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Faire crever les écoles privées ne sauvera pas les écoles publiques

Publié le 10 octobre 2014 par Magazinenagg
Faire crever les écoles privées ne sauvera pas les écoles publiques Le gouvernement est en faillite et recherche par tous les moyens à augmenter ses revenus. C’est à croire que la réduction des dépenses dans les programmes inutiles et en réduisant la taille de l’État est une impossibilité pour tout politicien qui se respecte. Le ministère de l’Éducation ne fait pas exception.
Le ministre Bolduc croit avoir trouvé un nouveau truc pour fouiller encore plus profondément dans les poches des contribuables : réduire les contributions du gouvernement aux écoles privées. Il espère ainsi récupérer quelques dizaines de millions dans les poches des parents qui se serrent déjà la ceinture pour offrir à leurs enfants une scolarité de qualité.
Cela sera certainement très populaire auprès des syndicats et des étatistes qui carburent au tout à l’État. Mais cette fois le ministre se tire dans le pied. Une étude de la faculté d'éducation de l'Université de Sherbrooke, réalisée en 2013 pour la Fédération des établissements d'enseignement privé, conclut que des augmentations entre 1000$ et 2000$ des droits de scolarité résulteraient en un transfert entre 43% et 75% des enfants du privé vers le public. Selon l’analyse d’Alain Dubuc, si 40% des élèves quittent le privé, le gouvernement ferait une économie de 44,1 millions. Par contre, si 75% des élèves quittent l’école privée, alors le gouvernement perdrait 35,4 millions. Cela découle du fait qu’un élève au privé coûte 40% de moins au gouvernement qu’un élève au public, la différence étant payée par les parents. Alors, au mieux le gouvernement fera un gain minime et au pire une perte négligeable. Mais malheureusement, cela risque de détruire ce qui reste de bon dans le système d’éducation, les écoles privées. Alors, n’en déplaise aux syndicats et autres faiseurs d’opinions gauchistes pour qui hors de l’État point de salut, l’école privée n’enlève rien à l’école publique. C’est un mythe entretenu par les profiteurs du système qui craignent de se faire démasquer. La performance internationale remarquable de notre système scolaire tient en bonne partie au réseau privé. Par exemple, aux résultats du test du PISA en mathématiques, en 2012, ce sont les élèves du privé, avec une note de 584 - contre 522 pour le public - qui ont fait grimper les résultats du Québec à 537 et permis d'obtenir un des meilleurs résultats de l’Occident.
La présence du réseau privé crée en outre un climat de concurrence qui rend le public plus performant. Les écoles publiques qui réussissent imitent les écoles privées : directeurs responsables, discipline, enseignants motivés, parents qui ont à cœur la réussite de leurs enfants. Bien entendu, ce n’est pas de tout repos. Le directeur et les profs doivent se battre contre les conventions collectives et les décisions stupides des bureaucrates des commissions scolaires et du ministère, mais les plus tenaces arrivent à battre le système et à réussir des quasi-miracles.
La réduction de la contribution du gouvernement aux écoles privées créera deux catégories d’élèves, les nantis et les pauvres. Les écoles privées qui survivront aux coupures du ministre Bolduc seront réservées non plus aux enfants talentueux,  mais à ceux dont les parents en auront les moyens. La réduction des subventions signifiera que beaucoup d’élèves motivés et qui travaillent fort n’auront plus accès à l'école de leur choix parce que leurs parents n'en auront plus les moyens.
Il serait plus avisé de faire le contraire. L’asymétrie du financement publique des écoles privées et publiques fausse les règles d’une saine concurrence entre les écoles. Pour corriger la situation, il suffirait d’offrir un seul régime de financement pour les écoles publiques et privées. En contrepartie, les critères d’acceptation des élèves seraient les mêmes pour tous. En bonus, cette approche permettrait au gouvernement de privatiser les écoles publiques pour renflouer les coffres de l’État.
Je n’invente rien, c’est ce qui se fait, entre autres, en Suède. Mais le modèle québécois n’a pas de leçon à recevoir de personne. Misère!

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