ministère, mais les plus
tenaces arrivent à battre le système et à réussir des quasi-miracles.
La réduction de la contribution du gouvernement aux écoles privées créera deux
catégories d’élèves, les nantis et les pauvres. Les écoles privées qui
survivront aux coupures du ministre Bolduc seront réservées non plus aux
enfants talentueux, mais à ceux dont les
parents en auront les moyens. La réduction des subventions signifiera que
beaucoup d’élèves motivés et qui travaillent fort n’auront plus accès à l'école
de leur choix parce que leurs parents n'en auront plus les moyens.
Il serait plus avisé de faire le contraire. L’asymétrie du financement publique
des écoles privées et publiques fausse les règles d’une saine concurrence entre
les écoles. Pour corriger la situation, il suffirait d’offrir un seul régime de
financement pour les écoles publiques et privées. En contrepartie, les critères
d’acceptation des élèves seraient les mêmes pour tous. En bonus, cette approche
permettrait au gouvernement de privatiser les écoles publiques pour renflouer
les coffres de l’État.
Je n’invente rien, c’est ce qui se fait, entre autres, en
Suède. Mais le modèle québécois n’a pas de leçon à recevoir de personne. Misère!